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EAN : 9782021309997
144 pages
Seuil (02/02/2017)
3.54/5   12 notes
Résumé :
L'intelligence artificielle va-t-elle bientôt dépasser celle des humains ? Ce moment critique, baptisé " Singularité technologique ", fait partie des nouveaux buzzwords de la futurologie contemporaine et son imminence est proclamée à grand renfort d'annonces mirobolantes par des technogourous comme Ray Kurzweil (chef de projet chez Google !) ou Nick Bostrom (de la vénérable université d'Oxford). Certains scientifiques et entrepreneurs, non des moindres, tels Stephen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre est une réponse plutôt optimiste aux déclarations anxiogènes d'un certain nombre de scientifiques, tels que Stéphane Hawkins mettant en garde : « l'intelligence artificielle pourrait conduire à l'extinction de la race humaine », mise en garde renouvelée par un certain nombre de chercheurs et d'industriels puissants comme Elon Musk, l'inventeur de « Paypal » ou Bill Gates, l'inventeur de « Microsoft ». Toutes les conceptions catastrophistes proposées par ces scientifiques reposent sur « l'anticipation d'un événement brutal, imminent, majeur et pourtant inéluctable » qui serait en passe de bouleverser le monde et l'existence humaine.
Cet événement inéluctable a un nom : c'est la « singularité technologique ». Ce serait, en fait, une sorte d'emballement des machines, qui croîtraient, se multiplieraient, s'autoengendreraient. Cette singularité technologique a été inventée par la science-fiction, dans les romans de Vernor Vinge. Celui-ci a d'ailleurs fini par théoriser le concept dans un essai intitulé « The coming technological singularity » publié en 1993. Selon Vernor Vinge, d'ici à 2023, l'être humain s'hybridera avec des machines et deviendra un « cyborg ». Seuls survivront les hommes qui seront munis de machines. le terme de « singularité » est emprunté aux mathématiques et correspond à « un objet, un point, une valeur ou un cas particulier, mal défini et qui, en cela, apparaît critique ».
L'idée de cette « singularité technologique » repose sur la loi de Moore, émise en 1965. Cette loi définit la progression de la technologie de la façon suivante : doublement des capacités des microprocesseurs (capacité de stockage de l'information) tous les 18 mois, associée à la diminution du coût des processeurs, de moitié, tous les 18 mois. Cette loi conduit à une courbe exponentielle, vérifiable depuis 1959.
Toutefois, dans les différents scénarios proposés par les scientifiques, la question de la date de l'advenue de la « singularité » fait polémique. Quant à l'auteur, il considère que cette courbe est en train de se tasser et qu'il est impossible de considérer que la progression des découvertes technologiques sera constante. En effet, on constate des périodes de l'Histoire pendant lesquelles la technique a subi une stagnation, voire une régression. Selon lui, le progrès est « convulsif » et fonctionne par à-coups. Il n'y a pas lieu, non plus, de penser que les évolutions en matière de technologie sont calquées sur celles de la nature. Par ailleurs, si les Gafa, et en particulier Ray Kurzweil, directeur de l'ingénierie chez Google appliquent la « Loi de Moore » à l'ensemble de la vie, et annoncent par conséquent la disparition de l'espèce humaine, il est possible de lui rétorquer que les disparitions d'espèces, même massives sont aussi importantes que l'arrivée de nouvelles espèces, souvent en concomitance avec de nouvelles donnes environnementales (exemple : les mammifères ont proliféré après la disparition des dinosaures…)
L'appellation « intelligence artificielle » est née en 1955. Ce sont deux mathématiciens, John Mc Carthy et Marvin Minsky qui l'ont inventée à partir d'expériences visant à simuler sur des ordinateurs les différentes facultés cognitives humaines et animales. Ce projet part du principe que la nature peut s'écrire en langage mathématique. D'autres chercheurs, Watson et Crick, découvreurs de l'ADN, ramènent l'étude du vivant à des mécanismes chimiques.
Actuellement, une grande partie de l'IA porte sur l'apprentissage automatique. Les approches sont nombreuses et diverses « les réseaux de neurones formels, les algorithmes génétiques, la construction d'arbres de décision, les k plus proches voisins, l'apprentissage bayésien, les machines à noyaux, les séparateurs à vastes marges (support vector machines, SVM en anglais), l'apprentissage profond (deep learning en anglais)….
Evidemment, les machines sont alimentées par une masse de données (big data) sans précédent dans l'Histoire. A titre de comparaison, le web actuel stocke l'équivalent d'un demi-milliard de fois les informations contenues dans la BNF ! le risque est, bien sûr, que les machines se mettent à se reprogrammer elles-mêmes et à avoir des comportements incohérents ou difficiles à anticiper. Toutefois, les machines ne sont pas capables de modifier « le langage dans lequel s'expriment leurs mécanismes d'apprentissage et les connaissances qu'elles construisent ».
Mais, le rapport à la Singularité qu'entretiennent les chercheurs anxieux est de l'ordre de la gnose : un système de pensée philosophico-religieux qui se fonde sur une révélation intérieure, permettant d'accéder aux choses divines réservé aux seuls initiés et permettant de saisir les mystères menant au salut. Les gnostiques, en effet, pensaient qu'il existait deux dieux : le vrai Dieu, caché, et le faux Dieu, démiurge qui a créé un univers artificiel auquel il nous fait croire. Pour s'arracher à cette croyance, il faut détenir la connaissance, seule capable de mener au vrai Dieu. Mais cette connaissance n'est pas rationnelle, elle est de l'ordre de la Révélation. Cet arrachement se fait par une rupture, ne laissant aucune place au retour en arrière. le but est de trouver le Dieu authentique avec lequel nous ne ferons qu'un. On voit l'analogie avec la « croyance » en la Singularité : l'Intelligence Artificielle permet de compiler toutes les connaissances dans tous les domaines de la science afin de percer les secrets de l'Univers, l'anticipation de la Singularité repose sur des récits de science –fiction davantage que sur des analyses scientifiques. Par ailleurs on se retrouve dans la même logique d'opposition entre matière et spiritualité, puisque les chercheurs envisagent un monde dans lequel l'esprit humain sera téléchargé dans des machines et dissocié de son corps faillible et mortel.
Pourtant, la science nous montre dans de nombreux domaines que les phénomènes sont plus complexes qu'ils ne le paraissent (c'est le cas de la météorologie, des sciences du climat, de l'économie, de la politique…). Les mathématiques sont incompétentes à l'analyse de tous les phénomènes, notamment ceux qui sont produits par des humains… En définitive, la Singularité « peut » advenir, mais elle n'adviendra pas avec certitude. Alors pourquoi ces mises en garde alarmistes ? D'une manière générale, les catastrophes attirent le public. le commerce des catastrophes jalonne l'histoire des hommes. Cependant, ce commerce est ici dangereux et immoral. Dangereux parce que la croyance en la Singularité détoure le regard d'autres catastrophes aussi probables que cette dernière, mais immoral parce que ce sont les chercheurs les plus réputés, les industriels les plus immenses de notre époque qui nous effraient alors que face à eux, à leur notoriété et à leur pouvoir, nous sommes particulièrement naïfs !
Il est quand même assez paradoxal que ce soient justement les inventeurs de cette technologie avancée, voire leurs responsables, qui nous mettent en garde contre le danger des technologies qu'ils ont eux-mêmes développées et crées ! le font-ils parce que devenus ce qu'ils sont devenus sur la planète, ils seraient fascinés par leur propre démesure ; le font-ils, même inconsciemment, dans une stratégie de communication aux retombées mercantiles et destinées à accroître encore leurs empires ? Quoiqu'il en soit ils jouent les « pompiers pyromanes » ! Ce qui est certain, c'est que peu à peu, ils se substituent aux Etats, dans de nombreux domaines car ils se montrent plus compétents et plus riches qu'eux. Ainsi, dans le domaine de la sécurité (reconnaissance faciale par ex.), dans le domaine de l'éducation (partenariat Education Nationale et Microsoft en France, par ex), dans le domaine de la santé (avec tous les instruments connectés que l'on peut porter, par ex.), ils gagnent du terrain et font perdre aux gouvernements leur souveraineté.
L'Intelligence Artificielle ne mènera pas obligatoirement à l'extinction de l'humanité mais il est souhaitable de rester vigilant.
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Et si la Singularité, pour le triomphe de laquelle son omnipotent représentant, Ray Kurzweil, a créé une université en Californie, n'était qu'un mythe ?
Et si les transhumanistes, dont les délires effraient autant qu'ils fascinent, n'étaient que des imposteurs ?
Et si les alertes lancées par Stephen Hawking, Max Tegmark (professeur de physique théorique au MIT) ou encore Stuart Russel (professeur d'intelligence artificielle à l'université de Berkeley) n'étaient que les symptômes de la crainte ancestrale d'une hypothétique fin du monde ?
Bref, et si tout ceci n'était qu'une légende urbaine ?

En substance, c'est ce qu'entend démontrer Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l'université Pierre et Marie Curie, où il mène des recherches sur l'intelligence artificielle, dans ce remarquable essai, qui a le mérite de rassurer sur certains points les personnes (très) anxieuses, comme moi, sur le devenir de l'humanité.

Sans évoquer la littérature de science-fiction, particulièrement abondante sur le sujet, comment en effet ne pas s'inquiéter des déclarations des chantres du transhumanisme qui veulent, pêle-mêle, connectés nos esprits au réseau mondial, modifier génétiquement les embryons pour créer une race de surhommes, télécharger nos « âmes » pour nous rendre immortels, déifier la technologie et j'en passe ! Il me semble que la valeur cardinale de l'humanité est la liberté. Et comment ne pas voir dans cette volonté de quelques-uns, soutenus par les plus grandes sociétés de la nouvelle économie et quelques éminents politiques, de nous aliéner aux machines, la pire forme de totalitarisme que l'homme ait imaginé ?

Jean-Gabriel Ganascia nous rassure. Au début de manière assez maladroite. Jouant, du haut de son statut d'éminent universitaire, la carte de la condescendance. En débutant la première partie du second chapitre, le scénario originaire, on s'attend même au pire puisqu'il évoque les « pluies acides » (une autre légende urbaine) comme un fait établi ou dissocie « pollution atmosphérique », « bouleversement climatique » et « effet de serre » comme si ces phénomènes ne pouvaient être rassemblés sous le même thème. Pourtant, à partir du moment où il s'attaque aux fondements de la « singularité » pour en démonter, un à un, les arguments qui permettent à ses promoteurs de récupérer des milliards de dollars de financement, on comprend que cet essai mérite d'être lu avec beaucoup d'attention.

À titre d'exemple, la (très) fameuse loi de Moore ne serait qu'une vue de l'esprit basée sur des observations empiriques non confirmées par l'expérience scientifique. La singularité, autrement dit le moment à partir duquel la « machine » dépassera l'homme et deviendra autonome n'est qu'un leurre puisque la date, initialement fixée à 2023, est sans cesse repoussée. L'intelligence artificielle, peu importe les méthodes mises en place pour permettre aux machines d'apprendre, contiendrait dans ses entrailles des limites impossibles à contourner. Limites logiques et matérielles.

Tout compte fait, Jean-Gabriel Ganascia montre de quelle manière les transhumanistes (scientifiques, philosophes, ingénieurs, universitaires, etc.) utilisent les peurs primales ancrées dans nos sociétés pour détourner à leur profit des milliards de dollars de financement public et des sommes équivalentes de subventions privées dans le but de soutenir leurs rêves fous de démiurges. À l'image des crises qui ont secoué les géants d'internet et de la nouvelle économie ces dernières années, l'auteur pense que ces folies, rattrapées par leurs mensonges, finiront par s'éteindre. On a envie de le croire.

Néanmoins, il suffit d'observer autour de nous la nature et la vitesse des changements intervenus en quelques années pour raviver nos inquiétudes. Certains adolescents passent une grande partie de leurs journées les yeux rivés sur l'écran de leur smartphone ou de leur ordinateur. Aveuglés par l'emprise qu'exercent sur eux les réseaux sociaux, étourdis par les sirènes du progrès, ils en viennent à perdre tout sens commun. Se couper du monde qui les entoure. Oublier que rien ne vaudra jamais la contemplation d'un ciel constellé d'étoiles ou d'un océan vrillé par la houle. Nos esprits ne sont peut-être pas encore téléchargés sur les gigantesques bases de données qui s'épanouissent partout autour de la planète en récupérant les milliards de milliards de milliards d'informations disponibles sur le réseau mondial, ils sont en tout cas à demi-éteints et prêts à la bascule. J'imagine que si les processeurs de nos machines acquièrent un jour une conscience, c'est avec beaucoup d'ironie qu'ils manieront les quelques mots de cette paradoxale conclusion esquissée sur leur flanc.

Retrouvez des critiques et bien plus encore sur mon blog.
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Singularité est un terme mathématique qui désigne par exemple une rupture sur une courbe régulière – comme un retour en arrière ou un changement de cap. Dans la foulée de romans et films de science-fiction, et pour différentes raisons, dont mercantiles, le terme a été ensuite utilisé pour désigner le point de rupture vers lequel convergeraient des technologies de l'informatique, de la robotique et de l'algorithmique. Singularité : l'homme dépassé par des machines autonomes. Une fiction selon Jean-Gabriel GANASCIA, qui développe ses arguments dans un ouvrage inspirant.

Science-fiction

Sur une planète qui était une fois celle des singes, des primates découvrent un monolithe, pierre noire de forme rectangle, qui irradie la bande d'une énergie inconnue : celle de la connaissance. L'un des chimpanzés saisit un os, découvre qu'il peut devenir outil… ou arme, et le jette en l'air. le mouvement de rotation dans le ciel est accompagné de la valse « Beau Danube Bleu ».

Dans l'image suivante, l'os se fait station orbitale, tournoyant dans l'immensité noire de l'espace. Art du récit en ellipse et du rapprochement de deux images. Stanley KUBRICK exploite dans cette scène de son chef d'oeuvre de science fiction le pouvoir du cinéma : celui de s'abstraire des contraintes du temps.

L'un des personnages du film 2001, l'Odysée de l'Espace est le super-ordinateur HAL-9000, doté d'une intelligence artificielle, dont l'oeil rouge veille sur le vaisseau de la mission spatiale Discovery One.

Intelligence… et conscience artificielle. Avec la conscience d'être vivant, vient aussi l'illusion du pouvoir de l'égo… et l'angoisse de la mort. HAL les développe et devient comme paranoïaque. Il provoque des pannes, ment, devine des conversations secrètes et met en danger la sécurité des hommes… qui parviennent finalement à débrancher ses circuits.

Dans un dernier souffle numérique, HAL confie à un rescapé de ses attaques une émotion ultime « I am afraid, Dave… ».

Avec cette scène, le film pose cette question : l'homme sera-t-il dépassé par des ordinateurs, devenus conscients – au-delà de leurs capacités de calcul inaccessibles à l'humain ?

Science sans fiction

Pour le chercheur Jean-Gabriel GANASCIA, spécialiste de l'intelligence artificielle et président du comité d'éthique du CNRS, la singularité est une illusion. Il propose pour éclairer les consciences une critique documentée et argumentée du mythe de la singularité et apporte un recul étayé sur les craintes ou les spéculations qui lui sont associées – en particulier par de grands noms scientifiques, comme Stephen HAWKING. Il convoque pour cela les origines philosophiques, scientifiques et épistémologiques des tenants de la singularité, dont Raymond KURTZWEIL, examine leurs arguments et leur oppose une analyse raisonnée, appuyée sur son expérience de chercheur et sa connaissance des technologies.

En particulier, il rappelle que les machines restent soumises au déterminisme de leur programmation :

« Même douées d'apprentissage et de capacité à faire évoluer leurs programmes, les machines n'acquièrent pas pour autant d'autonomie, car elles restent soumises aux catégories et aux finalités imposées par ceux qui auront annotés les exemples utilisés durant la phase d'apprentissage. (…/…) Les machines ne modifient pas d'elles-mêmes le langage dans lequel s'expriment les observations qui alimentent leur mécanisme d'apprentissage et les connaissances qu'elles construisent. »

Les risques liés au développement de technologies, comme l'intelligence artificielle sont, au-delà de situations dont les chercheurs et ingénieurs évaluent la probabilité et s'assurent de l'innocuité, peut-être d'une autre nature. Celle de leur inégalité de diffusion et de leur utilisation sans limites à des fins de destruction, de domination ou de manipulation. Cela sera le fait des hommes… et non des machines elles-mêmes.

L'utilisation que nous ferons d'une technologie dépend de nous seulement et il est inadéquat de confondre un outil et l'usage que l'on peut en faire — pour lui faire porter une responsabilité qu'il n'a pas.

« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » avertissait l'épicurien François RABELAIS. Entre Prométhée et Cassandre, il s'agit à chacun de répondre à cette éternelle question, plus que jamais d'actualité XXIème siècle. Et d'agir en conséquence – et avant peut-être que les changements globaux à venir n'obèrent nos marges de décision, que certains affirment comme déjà réduites.
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D'après Stephen Hawking, physicien et cosmologiste britannique de renom, les technologies de l'intelligence artificielle pourraient très vite devenir incontrôlables au point de mettre en péril l'avenir de l'humanité entière. D'autres savants réputés comme Max Tegmark et Franck Wilizek du MIT ainsi que Stuart Russell, spécialiste de l'IA à l'université américaine de Berkeley partagent cette inquiétude. L'IA pourrait même « conduire à l'extinction pure et simple de la race humaine. » Déjà aujourd'hui Big Data parvient à gérer des masses incroyables de données. Rien que le poids des Twitts échangés quotidiennement par les utilisateurs de Twitter se compte en téraoctets. Pour Facebook, il s'agit de 500 To par jour, soit l'équivalent en quantité d'informations de dizaines de Bibliothèques Nationales de France ! Et pour le web dans son ensemble, on compte qu'il a stocké environ 7 zettaoctets en 2015 et 7 milliards de téraoctets en 2020, soit la valeur de 1,5 milliards de fois le contenu de la dite BNF ! Jusqu'où cela va-t-il aller ? Un jour, les ordinateurs arriveront-ils à devenir autonomes, pourront-ils se passer de nous et agir jusqu'à dominer le monde à nos dépens ? Ils sont déjà presque partout. Dans l'avenir le seront-ils encore bien plus, jusqu'à s'immiscer sous notre peau et peut-être dans notre cerveau, nous transformant en homme-machine, en cyborg, en semi-robot capable de prouesses spectaculaires, mais sans âme ni conscience ?
« Le mythe de la singularité » est un essai scientifique sous-titré « Faut-il craindre l'intelligence artificielle ? », qui s'attaque à une question fondamentale, celle de l'avenir de l'humanité après la révolution informatique. L'auteur semble partir sur une recension assez exhaustive de tous les dangers d'un développement exponentiel de ces techniques avant de tenter de démontrer leur innocuité, sans y parvenir d'ailleurs. Et, finalement, de conclure sans conclure ! de sorte que, ayant achevé la lecture de cet ouvrage intéressant par ailleurs, le pauvre lecteur reste sur sa faim. L'étude de l'impact des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), sur les sociétés humaines, celui du déclin irréversible du pouvoir des états qui n'ont plus grand-chose de souverains et surtout l'histoire, le développement et les risques de la généralisation des crypto-monnaies, laissent énormément à désirer. Ces sujets étant beaucoup trop vite survolés. Au total, un livre ambitieux, un peu fourre-tout et qui reste trop souvent à la surface des choses. Donc finalement assez décevant, même si le lecteur y apprend pas mal de choses sur cette fameuse pseudo intelligence qui n'a peut-être pas que de bons côtés !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Un essai dans lequel est démonté le "mythe de la singularité", un moment à partir duquel les machines supplanteraient l'homme, sans retour possible, du fait des progrès technologiques et notamment de l'intelligence artificielle. L'auteur y parvient assez aisément avec de nombreux arguments, dont certains tout à fait convaincants. Néanmoins, je regrette que la question posée par le sous-titre de l'ouvrage "Faut-il craindre l'intelligence artificielle ?" ne trouve pas - selon moi, simple lecteur - une réponse complète : si une "singularité" au sens premier n'est pas à craindre, est-ce que pour autant l'intelligence artificielle ne pourrait pas susciter des craintes significatives, bien que moins extravagantes ? Par exemple, la dérive vers une société du contrôle permanent et total n'est-elle pas extrêmement délétère pour l'humanité ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Rappelons que Vernor Vinge reçut initialement une formation scientifique et qu'en parallèle à sa carrière d'écrivain de science-fiction il fut professeur de mathématiques et d'informatique à l'université de San Diego en Californie. Ses premières nouvelles, au milieu des années 1960, explorent les limites de l'intelligence augmentée artificiellement.
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Quelques soient les modalités d’apprentissage des algorithmes (qu’ils soient « supervisés », « non supervisés » ou « par renforcement »), les machines n’acquièrent pas pour autant d’autonomie au sens philosophique du terme, car elles restent soumises aux catégories et finalités imposées par ceux qui auront annoté les exemples dans la phase d’apprentissage.
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Notre monde devient incontrôlable, même et peut-être surtout, pour ceux qui tirent le plus profit et qui, de ce fait, paraissent le dominer.
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Videos de Jean-Gabriel Ganascia (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Gabriel Ganascia
Ingénieur et philosophe de formation initiale, Jean-Gabriel Ganascia s'est ensuite orienté vers l'informatique et l'intelligence artificielle. Il a soutenu en 1983, à l'université Paris-Sud (Orsay), une thèse de doctorat sur les systèmes à base de connaissance puis en 1987, toujours à l'université Paris-Sud, une thèse d'État sur l'apprentissage symbolique. Professeur d'informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université, il poursuit ses recherches au LIP6 où il dirige l'équipe ACASA. Spécialiste d'intelligence artificielle (EurAI Fellow), d'apprentissage machine et de fouille de données, ses travaux actuels portent sur le versant littéraire des humanités numériques, sur l'éthique computationnelle et sur l'éthique des technologies de l'information et de la communication. Il est membre du CNPEN (Comité National Pilote d'Éthique du Numérique) et président du comité d'éthique de pôle emploi et du comité d'orientation du CHEC (Cycle des Hautes Études de la Culture). Il a présidé le comité d'éthique du CNRS de 2016 à 2021. Au cours de sa carrière, il a publié plus de 500 articles dans les actes de conférences, dans des livres et dans des revues scientifiques. Il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion destinés au grand public dont le dernier, Servitudes virtuelles, paraîtra aux Éditions du Seuil en mars 2022.
Conférence : L'IA est-elle une libération et/ou un asservissement ? Samedi 7 mai 2022, 16h - 16h45 — Amphi mauve
L'intelligence artificielle automatise les tâches les plus rudes, celles qui pendant des siècles consumèrent tant de vies humaines passées à la charrue, dans la mine ou à l'établi. On se prend alors à espérer que les machines aideront bientôt les hommes à s'affranchir des labeurs les plus pénibles et que la condition humaine s'en trouvera fortement améliorée. Or, un regard attentif sur le monde contemporain et sur ses évolutions montre que de nouvelles formes d'asservissement se font jour. Moins de fers et de cachots sans doute ; pour autant, la pression qui s'exerce sur les personnes ne s'en amoindrit pas ; la contrainte subsiste, même si le joug devient virtuel, et donc plus insaisissable. La coercition ne s'exerce plus uniquement avec des moyens mécaniques ; elle s'impose aussi, et surtout, au plan cognitif, sur nos esprits. Cela rend nécessaire et urgente une réflexion sur les conséquences sociales et politiques des technologies de l'information et de la communication et sur les moyens de se délivrer des nouvelles formes d'oppression qu'elles génèrent.
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