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EAN : 9782070365739
320 pages
Gallimard (07/05/1974)
3.8/5   55 notes
Résumé :
L'iris de suse n'a jamais été une fleur (il n'y a pas d'iris à suse) ; c'était en réalité un crochet de lapis-lazuli qui fermait les portes de bronze du palais d'Artaxerxès (voir Mme Dieulafoy).
Ici, il n'est qu'un os minuscule, pas plus gros qu'un grain de sel (au surplus inventé) qui crochète la voûte crânienne des oiseaux.
Que de merveilles dans un crâne d'oiseau (imaginez !), autant que dans un palais persan.
J'ai eu plusieurs fois l'intenti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un roman, le dernier de Jean Giono (écrivain du XX° siècle, scénariste français, "chantre populiste" de la Haute Provence, membre de l'Académie Goncourt) puisqu'édité l'année de sa mort en 1970, qui a la saveur aigrelette de croûtes de roquefort "de collection", adoucies par le moelleux d'une tranche de pain bis, et le fondant d'une "potée de haricots" partagées avec des bergers "rois d'une montagne" pelée aux allures de bout du monde.
Un récit qui flambe comme une gorgée de "vespétro", cette liqueur qui requinque et tourne un peu la tête.
Une histoire simple, celle de Tourniquet, Tringlot,Petit Jules ou Jean Rameau de jour en jour, "un zèbre" qui a fait "sept ans de Biribi" (traduire par travaux forcés) et fuit, magot en poche, ses anciens accolytes.
"Si tu ne sais pas où aller,viens avec moi" propose Louiset, berger "vert comme un épinard" à la tête d'une belle troupe mais plié en deux par une "chiasse" carabinée.
Je retranscris fidèlement ce parler imagé, cette verve truculente, ces perles de culture uniques qui sont la richesse primordiale de L'iris de Suze.
Tringlot, reconverti, tout en récapitulant le soir "les images de Toulon" appartenant à son passé, écoute les bruits qui courent sur chaque habitant de la petite ville d'en face et croise toute une faune haute en couleurs entre gendarmes, brigands,château ( de Quelte celui de Jeanne "aux grands airs, veuve et baronne "miniature à croquer") et forge (actionnée par les gros bras de Murataure époux de l'Absente et amant de l'excentrique baronne).
L'iris de Suse, ainsi que le confie Jean Giono, n'est pas une fleur mais un minuscule crochet de lapis-lazuli repris ici dans l'os microscopique qui "crochète la voute cranienne des oiseaux".
Petit os retrouvé dans les squelettes d'animaux reconstitués par Casagrande,l'Italien, l'ami de Louiset, qui habite le rez de chaussée de Quelte, clef de voute d'un édifice qui ouvre àTringlot la porte d'un palais aux parfum De Grèce antique.
L'iris de Suse, intitulé au départ L'invention du zéro est une ode au zéro point de départ du bonheur, où lorsqu'on a largué ses biens terrestres subsiste une Absente de rien du tout bien plus présente qu'on ne le croit.
Philosophe Jean Giono?
Assûrément!
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Pas d'appréhension en ouvrant un Giono, on sait qu'on ne sera pas déçu.
L'iris de Suse, dernier roman, paru en 1970
Mais qui est ce mystérieux personnage, qui a fait de la prison, qui part avec un troupeau en transhumance, qui se retrouve dans la maison de la baronne ?
Portrait d'un homme qui se transforme intérieurement au gré de sa cavale, et toujours, les paysages de Provence.
Comme toujours, personnages et paysages sont somptueusement et paradoxalement humblement décrits.
Un beau texte encore, même s'il ne figure pas parmi mes préférés de Jean Giono.
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Une histoire simple, celle de Tringlot un nom curieux ! mais qui porte d'autres patronymes.

Il revient de loin Tringlot, des larcins peut être des crimes, l'amour de l'or l'a conduit a faire sept ans de Biribi, de travaux forcés si vous préférez on est en 1904 et la justice ne rigole pas.

Il parait assagi mais allez y voir...
Il se fait discret et Louiset le berger lui accorde sa confiance pour mener la transhumance avec lui, mais le soir Tringlot revoit le passé et surveille ses arrières car manifestement on le poursuit. Ils sont deux à lui donner la chasse, l'un promène une odeur de réglisse, l'autre fait entendre un bruit de clés.

Quand Louiset lui propose de faire la saison là-haut dans la montagne, Tringlot accepte et petit à petit un monde vaste s'ouvre à lui.

Le voilà à Quelte, un château habité par une baronne qui fraye avec Murataure le forgeron du village. Il passe des heures avec Casagrande, un drôle de bougre, un peu médecin, un peu diable qui occupe son temps à nettoyer des squelettes d'oiseaux.

Drôle d'endroit mais peu à peu Tringlot s'y sent chez lui surtout après sa rencontre avec l'Absente, c'est la femme du forgeron, une femme belle mais mutique.
C'est le romanesque porté à son sommet, le récit s'enfonce dans l'extraordinaire, le merveilleux mais aussi le diabolique. Giono n'explique rien, il nous laisse nous faire notre propre idée, chaque personnage est multiple et tour à tour nous effraye, nous emporte dans un tumulte d'impressions. Les plus noirs sont aussi parfois les plus touchants. La folie guette mais aussi l'amour, celui qui rend fou et pourtant mène aussi sur les chemins de la rédemption.

J'ai vraiment tout aimé dans ce roman, les personnages jamais totalement dévoilés, l'amour qui fait fi des conventions, la chronique de la transhumance si pleine de poésie, le conte flamboyant qui se cache derrière le récit.
La langue de Giono est inventive, riche et participe au bonheur de lecture.
Quant à savoir ce qu'est l'Iris de Suze je vous laisse le découvrir en lisant ce roman.

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1904, à Toulon, Tringlot, ancien condamné aux travaux forcés, s'échappe au nez et à la barbe de ses deux poursuivants : Cachou et Porte-clefs repérables et repérés qu'ils sont, l'un précédé d'une odeur de cachou qu'il consomme en quantité, l'autre par le bruit des clés qu'il manipule constamment dans sa poche.
On le retrouve dans la campagne provençale où il croise Louiset, malade, qui mène un troupeau aux alpages ; et qui lui demande de l'aide… Alors nous montons haut, très haut dans la montagne. C'est pour Tringlot la découverte de la montagne et, par la force des choses, d'une autre vie peuplée de personnages insolites et parfois inquiétants : Murataure, Anaïs, l'Absente, Casagrande, la Baronne, la Belle Marchande...
« L'iris de Suse » est le dernier roman de Jean Giono publié de son vivant. On y retrouve les grands thèmes chers à l'auteur, mais aussi la montagne provençale, personnage à part entière du récit. le style, plus dépouillé que jamais rappelle néanmoins les premiers ouvrages tels que « Colline », « Un de Baumugnes » ou « Regain » ; malgré la critique qui évoque un côté opéra bouffe, probablement du fait de certains personnages pour le moins « baroques ».
Un bien beau texte.
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Tringlot, individu trempant dans des affaires louches, quitte précipitamment Toulon vers les montagnes, et doit se fondre dans le paysage en quittant ses habits de citadin pour quelque chose de plus passe-partout. Surtout lorsqu'il décide de suivre un troupeau qui monte dans les alpages.
Tout est nouveau pour Tringlot là-haut, et les discussions à bâtons rompus avec le berger le renseignent sur un monde qu'il ignorait totalement jusqu'alors. Il est intrigué par le comportement de l'un des bergers qui rentre un soir tout défiguré, semblant avoir été sérieusement tabassé, et s'intéresse aussi à une certaine baronne qui vit un peu plus bas, et dont les frasques font jaser dans la vallée. Sans compter les deux individus qui sont lancés à sa recherche, et qui ne lâcheront pas si facilement leur proie…
Je me suis régalée de bout en bout de ce roman, adoré la façon qu'ont certains personnages de parler par métaphores, qui rend le texte un peu hermétique mais ajoute à la poésie, je me suis imaginé avec précision les paysages entre Alpes et Provence, rappelé certains endroits où j'étais passée, j'ai frissonné aux inquiétudes du héros qui ne se sent jamais vraiment en sécurité nulle part, j'ai été absorbée par les intrigues parallèles qui se nouent, j'ai aimé les discussions philosophiques et l'évolution du personnage principal, jusqu'à la fin parfaite !
Concernant le titre, sachez que l'iris de Suse n'est absolument pas une fleur, mais un os, un petit os de la voûte crânienne des oiseaux, os imaginé par l'un des personnages, semblerait-il…
Bref rien ne vaut un classique de derrière les fagots pour vous réconcilier avec la littérature !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Au matin, le vent tomba, laissant un grand silence. Le ciel se dressa sur la neige comme un mur noir.
- “J'insiste, dit Casagrande. Je sais que vous pourriez partir malgré les congères, mais restez : j'ai besoin de vous. N'entrons pas dans les détails. Si nous entrions dans les détails, nous serions perdus. En gros, voilà de quoi il retourne : il me faut un compagnon; pour cent mille raisons : l'âge, apparemment, et surtout l'usure. J'ai battu en retraite toute ma vie, depuis l'université de Florence jusqu'à Quelte ; le chemin est long et sans intendance; je me suis nourri de ma propre substance et il n'y avait pas gras au départ. Finalement, ici, j'ai été acculé à un balcon; je domine mais la tête me tourne et de plus en plus. J'ai besoin d'un point d'appui.”
Il s'entoura de précautions et de phrases contournées; en même temps, à la dérobée, il délivrait un regard à la fois très pointu et très bleu.
« Ça tombe à pic, se dit Tringlot. je voulais rester et je ne savais plus comment tourner mon compliment. »
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À mesure que l'heure passait, la lumière écartait davantage les branches de son éventail ; des décors s'effaçaient, d'autres se dressaient : un pan de forêt en écailles noires, des rochers ruinés qui échangeaient quelques gros oiseaux, la couronne grenat d'un village de bois au sommet de vertigineuses prairies, la chapelle de Saint-Basile (dit Loubet) avec son clocher en fer de lance, en équilibre dans de fragiles éboulis d'argent, une étroite chute d'eau dressée immobile sur le socle des bosquets, bourdonnant comme un bourdon, une forteresse dépenaillée dans des ardoises, la fourrure des frênes le long des sentes, les éclats de lumière dans les pierriers, les jardins potagers très hauts, gros comme des timbres et peints en violet à coups de pioche
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- Ces grandes bringues sont toujours des paquets de nerfs. Celui-là avait certainement ses habitudes : une petite écurie et de la compagnie, peut-être un âne ; ou même un cochon qui circulait dans sa litière. Vous le mettez ici, tout seul et dans une écurie immense, regardez-moi ça ! Il s’est fait tout de suite des idées pas très catholiques et de moins en moins catholiques. Comment voulez-vous qu’il traîne votre boggey ? Il a d’autres chats à fouetter : il vous déteste.
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Louiset eut juste le temps de dire : "Ça va dégringoler !" Ils furent abasourdis par un silence particulier, puis le fracas fut entonné à pleine voix par toutes les vallées. Quelques énormes gouttes grêlèrent comme des noix et un vent furieux emporta des blocs de pluie entrechoquées. Les claquements du fouet de la foudre ne cessaient pas, ni, de tous les côtés, la galopade des tombereaux du tonnerre.
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Au milieu de la nuit Tringlot s'éveilla par pur plaisir :
le vent ronronnait, il se caressait contre la maison
comme un chat p 1079
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Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
+ Lire la suite
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