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EAN : 9791025604076
Editions Thélème (22/11/2018)
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4.16/5   637 notes
Résumé :
Sur le rude plateau provençal de Grémone, quelques hommes peinent tristement sur leurs terres, chacun de leur côté. Ils comprendront le message de joie et d'espérance que leur apporte le sage Bobi, vagabond au cœur généreux, et, malgré les difficultés de l'existence, la joie renaîtra sur le plateau.
Que ma joie demeure est un hymne à la vie, un chant merveilleux en l'honneur de la nature, des hommes et des animaux.
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Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
4,16

sur 637 notes
Ça parle de joie. Ça parle de tous ces petits plaisirs qui amènent le sourire et qui font qu'on se sent plus léger... Lorsqu'on réalise qu'on a besoin de pas grand-chose pour se sentir immensément bien ; lorsqu'on prend conscience qu'on ne devrait pas demander beaucoup plus que ce qu'on a financièrement, matériellement, parce que ce qu'on a profondément besoin, c'est d'autre chose.
Ça parle d'abord d'une rencontre qui nous change. La rencontre d'un homme un peu magicien, un peu sage aussi, qui a ce don-là : savoir ce qui peut donner de la joie aux autres, à ces autres hommes qui l'ont perdue depuis bien longtemps. Cet homme leur apprend peu à peu comment connaître cette joie au fond de soi. (Ça ne parle pas d'un hypothétique symbole religieux. Ma petite critique est athée, païenne et parle à tous).
Ça passe par de toutes petites choses, si simples, tellement naïves peut-être, au fond si élémentaires. C'est pouvoir admirer les fleurs aux couleurs chatoyantes, aux odeurs enivrantes. C'est être enchanté à la vue d'un champ de blé, de coquelicots ou de lavande. C'est regarder le ciel, les nuages, les couchers de soleil rougeoyant, les étoiles. C'est s'asseoir sur une plage et regarder la mer, voir les vagues se fracasser contre les rochers, marcher pieds nus dans le sable, sentir chaque grain de sable contre la plante de son pied. C'est fermer les yeux et écouter le bruit des vagues, faire battre son coeur à leur rythme, humer l'air iodé, prendre de larges bouffées d'oxygène, respirer. C'est regarder les mouettes, les petits oiseaux migrateurs, les oyats danser doucement sous la brise. Sentir les rayons du soleil sur sa peau. Sentir le coeur plein, presque lourd, tellement c'est beau. C'est ouvrir grand les yeux à tout ce qu'il y a de magique autour de nous, comme des enfants. D'éternels enfants. C'est être curieux. Savoir encore se laisser surprendre par la beauté de la nature, de la faune, de la flore. Savoir encore s'émerveiller.
Ça parle du corps, de cette conscience du pas qu'on place l'un devant l'autre. de chaque mouvement de son corps, même infime, lent. Cette conscience comme éveillée, réveillée, que l'on retrouve enfin de tous ces gestes. de tous nos gestes.
Ça parle d'envie. de toutes sortes d'envie : de chanter, de danser, de bouger, de la main de l'autre qu'on prend dans la sienne, du contact des peaux, d'étreintes, du parfum, des odeurs des autres. du corps qui se met à vous parler. Ce corps qui vous parle de toutes ces impressions, de chaleur, d'embrasement. de vie.
C'est parler aux autres. Se donner la peine de parler aux autres. Leur envoyer un message. Prendre de leurs nouvelles. C'est un simple mot. Un petit sourire, tout simplement. C'est un petit rien. Un simple petit rien qui amène la joie. Même le silence. C'est apprendre que lorsqu'on donne aux autres, on est plus riche. C'est apprendre que lorsqu'on partage, on est plus humains.
C'est être ensemble. Passer du temps avec ceux qu'on aime. Donner de l'affection, de la tendresse. C'est être capable de dire à tous ces gens qui font partie de notre vie combien on les aime. C'est être capable de dire « je t'aime ».
Ça parle de toutes ces petites choses que, parfois, on ne remarque plus, que parfois on a oublié. C'est penser à faire toutes ces petites choses, s'offrir ces petits plaisirs. Ça parle de toutes ces petites choses de la vie si futiles mais indéniablement si utiles à notre humeur. Ça parle de ce lâcher prise aussi, parfois nécessaire. de prendre du temps, de prendre le temps.
Ça parle au coeur et à l'âme.
Ça parle de poésies qui réchauffent le coeur. Ça parle de livres comme celui-là qui donne le sourire. Un sourire qui reste. de ces sourires qu'on a toujours aux lèvres lorsqu'on lève les yeux du roman et qu'on a toujours en regardant les autres passagers du métro. Et parfois de cette joie lorsqu'ils remarquent ce sourire et qu'ils nous le rendent en retour. Juste comme ça. Gratuitement.
Ça parle de cette sensation de se sentir plus léger, le corps comme en apesanteur. Ça parle de toutes ces petites choses qu'on apprend pour ressentir la joie. de ces petits moments qu'on fait entrer en nous et qu'on garde précieusement, comme le plus doux des trésors.
Ça parle de la joie. de la joie à faire partager ce moment. de la joie des autres qu'on peut imaginer s'il leur prenait l'envie d'un petit peu de bonheur en lisant ce roman si frais, si profond, si beau et qui fait tellement de bien.
Ça parle d'un petit billet pour un livre tellement important, tellement vital. Un petit billet d'une simplicité presque naïve. Un billet tout simple pour remercier Jean Giono, où qu'il soit, de m'avoir donnée ces sourires plusieurs jours durant, de m'avoir emplie le coeur en me rappelant les choses de la vie.
Parce que, finalement, avec les actualités si terribles qui nous donnent des maux de coeur, des larmes aux yeux, et tant de désespérance en l'être humain, avec tous les tracas de la vie quotidienne, ces journées grises et sans soleil, ces journées harassantes de boulot, ces petits désaccords ou brouilles avec les autres, cette profonde solitude, ces questions sur le sens de la vie, de temps en temps, il faut prendre le temps d'un peu de calme, profiter du silence ou pourquoi pas d'une musique qui nous fait planer, de se nourrir de beauté, d'étreindre la vie, pour pouvoir supporter tout cela.
Parce que, malgré tout ça, ce qu'on souhaite, c'est que la joie soit la plus forte. C'est qu'elle fasse de la résistance et remporte la lutte. Tout ce que l'on souhaite, c'est que la joie advienne. Et que la joie demeure.
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Depuis le temps que l'un de mes amis, amoureux fou des livres de Jean Giono, me disait qu'il fallait que je lise ce livre, ça y est, j'ai enfin pris le temps de suivre ses conseils, de mettre en stand-by mes lectures en attente et de lire cet ouvrage-là !
Et il est vrai qu'il est toujours de bons conseils et je ne regrette, o combien pas, de l'avoir écouté !

Cet ouvrage, c'est avant tout une hymne à la joie, un souffle de vie qui se pose sur nous, lecteurs, souvent trop occupés dans notre petit monde que nous en oublions trop souvent d'en revenir aux choses essentielles, aussi simples soient-elles. D'ailleurs, ces choses-là sont tellement simples et nous paraissent tellement couler de source que nous n'y faisons même plus attention. Quel chef-d'oeuvre que la nature, le vent qui nous caresse le visage, les fleurs qui éclosent, les champs de blé et tant d'autres encore. Oui, tout cela, Giono nous le rappelle ici pour pas que l'on oublie ! Ici, l'histoire se déroule sur la plateau de Grémone dans les Alpes-de-Haute-Provence où Jourdain, propriétaire et agriculteur, réside avec sa femme Marthe. Malheureux ? Non, on ne peut pas le dire mais il sait qu'il lui manque quelque chose pour qu'il soit complètement heureux mais quoi ? Il a tout ce qu'il lui faut, une ferme avec des terres à cultiver, une épouse aimante et des voisins avec qui il entretient des relations on ne peut plus cordiales, alors quoi ? Que pourrait-il rêver de plus ? Il ne le sait pas encore mais ce qui lui manque, c'est voir la vie autour de lui, et cette vie -là, c'est Boby, un jeune acrobate un peu poète qui va la lui apporter. de quelle manière ? Cela, je ne vous le dirai pas car le roman est essentiellement basé là-dessus et celui-ci est trop beau pour que je vous laisse le soin de le découvrir par vous-mêmes !

Une véritable bouffée d'oxygène ! Dans cet ouvrage, le lecteur en vient lui-même à se poser des questions sur ce qui lui manque vraiment à lui, pour profiter tout simplement de la vie et là, je ne pense pas à des choses matérielles car c'est certain, l'Homme est ainsi fait qu'il veut toujours plus mais si il prenait simplement le temps de regarder un coucher de soleil et de se dire :"Ouawh ! C'est superbe et ce qui l'est encore plus, c'est que je suis vivant !".
A découvrir et à faire découvrir !
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Que ma joie demeure narre la vie de gens habitant un hameau agricole situé sur le plateau Grémone en Haute-Provence .La vie est monotone et routinière .Il y manque la joie de vivre .Mais voilà qu 'arrive dans ce lieu ;un amuseur public .un acrobate itinérant Bobi .Ce dernier rencontre le fermier Jourdan qui vit en compagnie de sa femme .Ma la tristesse plane là sur le hameau et a qui il manque ce petit quelque chose ou le grain de sel qui rend la vie belle et désirable .Mais Bobi qui a une vie simple et qui porte un un autre regard sur l 'existence et tout ce qui l 'entoure .Avec sa façon de vivre ,Bobi va emmener les gens à se contenter de vivre juste avec ce que l 'on possède et ne pas accorder de l 'importance à ce qu 'on ne possède pas .Il faut que les gens sortent de leur coquille et à regarder la nature dans toute sa diversité : la beauté d 'un ciel bleu .les arbres .les oiseaux .lla nuit où luit la lune .La rosée au lever du jour : il faut essayer de vivre en harmonie avec la nature .Partager les bons moments avec les autres et être solidaires .
Un roman fort agréable et écrit avec une grande simplicité .L 'auteur excelle dans la description de la nature avec toutes ses manifestations .On ne peut qu 'aimer ce livre .
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On est sur la plateau de Grémone dans les Alpes-de-Haute-Provence où Jourdain le fermier et sa femme Marthe vivent chichement...
Une terre à cultiver, une femme aimante, des voisins agréables, voilà le vrai bonheur...
A moins que...
A moins qu'il ne lui manque quelque chose au Jourdain...
Mais brisons là : voilà Boby, vague poète et acrobate qui arrive au village...
Une oeuvre magistrale, même si, à sa parution en 1935 elle n'a pas fait l'unanimité de la critique...
Une texte lyrique qui reste pour moi une ode au retour à la terre ; contre la modernisation qui sépare l'homme de la nature, et l'homme de l'homme.
Remarquable !
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Dans les Alpes de Haute Provence, sur le plateau de Grémone, quelques paysans vivent là, isolés les uns des autres. Des vies simples mais sans joie, rythmées par le passage des saisons.
Par une nuit limpide, illuminée d'étoiles, un homme, Bobi, saltimbanque, va apparaître et s'installer chez Jourdan, paysan résigné. A son contact les gens du plateau vont découvrir le plaisir d'être ensemble, la solidarité, le partage, la beauté des choses. L'homme n'a pas besoin que de blé, il a besoin de joie, il a besoin d'amour, de poésie…
Un très beau texte, magnifiquement écrit, et qui reste d'actualité, sur notre rapport à la nature, aux animaux sauvages et domestiques, aux autres, à notre propre vie. Sur la nécessité de l'inutile, l'éveil au monde qui nous extrait de notre ennui, la fête qui nous rapproche de nos semblables. Mais l'aspect tragique de l'existence humaine reste présent malgré une volonté d'optimisme : la violence des éléments climatiques, la solitude, le désespoir, la mort volontaire, le handicap, le combat permanent qu'il faut mener car la joie sans cesse nous échappe…
Un livre lumineux à méditer .
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critiques presse (1)
LeMonde
20 mai 2019
Pour le philosophe, écouter Giono, c’est sortir du brouillard et ressentir de tout son être l’urgence d’une solidarité inconditionnelle, ­gratuite entre les hommes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (354) Voir plus Ajouter une citation
Ce passage selon moi, résume à lui seul, la primauté de l'art. La nécessité d'enchanter la vie et d'y mettre du merveilleux, de l'invention, de l'inattendu. Que serait triste notre existence sans cela. :-)

"Jourdan, tu te souviens d'Orion fleur de carotte ?
- Je me souviens
- Le champ que tu labourais, le tabac que tu m'as donné ?
- Je me souviens
- Tu m'as demandé : "N'as-tu jamais soigné les lépreux ?"
- Je me souviens comme d'hier. Tu m'as répondu: "Non; je n'ai jamais soigné les lépreux."
- Tu traînais une grande peine.
- Oui
- Plus de goût
- Non.
- Plus d'amour.
- Non.
- Rien.
- La vieillesse, dit Jourdan.
- Tu te souviens, dit Bobi, de la grande nuit ? Elle fermait la terre sur tous les bords.
- Je me souviens.
- Alors je t'ai dit: regarde là-haut, Orion-fleur-de-carotte, un petit paquet d'étoiles.
Jourdan ne répondit pas. Il regarda Jacquou, et Randoulet, et Carle. Ils écoutaient.
- Et si je t'avais dit Orion tout seul, dit Bobi, tu aurais vu les étoiles, pas plus, et, des étoiles çà n'était pas la première fois que tu en voyais, et çà n'avait pas guéri les lépreux cependant. Et si je t'avais dit : fleur de carotte tout seul, tu aurais vu seulement la fleur de carotte comme tu l'avais déjà vu mille fois sans résultat. Mais je t'ai dit : Orion-fleur-de-carotte, et d'abord tu m'as demandé : pardon ? pour que je répète, et je l'ai répété. Alors, tu as vu cette fleur de carotte dans le ciel et le ciel a été fleuri.
- Je me souviens, dit Jourdan, à voix basse.
- Et tu étais déjà un peu guéri, dis la vérité.
- Oui, dit Jourdan





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Honorine avait préparé le repas du soir. Elle mettait le couvert sur une table demi-ronde, appuyée au mur. Elle allait chercher les assiettes dans le placard et chaque fois elle dérangeait le berger, le Noir, assis sur des sacs vides, devant l'âtre et qui radoubait les lanières d'un fouet de bergerie.

    - Qu'est-ce que tu penses ? dit Randoulet.

Il y eut un moment de silence. puis Honorine dit : 

   - Qui, moi ?

   - Non, dit Randoulet, le Noir.

   - Moi ? dit le Noir.

   - Oui

Il s'arrêta de tresser les lanières.

   - Penser quoi, de quoi ?

   - Les moutons ?

   - C'est des moutons comme les autres fois.

   - Le bélier ?

   - C'est un bélier.

   - Étant mené au printemps, dit Randoulet, tu crois qu'il va remplir les brebis ?

   - Il les remplira, dit le Noir.

Il recommença à tresser sa longe.

   - Et les agneaux ? dit Randoulet.

   - Ça sera des agneaux, dit le Noir.

   - Venez, dit Honorine. Voilà la soupe.

 Le Noir mit son fouet dans le coin de l'âtre, poussa les sacs, prit la chaise, s'assit.

   - Qu'est-ce que tu veux dire ? dit-il.

   - Rien, dit Randoulet

 Il coupait du pain dans sa soupe. Il ouvrit son couteau, il l'essuya à ses pantalons.

   - Savoir, dit-il, si on gardait les bêtes au lieu de les revendre tout de suite ; si on les gardait un peu plus ?...

   - À ton idée, dit le Noir.

   - Mais qu'est-ce que tu penses, toi ?

   - Tu les garderais comment ? demanda Honorine.

   - Ce que je pense, dit le Noir, c'est difficile. Il faudrait savoir ce que véritablement tu veux faire.

   - Véritablement ? Q'est-ce que tu veux que je te dise ? Ce que j'aie envie de faire, c'est les garder, faire remplir les brebis, avoir les agneaux, attendre. Avoir peut-être un autre bélier, l'acheter ou n'importe. Attendre peut-être qu'un jeune soit capable. Encore faire remplir et attendre, voilà. Les garder, quoi !

   - Pourquoi faire ? dit Honorine

   - On verrait par la suite.

   - Bien sûr, dit le Noir.

   - Attendre quoi ? dit Honorine.

   - Tais-toi, dit Randoulet.

" Ce que je veux dire, dit-il, est facile à comprendre. Si on regarde ici tout ce qui est à nous, ça va de la route jusqu'au rebord de Chayes et c'est tout en prairies, les plus grasses du plateau. Est-ce la vérité ?

   - Oui, dit le Noir, sauf derrière l'étang où l'herbe est farcie de joncs.

   - Bon, dit Randoulet, mais de ce côté-ci ?

   - De ce côté-ci, dit le Noir, je t'ai toujours dit que c'était magnifique.

   - Et combien ça peut porter de moutons ?

   - À perte de vue, dit le Noir.

   - Ne parlons pas de perte de vue. Tu vois loin toi, mais tout en restant dans la chose humaine, cent cinquante, deux cents ? ...

   - Cinq cents avec aisance, dit le Noir.

   - Voilà, dit Randoulet.



Il chercha la salière. Il poivra sa soupe. Il la goûta. Elle était tiède. Il mangea deux ou trois cuillerées.

   - Des moutons libres, dit-il, j'ai envie de belles bêtes. 

   - Et, dit le Noir, tu as vu le cerf de Jourdan ?

   - Oui.

 Randoulet resta un moment à regarder l'ombre. Il n'y avait presque pas de bruit dans la maison, sauf le bruit du feu. Honorine écoutait le rêve des hommes...
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Et voilà ; il a tout. C'est nous qui le disons. Quand il fait son compte, lui, il sait qu'il n'a rien. Tu as tout. Oui. Pour les autres, il semble, puisque tout est là, devant toi, tu n'as qu'à prendre. Mais l'appétit ? Ah ! C'est ça, l'important ! Donne du faisan à un qui a envie de vomir. C'est ça la chose. C'est une question de corps. Au fond de tout, il faut que ton corps désire. Sinon, tu as beau avoir tout, tu as tout mais tu ne te sers de rien [...]
Avec l'habitude qu'on a prise, maintenant, toute notre vie c'est lutter, et nager, et se battre pour ne pas sombrer. Tout. Que ce soient tes bestiaux, que ce soient tes semences, tes plantes, tes arbres, il faut que tu te gendarmes contre tout. Ce que nous voulons, il semble que le monde entier ne le veut pas. Il semble qu'il le fait par force. Ca a dû nous donner un dégoût de tout, à la longue. Ca a dû obliger notre corps à une fabrication quelconque, est-ce qu'on sait ?... Le monde nous oblige bien à faire du sang. Nous fabriquons peut-être, sans le savoir, un sang spécial, un sang de dégoût et, au lieu de charrier dans notre corps partout, aux bras, aux cuisses, au coeur, au ventre et aux poumons un sang d'appétit, notre grand tuyautage nous arrose avec du sang de dégoût.
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"Il faudrait que la joie soit paisible. Il faudrait que la joie soit une chose habituelle et tout à fait paisible et tranquille, e non pas batailleuse et passionnée."
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"J'ai essayé, dit-il, de me faire une compagnie avec toutes les choses qui ne comptent pas d'habitude. Je vais vous paraître un peu fou et je dois être un peu fou. Je me suis fait doucement compagnie de tout ce qui accepte amitié. Je n'ai jamais rien demandé à personne parce que j'ai toujours peur qu'on accepte pas, et parce que je crains les affronts. Je ne suis rien, vous comprenez ? Mais j'ai beaucoup demandé à des choses auxquelles on ne pense pas d'habitude, auxquelles on pense, demoiselle, quand vraiment on est tout seul. Je veux dire aux étoiles, par exemple, aux arbres, aux petites bêtes, à de toutes petites bêtes, si petites qu'elles peuvent se promener pendant des heures sur la pointe de mon doigt. Vous voyez ? A des fleurs, à des pays avec tout ce qu'il y a dessus. Enfin à tout, sauf aux autres hommes, parce qu'à la longue, quand on prend cette habitude de parler au reste du monde, on a une voix un tout petit peu incompréhensible."
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Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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