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EAN : 9782213663128
324 pages
Fayard (03/01/2013)
3.96/5   24 notes
Résumé :


Aux États-Unis, elle est considérée comme l’équivalent d’un Primo Levi. En France, son œuvre littéraire et théâtrale est lue et jouée depuis quarante ans. Mais qui connaît réellement Charlotte Delbo, morte en 1985 ? Pour la première fois, une biographie rend hommage à cette femme d’exception.

Secrétaire de Louis Jouvet, résistante communiste, elle est arrêtée en 1942 par la police française en compagnie de son mari, Georges Dudach, fu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Charlotte Delbo est arrêtée le 23 ami 1942, en même temps que son mari Georges Dubach, après une longue et patiente filature de résistants communistes par la milice française. Georges fut torturé et fusillé au Mont Valérien, Charlotte emprisonnée, puis envoyée au fort Romainville avant de faire partie d'un convoi de 230 femmes en janvier 1943 pour Auschwitz-Birkenau, sans que l'on ait jamais compris pourquoi, puisque ce fut le seul convoi politique vers cette destination, le convoi des 31 000. Les auteurs ont reconstitué une partie de leur calvaire et la solide amitié, le soutien constant et indéfectible de six d'entre elles. Danielle Casanova, la seule qui bénéficia d'un traitement de faveur en raison de son statut de dentiste des kapos, mourut du typhus, incomba alors à Charlotte la charge de "tenir" pour raconter et transmettre après...Un séjour à Rajko, où les conditions étaient moins extrêmes, puis à Ravensbrück, camp de rendement plutôt que camp d'extermination comme à Auschwitz, permit à Charlotte de revenir d'entre les morts. Elle reprend alors quelque temps son travail de secrétaire et assistante de Louis Jouvet, avant de sombrer dans une période de dépression, puis entreprend la rédaction de plusieurs récits de témoignages et de poèmes. Elle ne publiera son livre "Aucun de nous ne reviendra" que près de 20 ans plus tard suite à l'incompréhension et le refus de l'atroce réalité. Elle-même sera dans le déni face aux crimes de Staline, avant de les dénoncer. Toute son oeuvre parle de cette expérience sont on ne revient jamais complètement. Il me faut à présent lire Charlotte Delbo, trop peu connue en France, et entendre à travers elle la voix des femmes résistantes et déportées.
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Qui est Charlotte Delbo ? La question se pose réellement en France, où les paroles des rescapés des camps fut longtemps tue, puis plus encore lorsqu'elle émanait des femmes. Et surtout des femmes résistantes, dont les actions furent minimisées. Et surtout celle-ci : elle a décidé de vivre après, malgré, les camps. Elle a écrit, elle a inventé une manière de raconter l'indicible, avec des poèmes, des apostrophes ; elle donne à voir sans analyse : on s'y croit. Elle a ensuite continué sa route, le plus possible en accord avec ses engagements intellectuels, sans jamais s'encarter dans un parti (elle tient le parti communiste en partie responsable de la mort de son mari et de sa déportation). On pourrait rajouter qu'elle fut la secrétaire de Louis Jouvet, prenant en note TOUT ce que le metteur en scène disait à ses comédiens (et qu'elle fut "oublié" comme auteur sur la couverture du livre qui est paru de ces cours...)
Bref, et même si parfois cette biographie est un peu trop sentimentale dans ses formulations, elle rétablit Delbo pour ce qu'elle est/fut. Une résistante, une rescapé, une femme, une militante, une écrivaine, amie... Une personne complète, qui refuse de se laisser déterminer par quoi que se soit, une battante jusqu'à la fin.
Une modèle, une exemple.
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Certaines personnes, parfois, vous imposent des lectures. Exigent que vous lisiez certains livres. Vous reprochent de ne pas l'avoir fait. En temps normal, et par esprit de contradiction, je ne les lirais bien évidemment pas. Mais là il s'agit de Christine, alors, forcément, je me lance, j'achète le livre, je le pose sur l'étagère à côté du lit, je le regarde longuement dans le blanc de la couverture et je finis par me lancer un matin, de retour d'une grande messe de la librairie pendant laquelle j'ai surtout profité du vin et du soleil. Heureusement, d'ailleurs, que j'avais fait le plein de soleil avant de commencer, parce que « Nacht und Nebel » ne sont pas des termes que l'on rapproche d'une lecture extatique et heureuse.

La Seconde Guerre Mondiale est habituellement une période sur laquelle je lis peu de romans et aucun essai. Une culpabilité sourde, probablement, un espèce de mélange de « qu'aurai-je fait » et de « me plaindre de ma vie alors que je ne suis pas dans un camp de concentration ». Toutefois, je crois, j'ose espérer même, que j'aurais pu être une espèce de Charlotte, une chieuse attachée à la vie et dont elle ne s'en va pas parce que le caractère, ça attache. Sa vie est impressionnante parce que dominée par cette volonté à laquelle on ne peut qu'aspirer, cette pugnacité qui fait qu'on tient à travers tout, la mort du mari, l'Occupation, les camps, le retour, le cancer …

Ce n'est pas une lecture joyeuse, ce n'est pas une lecture heureuse, mais c'est une lecture très nécessaire, une biographie qui se lit comme un roman, sauf que ce roman est fait de réalité et que, quand on le referme, on a la boule au ventre et les larmes aux yeux.
Lien : http://www.readingintherain...
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J'ai lu cette biographie complète d'une grande dame de l'histoire de la résistance française, Charlotte Delbo, et j'ai apprécié. Comme elle le dit page 212, Charlotte n'écrit pas pour ses contemporains, elle écrit "pour les générations futures". J'espère que les jeunes liront ses écrits et ils auront matière à réflexion.
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C'est la biographie d'une femme forte, qui a vécu la mort de son mari (fusillé à la guerre) et qui en tant que communiste a dû subir les horreurs du camp d'Auschwitz. Elle a été la secrétaire de Louis Jouvet, a vécu plusieurs années à Genève. Son livre « Aucun de nous ne reviendra » n'est sorti que 20 ans après son écriture. Elle a écrit plusieurs livres et des pièces de théâtre. H.S.
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critiques presse (1)
Bibliobs
08 avril 2013
Ils cherchent à comprendre pourquoi cette «voix est tombée dans un oubli quasi complet alors que, bien après leur mort, continuent de résonner celles de Primo Levi, de Jorge Semprun, de Robert Antelme». Ils avancent un faisceau d'hypothèses, dont celle-ci: «Il s'agit d'une femme.»
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Marie-Claude Vaillant-Couturier l’aide par ailleurs à obtenir un grade militaire, celui d’adjudant-chef. Elle est pensionnée au titre de déportée politique, puis de déportée résistante.

Lorsqu’ils étaient rapatriés, les déportés recevaient tous une carte, bleue, certifiant qu’ils étaient déportés politiques et ouvrant droit à une pension. Par la suite, des associations ont fait valoir qu’il convenait d’établir une différence entre une personne déportée pour faits de guerre et une personne déportée parce qu’elle était juive ou bien civile prise dans une rafle. Pour ceux qui avaient appartenu à un réseau officiel, une carte (rose) de déporté résistant fut donc créée. Simple histoire de dénomination ? Pas seulement : les déportés politiques touchaient une pension civile, les déportés résistants une pension militaire. Or celle-ci était supérieure de 60 %. Quand elle l’apprend, Charlotte écrit directement au ministère des Anciens Combattants pour que son statut soit rectifié : « Certes, tous les déportés ont également souffert, je le sais. Mais puisqu’on a établi une différence entre déporté politique et déporté résistant, je dois vous avouer que j’ai été humiliée de n’avoir pas la carte de déporté résistant. J’ai été humiliée d’être mise dans la catégorie de ceux qui ont été déportés par hasard ou nazis. » Elle obtiendra son nouveau statut en 1957. En 1970, l’injustice qui était faite en matière de pension sera réparée et tous les déportés recevront la même somme.
(page 220)
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Charlotte Delbo fait partie du convoi du 24 janvier 1943, le seul convoi de femmes politiques à avoir jamais été envoyé à Auschwitz. Sur les 230 déportées, seules 49 reviennent, après 27 mois de captivité.

Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants (1970), extrait
Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie.
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Jusqu'en 1965, Charlotte laissera dormir le cahier qui contient le manuscrit de Aucun de nous ne reviendra. Il ne la quitte pas, elle l'emporte partout. Mais elle n'en parle pas. Le conserve pour elle. Le 2 avril 1974, interrogée par Jacques Chancel pour l'émission Radioscopie, elle racontera qu'elle s'était donné vingt ans pour le relire et juger : "Pour moi, ce livre aurait tant d'importance dans ma vie qu'il fallait que ce fût une oeuvre. Pour m'assurer que c'en était une, il fallait que je le laisse dormir pendant vingt ans. Cela peut paraître un pari stupide, orgueilleux en même temps, j'avais des raisons très prosaïques. Nous arrivions dans un pays ravagé par la guerre, des gens meurtris qui ont subi des deuils, des bombardements, des déprédations, qui ont été très malheureux. Et leur malheur, même s'il était sans comparaison avec le nôtre, il faut bien l'admettre, était présent alors que le nôtre était lointain. Nous étions dans la situation de celui qui est en train de mourir d'un cancer et qui essaie d'attirer l'attention de quelqu'un qui souffre d'une rage de dents : la rage de dents vous possède tant que vous ne faites pas attention à l'autre et que vous n'entendez pas la plainte du proche."
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Sans doute avez-vous raison
vous qui avez des mots pour tout
Mais
il y en avait
ni forts ni faibles
qui n'ont été
ni jusqu'au sacrifice
ni jusqu'à la trahison
Il m'est arrivé de penser
qu'il aurait pu être de ceux -là
et d'avoir honte
Je voudrais être sûre
d'avoir eu honte
il faut
il faut
que vous ayez raison

Je me demandais
pour qui
pour qui il mourait
pour lequel de ses amis
Y avait-il un vivant
qui méritait sa vie à lui
lui
le plus cher
Doucement il est revenu
de là-bas où il était en allé
revenu me dire
qu'il était mort pour le passé
et pour tous les devenirs
J'ai senti que ma gorge éclatait
mes lèvres ont voulu sourire
mais c'était que je le revoyais.

Vous ne pouvez pas comprendre
vous qui n'avez pas écouté
battre le coeur
de celui qui va mourir "- [p. 12 / extr. "Une connaissance inutile" ]
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De cette heure d'adieux nous ne savons rien, ou si peu. Plus tard, Charlotte Delbo, l'écrivaine, essaiera de rendre ce matin du 23 mai 1942. " j'écoutais son coeur qui battait au rythme que je connaissais, comme je l'écoutais quand je m'endormais dans ses bras. Je l'écoutais et, malgré moi, j'en comptais les battements, je mesurais combien de coups son coeur avait encore à battre. Chaque battement dévorait les minutes et c'est ainsi que j'ai su la mesure de ma vie et de mon amour. " (Extrait d'" Une scène jouée dans la mémoire" , HB éditions, 2001)
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Video de Violaine Gelly (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Violaine Gelly
Violaine Gelly - Charlotte Delbo .Violaine Gelly vous présente son ouvrage "Charlotte Delbo" qu'elle a écrit avec Paul Gradvohl aux éditions Fayard. http://www.mollat.com/livres/violaine-gelly-charlotte-delbo-9782213663128.html Notes de Musique : John Surman Private city - 3 - Not love perhaps
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