Le petit garçon qui avait envie d'espaceJean Giono
illustré par
François Place
Folio Cadet, 37p, 2007
C'est un petit garçon d'un milieu modeste qui habite un pays de plaines, avec des murailles de haies qui empêchent de voir le paysage qui doit être vaste et beau. Il a beau monter dans un arbre, au risque de déchirer sa culotte, il ne voit rien de plus que s'il était resté en bas. Alors il continue à se promener avec son père qui pour le distraire et pour la énième fois, l'emmène voir le moulin ou chercher du miel à la ferme.
Lors du repas du soir, son père lui donne un doigt de vin sucré. le moment où le sommeil arrive est d'une richesse inouïe : dans le lit, l'enfant voit un arbre immense, dans le feuillage duquel se trouve un escalier en colimaçon. le feuillage sent merveilleusement bon, il miroite sous le soleil, il bruisse comme d el'eau paisible. Et l'espace s'ouvre à lui, un tapis multicolore avec de nombreuses formes différentes. le tapis de l'espace rejoint celui du ciel. L'oeil peut voir loin et même se perdre -ne dit-on pas à perte de vue ?- dans cette immensité, mais l'oeil ne se perd pas, il englobe et s'ouvre davantage.
de plus, l'enfant vole comme un oiseau. S'il a peur au moment de voler, il surmonte cette peur. le spectacle est si beau. D'énormes étincelles bleues, à savoir les mésanges à têtes bleues qui mangent les abeilles, éclatent.
L'enfant s'émerveille. Il sait désormais faire quelque chose de très important.
Mon jeune lecteur, à qui je présente
Giono -quand même- ne s'émerveille pas. Même les illustrations de
François Place, très évocatrices, et qui invitent à la pause pour qu'on les regarde bien, ne l'arrêtent pas. Il n'est pas sensible à cette ode à la nature et à sa beauté, ni à la complicité entre le père et l'enfant qui partagent des secrets. Son imagination traîne ailleurs. du coup, il manque les belles citations qui se trouvent sur un des volets de la couverture : A celui qui demande le voyage à son âme la terre suffit. Il ne peut en épuiser les richesses. le but est la liberté. Mais mon jeune lecteur est le prisonnier volontaire des héros aux super-pouvoirs.