Un polar dit de "procédure", le maître actuel étant, et depuis de nombreuses années,
Michael Connelly. Heure légale de début de garde à vue, notification des droits, rapports police-magistrats, tout y est.
D'ailleurs,
Christophe Gavat vient de recevoir le prix du Quai des Orfèvres cette année, et l'on sait que le jury de ce concours accorde une certaine importance à l'aspect procédural des romans soumis.
Que dire de l'histoire en elle-même, celle de la corruption quasiment généralisée d'une commune de 10000 habitants, près de Bayonne? Son maire, son adjoint, le DG, les artisans du coin.....
Personnellement je l'ai trouvé un peu "longuette" et rédondante, avec de longues narrations, et un peu trop souvent des répétitions concernant les mêmes faits et les mêmes protagonistes. Longue également, car on assiste au défilé de tous les mis en cause, et de leur comportement pendant leur garde à vue respective. Et l'on s'y attend un peu trop, donc plus d'effet de surprise, et c'est dommage.
En précisant, cependant, que paralèllement à cette
corruption -ordinaire-, l'on peut également suivre l'enquête de la PJ de Bayonne sur des braqueurs de DAB. Et là, le ton change, il y a de l'action, du style, ça devient "nerveux".
Dans les deux histoires, le boulot et le vécu du flic de terrain -de l'auteur donc- transpirent (réfléxions typiques et expressions policières à l'appui).
Et l'on voit que la vie de flics -je peux en parler un peu, j'y ai passé une quarantaine d'années-, revêt les deux aspects évoqués par Gavat, de la routine en majorité, du tout venant, et par moments, des montées d'adrénaline quand on s'attaque à des clients plus "sérieux" et retors, tels que des braqueurs.
Un bémol sur la forme, quelques coquilles par moments, surtout en deuxième partie, des pronoms en trop ou manquants, voire inversés, et page 131, le verbe "dénoter" employé par erreur à la place de "détonner"...(mais cela doit relever de l'éditeur et non de l'auteur).
Je suis peut-être un peu sévère avec ce roman, mais sortant de la lecture de"La liste Héraclès" de Schelesser et d'un polar de Marie Xavier Bonnot, il me fallait noter ces...différences.
longue carrière d'écrivain à
Christophe Gavat qui a su "rebondir", et qui cotoie maintenant les Norek, Marshall, Laurent Gillaume,
Bernard Minier (quoique, de mémoire, ce dernier est un ancien fonctionnaire des douanes), dans la série des flics auteurs de polars.