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Anne Rabinovitch (Traducteur)
EAN : 9782702132814
330 pages
Calmann-Lévy (02/04/2002)
4.09/5   17 notes
Résumé :


Petite fille, Alexandra a appris à tirer au fusil, à cuisiner un impala, à conduire un tracteur, à se garder des morsures de serpents quand elle se lève la nuit. Son père, anglais de naissance, est venu au Kenya pour voir des girafes et échapper à des parents alcooliques, et sa mère y a vécu la vie d'une beauté coloniale au crépuscule de l'empire.

Divertis par les grognements des hippopotames du voisinage, totalement démunis mais d'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Poignant et drôle, grave et vertigineux, le récit d'une enfance blanche en Rhodésie.

Publié en 2002 en anglais et en français, et récemment réédité par les éditions des Deux Terres, ce récit d'une enfance "blanche" en Rhodésie intrigue avant de séduire, redoutablement.

C'est qu'Alexandra Fuller, en contant le périple de sa famille entre ses 5 ans et ses 20 ans à elle, de la ferme en Rhodésie jusqu'à l'exil au Malawi puis en Zambie, a su faire partager, avec des yeux d'enfant et d'adolescent, retrouvés grâce à un indéniable talent de romancière, les paradoxes de cette micro-société fondamentalement raciste, soumise à des conditions climatiques et matérielles réellement difficiles, et exposée à davantage que sa part de drames familiaux.

Le regard d'Alexandra (appelée "Bobo" par sa famille) passe ainsi d'exercices de tir au fusil (qui commencent passée la cinquième année, pour chaque enfant de fermier blanc), de périples de cavalière émérite, de dur travail d'aide à la tenue de l'exploitation agricole, à la souffrance intime de la peur, de la pauvreté (relative), de la saleté et des risques de maladie, omniprésents, de l'éloignement trop fréquent du père, devant assurer sa part de devoirs miliciens, et enfin de la dépression et de l'alcoolisme, même occasionnellement fort joyeux, de la mère, suite à un désespoir qui enfle, d'échec économique en perte d'enfant en bas âge... Poignant et drôle, grave et vertigineux. Une lecture qui vaut le détour.

"Lorsqu'elle a bu un quart de la bouteille de whisky, nous avons perdu la réception de la Bush House à Londres, et la radio crépite toute seule sous sa haie de bougainvillées. Maman a sorti ses vieux disques écossais. Il y en a trois. Trois disques d'hommes en kilt qui jouent de la cornemuse. Sur les photographies, on les voit marchant à l'aveuglette (que peuvent-ils bien voir sous ces chapeaux en peau d'ours ?) dans la brume des ruelles pavées d'Écosse. Maman met le volume au maximum, emporte le whisky dans la véranda et s'assied en lotus sur une chaise de pique-nique, fredonnant l'air tandis qu'elle contemple la ferme enveloppée dans la nuit.
Cette posture est un reliquat de la brève période où elle a découvert le yoga dans un livre. Ce qui valait mieux que la fois où elle a envisagé la possibilité de rejoindre les Témoins de Jéhovah. Et bien mieux que le jour où elle a acheté un ouvrage sur la danse du ventre à une vente de charité et a essayé sa technique dans tous les bars au nord du fleuve Limpopo et au sud de l'Équateur."

"Elle verse le thé dans les deux récipients. Les anses sont grasses.
"J'espère que les prisonniers n'ont pas bu dedans, dis-je.
- Je suis sûre qu'ils ont leur propre vaisselle.
- Et les autres affies ? Je parle des policiers noirs, et de la bonne.
- Je suis convaincue qu'ils ne sont pas autorisés à boire dans les mêmes tasses que nous.
- Bien."
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Dans "L'arbre de l'oubli", la mère d'Alexandra Fuller ("Bobo") évoque "L'horrible livre". le voici, cet horrible livre, horrible sans doute aux yeux de celle qui y est décrite comme une mère alcoolique, dépressive et en même temps hyper-autoritaire, raciste, et plus encore. La poésie de "L'arbre de l'oubli", le regard apitoyé de l'auteure sur ses années d'enfance, de transbordement incessant à travers pays et climats à la recherche d'un paradis impossible, sont ici absents. Mais le témoignage, brut, sans effets d'écriture, du moins en apparence, nous laisse le souffle coupé. Règlement de comptes ? Voire... Alexandra Fuller se contente de décrire par le menu ses sentiments à l'égard de ses proches, cette mère omniprésente et autour de qui tout gravite, ce père, souvent absent à tous les sens du terme, cette soeur aînée ("Vanessa", "Van"), douée pour les arts, coquette et méprisante à l'égard de sa cadette qu'elle traite de garçon manqué. Et pourtant, quel attachement pour les siens, et pour tous ceux qui vivent dans cette famille de blancs un peu frappés ! Une vie comme tant d'autres, mais dans un contexte hors du commun : une Afrique en guerre, guerre d'indépendance de la Rhodésie blanche d'Ian Smith, guerre d'indépendance du Mozambique voisin, dictature en Zambie, pour trouver enfin un peu de paix dans la misère du Malawi. Il faut déménager sans cesse et sans cesse et tenter de "se refaire" au gré des remous de cette Afrique tant aimée et tant détestée à la fois. Un récit empreint d'une profonde sincérité, écrit comme une suite de scènes tirées d'un journal intime. Un beau, très beau témoignage...
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J'ai bien aimé ce témoignage, un souvenir d'enfance où l'auteure relate avec sincérité et simplicité les aventures et mésaventures de sa famille immigrée tour à tour dans différents pays du Sud de l'Afrique... On apprend aussi beaucoup de la situation géopolitique de la région...
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critiques presse (1)
Lexpress
11 juin 2012
Dans ce livre truffé d'humour et d'émotion, Alexandra Fuller retrace son enfance mouvementée, entre Zambie, Malawi, mais surtout Rhodésie (l'actuel Zimbabwe), l'un des reliquats les plus tardifs de la colonisation.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Donc, si j'ai besoin de maman et de papa au milieu de la nuiit, j'appelle Vanessa, parce qu'elle n'est pas armée. Je souffle "Van ! Van ! eh !" jusqu'à ce qu'elle m'entende. Ensuite, elle doit allumer une bougie et m'accompagner aux toilettes, où je me soulage, à moitié endormie, à la lueur vacillante de la flamme jaune que ma soeur tient très haut, à l'affût des serpents, des scorpions et des tarentules.
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Cette posture est un reliquat de la brève période où elle a découvert le yoga dans un livre. Ce qui valait mieux que la fois où elle a envisagé la possibilité de rejoindre les Témoins de Jéhovah. Et bien mieux que le jour où elle acheté un ouvrage sur la danse du ventre à une vente de charité et a essayé sa technique dans tous les bars au nord du fleuve Limpopo et au sud de l'équateur.
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Une Peugeot verte bringuebalant sur les bandes de goudron noir désolées avec des rouleaux de papier toilette qui s'envolent victorieusement des fenêtres arrière (Vanessa et moi vérifions combien de temps ils mettent pour se déchirer et se répandre sur la chaussée, tels de gros serpents blancs écrasés qui se tordent à l'agonie.)
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Comme tous les enfants de plus de cinq ans dans notre vallée, Vanessa et moi devons apprendre à charger un fusil FN, à vider et à nettoyer toutes les armes de la maison et finalement à tirer pour tuer. Si nous sommes attaqués, et si les parents sont blessés ou morts, ma soeur et moi devons savoir nous défendre.
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Une fois, Vanessa et moi revenions avec maman d'une fête de Noël, et nous sommes arrivées derrière un bus africain qui était passé sur une mine. Il y avait un trou de la taille du bus sur la route, et le véhicule était couché sur le côté comme un insecte mort, aveugle, les pattes en l'air.
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Videos de Alexandra Fuller (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandra Fuller
Alexandra Fuller - Partir avant les pluies .Rencontre avec Alexandra Fuller qui nous parle de son ouvrage « Partir avant les pluies » aux éditions des Deux Terres. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/fuller-alexandra-partir-avant-les-pluies-9782848932033.html www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/Librairie.mo... https://twitter.com/LibrairieMollat http://www.dailymotion.com/user/Libra... https://vimeo.com/mollat https://instagram.com/librairie_mollat/ https://www.pinterest.com/librairiemo... http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ https://soundcloud.com/librairie-mollat http://blogs.mollat.com/ Musique: "Cambodean Odessy" par Kevin MacLeod (http://incompetech.com)
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