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Chantal Wourgaft (Traducteur)
EAN : 9782070420209
224 pages
Gallimard (05/09/2001)
3.93/5   136 notes
Résumé :
Jadis concertiste réputé à Carnegie Hall, Eddie a tout perdu à la suite de la trahison et du suicide de son épouse Teresa. Depuis sept ans, il gagne sa vie en jouant du piano dans une boîte de Philadelphie. C'est là que vient le rejoindre Turley, un de ses malfrats de frères qui a escroqué l'Organisation et se trouve, depuis, pourchassé par deux tueurs. Pour l'avoir aidé à s'échapper, Eddie est kidnappé par les truands qui enlèvent également Lena, une serveuse qui t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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♫ DOucement, entrez, entrez…

REstez au fond et asseyez-vous… Laissez-vous bercer par les notes magnifiques du pianiste Edward Lynn et profitez d'une p'tit e bière bien fraîche servie par Léna !

MInute, vous n'allez pas nous quitter si vite avant d'avoir tout bu et écouté la fin du morceau joué par Eddie ! Ne vous fiez pas au décor démodé et vieillot du « Harriet's Hut ». C'est un de ces bars de Philadelphie où il fait bon boire jusqu'à plus soif en profitant de la bonne musique.

FAut pas non plus avoir peur de la très grosse femme et du non moins imposant bonhomme qui vous cherche du regard. Harriet, c'est juste la patronne et Wally son copain et videur surnommé l'ours pour ses mensurations hors norme.

SOLlicité par Turley, le frère d'Eddy qu'il n'a pas vu depuis des années, vous allez assister dans quelques minutes à une vraie tragédie comme dans une pièce de théâtre. Vous passerez des belles retrouvailles aux souvenirs douloureux, des poursuites entre voyous aux terribles bastons fatales sans oublier quelques flirts amoureux qui finissent mal en général…

LA description des scènes du bar et l'évocation du passé d'Eddy pendant les deux premiers tiers du roman sont fantastiques. Pour un amateur de romans noirs, je tire mon coup de chapeau à David Goodis, un auteur que n'avais malheureusement jamais lu auparavant.

SI seulement David Goodis s'était contenté de terminer son histoire dans le même lieu, j'aurais crié au chef d'oeuvre. Malheureusement, la dernière partie, paradoxalement tournée vers des scènes d'action plutôt improbables, m'a beaucoup moins enthousiasmé et s'avère même d'intérêt quelconque.

DOrenavant, je garderai tout de même en mémoire le chapitre consacré aux souvenirs à la fois heureux et dramatiques du pianiste Edward Lynn écrit d'une manière exceptionnelle par David Goodis. A lire impérativement pour vivre cette gamme d'émotions XXL que nous délivre l'auteur américain en seulement quelques deux cent pages… ♪
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David Goodis était il y a encore un mois un parfait inconnu pour moi. Au hasard de mes pérégrinations sur Babelio, je suis tombée sur sa bibliographie. J'ai relevé avec intérêt que plusieurs de ses livres ont été adaptés pour le cinéma français dont celui de François Truffaut intitulé « ne tirez pas sur le pianiste ». Histoire de continuer à battre ma coulpe, il faut que je rajoute que je n'ai vu aucun des films tirés de l'oeuvre de cet auteur qui semble assez méconnu de l'autre côté de l'Atlantique.
Et puis, voilà… je suis tombée sur ce livre et ….
Et je suis carrément sortie subjuguée par la lecture de ce livre ! Quelle histoire ! Quelle noirceur ! Et quel style !
Je vais planter le décor : Nous sommes dans l'Amérique des années 50… Imaginez un bar, genre bouge au fin fond d'une rue sombre de Philadelphie. le pianiste, Eddie, égrène tranquillement des mélodies sans se soucier des clients qui passent et qui défilent dans ce bar…Il semble vivre dans sa petite bulle…
Et puis soudain, sa bulle éclate….En la personne de son frère, poursuivi par deux gars à l'allure plus que louche et dangereuse… Et Eddie va devoir se réveiller…et se positionner…Ce qui va impliquer qu'il se rappelle son chemin de vie car quelques années auparavant, Eddie était Edward Lynn, pianiste concertiste à Canergie Hall. Comment en est-il arrivé là ? Car une chute aussi spectaculaire ne se produit pas comme ça…
Les choix d'Eddie, (mais a-t-il vraiment le choix ?), vont l'amener une fois de plus à avancer sur le chemin du désespoir et de la déchéance… Et qu'est ce qui rime le mieux avec désespoir que noir c'est noir ?
A la fin de la lecture de ce petit bijou, je n'ai pu que comprendre pourquoi François Truffaut en a tiré un film (qu'il faudra bien que je visionne un jour d'ailleurs !).
Une chose est sure à l'issue de cette lecture, « Tirez sur le pianiste ! » est certes le premier livre que je lis de David Goodis, mais surement pas le dernier, car cet auteur mérite vraiment le détour !



Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge ABC 2019/2020
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Roman culte de la série noire, Tirez sur le pianiste est avant tout le roman de la déchéance. Celle d'Eddie, jadis pianiste réputé, faisant salle comble à Carnegie Hall, qui a tout perdu depuis le suicide de sa femme.
Alors qu'il tient le piano dans un bar miteux de Philadelphie pour gagner sa vie, Eddie est rattrapé par son passé, où plutôt par son frère, un malfrat de petite envergure qui le supplie de l'aider à fuir ses créanciers...Bien malgré lui, Eddie met ainsi le doigt dans un engrenage qui le contraindra à prendre la fuite à son tour, embarquant au passage la belle Lena, serveuse dont il s'est épris.
Comme dans tout roman noir qui se respecte, les femmes tiennent ici un rôle central, architectes à la fois de la déchéance et de la rédemption d'Eddie. Sombre au possible, cette oeuvre est portée par des personnages forts et d'une justesse incroyable.
Tirez sur le pianiste, c'est la vie qui ne fait pas de cadeaux, un destin en forme d'aller simple pour le désespoir qui semble fixé d'avance. Mais on y perçoit aussi quelques bribes d'espoir lumineuses et solaires, la possibilité d'un amour salvateur.
Un chef-d'oeuvre de la littérature noire qui fait encore mouche aujourd'hui.
Truffaut ne s'y est d'ailleurs pas trompé en l'adaptant pour le cinéma en 1960.
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Le roman :

Années 50. USA. Philadelphie. La neige, le froid, le silence d'une ville qui dort. L'hiver d'un monde, celui des esseulés du bout de la nuit, de celles et ceux qui ne supportent plus les draps gelés sans quelqu'un à leur côté. Un quartier perdu, ses ruelles sombres qui se faufilent dans la poix du brouillard, le halo pale de rares réverbères, l'enseigne lumineuse d'un bistrot-bastringue. On y gueule, on y chante, on y rit, on y boit, on s'y met sur la gueule, on y emballe l'âme soeur d'une nuit … lorsque des affinités se révèlent, la peur du jour qui monte effraie tant la solitude qui guette …

Les notes d'un piano, guillerettes et suspendues dans l'air et l'instant … venues du fond de la salle, à l'arrière-plan des silhouettes qui dansent, se cherchent et se repoussent, au-delà de la brume du tabac. Un musicien seul au monde, presque comme il se doit dans ce genre de lieu, dans ce genre d'ambiance, dans ce genre de polar.

Les notes, sur les touches du clavier, pour assourdir le bruit des autres, pour affaiblir ce passé qui gigotte encore en lui comme celle d'un canard à la tête coupée qui court toujours. La musique pour que se fasse le silence d'une vie dont il ne veut plus mais dont il a peur de se séparer.

Avant, on savait qui était Edward Webster Lynn : un nom en grosses lettres tout en haut de l'affiche, pianiste solo de renom international, tant de fois sur scène à Carnegie Hall ou ailleurs dans le monde, dans les salles de concert les plus huppées. Une belle épouse, des dollars sans compter, de quoi ne se soucier de rien, la belle vie, le bonheur à tous les étages. Sauf qu'on oublie si vite quand … rien ne se perd et tout se transforme pour le pire.

Maintenant, sept ans plus tard, le musicien n'est plus rien, l'homme non plus. Plus qu'Eddie tout court, silencieux et renfermé, revenu de tout. Il est l'ombre discrète qui joue du piano droit brinquebalant dans le fond d'un café-concert enfumé des bas-fonds de la ville et passe le balai sur la sciure au sol quand les gogos, les poivrots, les grandes gueules, les putains et les filous s'en sont allés où s'en va la nuit : vers le néant de l'aube.

« Non mais, regardez cette pauv' cloche devant sa casserole de piano ! Alors qu'il devrait être lingé comme un prince »

Eddie rentre chez lui quand le petit jour éteint les réverbères, le sommeil l'y attend, sa vie ainsi soufflée comme la flamme d'une bougie. Son passé rabougri, son présent en stand-by, son futur bradé. le silence de l'oubli.

Et il y a le frangin, revenu de nulle part, qui réclame de l'aide alors que la pègre le course, qui va déclencher un foutoir sans nom dans lequel Eddie va peut-être retrouver une raison de vivre ; Léna la serveuse qui frétille de vie à sa portée et allume en lui encore un semblant d'amour à concrétiser (elle n'attend que çà); Clarice qui tapine et lui fait çà quelquefois gratos, histoire de ne pas rester seule dans le noir.

« Maintenant, à trente-deux ans, elle était toujours acrobate, mais pas sur scène. ça se passait à l'horizontale, sur un matelas, moyennant la somme de trois dollars la performance. »

Roman de la nuit, encre de chine pour nuits blanches, noir polar des paumés à la poursuite de ce qu'ils furent en d'autres temps et d'autres lieux, des voyous de la pègre en gabardines et feutres de guingois, des alcoolos et des enschounfés, des profiteurs de tous poils qui règnent quand dort l'autre monde. Portrait en noir et blanc des 50's US de l'autre côté de l'American Way of Life. L'auteur y rumine le blues et la scoumoune, le désespoir, la déchéance morale et physique, la dégringolade sociale, celle qui froisse les poissards et les ratatine à la plus simple expression d'eux-mêmes, celle qui les retourne comme un gant empli de néant et de rien qui n'en vaille la peine.

Il me faut des mots, beaucoup trop, pour décrire l'ambiance et les circonstances qui amorcent le récit : Goodis, sobre, use de courtes phrases, celles qui font choc et mouche simplement, des mots soigneusement ciblés et sûrs, sans détours et sans cesse en coeurs de cible. Sans s'épandre en digressions, il nous sert des portraits complexes et travaillés au plus près. Son astuce suprême est d'user d'une science consommée des dialogues, qui se veulent abondants et rapides, l'action en est accélérée, ce qui rend ce court roman encore plus bref. Son phrasé est argotique, emprunt des mots de la rue, des expressions qui courent au ras du bitume. Son personnage central se parle à lui-même entre survie et résignation : noir c'est noir.

« Tirez sur le pianiste » est typique de l'auteur, de ses thèmes noirs et de ses personnages rongés par leurs ténèbres intérieures. Goodis y décrit au plus près des serpillières de vie gorgées de sève noire et épaisse, des existences grises ou tourmentées de vies en impasses borgnes, des avenirs en culs-de-sac ou attend la mort ou simplement le néant.

Tout cela sent le jus noir et épais d'un blues poisseux et âpre, à la rythmique obsédante inlassablement répétée, aux paroles de misère et de désespoir qui vont avec. Les accords funèbres, plaqués sur l'ivoire des touches, claquent et résonnent tout du long d'une nuit ou d'une sans fin et sans espoir.

« Tirez sur le pianiste » est en 1956, son année de parution, un polar noir aux mots crus, aux expressions argotiques d'un auteur semble t'il maudit qui attendra la consécration quand quelques-uns de ses romans seront adaptés au cinéma. Truffaut y viendra en 1960, mais c'est une autre histoire.



Le film :
François Truffaut, pour son second long-métrage, adapte le roman et offrira une version à mon sens décalée et personnelle.

Le film est fidèle à Goodis, sans l'être vraiment tout à fait, des modifications s'y opèrent : de lieu (Paris en place de Philadelphie), de personnages (Eddie n'a pas assez de deux frères, Truffaut en crée un troisième qui n'apporte pas grand-chose à l'intrigue), d'ambiance (le ton est aux clins d'oeil amusés jetés sur la gente féminine via des seconds rôles prégnants)

Avec Charles Aznazour (Eddie), Marie Dubois (Lena) bientôt la fille du guignol dans « La grande vadrouille », Michelle Mercier (quelle plastique.. !) dans le rôle de Clarice (future « Angélique, Marquise des Anges »).

Apparition remarquée de Bobby Lapointe interprétant deux de ses chansons, « Marcelle » et « Framboise », dont l'humour absurde parait paradoxalement en phase avec le réalisme du récit et le ton général du film.

Le film perd une bonne part de la dimension dramatique du roman, s'adoucit sans s'appauvrir, flirte parfois avec l'humour (il n'y en a pas une once dans la prose de Goodis) et le détachement, mais retrouve le chemin voulu par Goodis en alliant le fatalisme du polar noir et celui d'un passé sans cesse revécu qui n'offre, à chaque fois, que le pire de lui-même.
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J'ai bien aimé cet Eddie, pianiste lunatique dans un bouge, en pinçant pour la trop jolie mais androphobe serveuse Léna, tandis que la contorsionniste Clarice lui fait des passes à l'oeuil. Eddie c'est aussi une enfance dans une cabane au fond des bois, des frères qui ont mal tourné, une carrière de grand pianiste interrompue par un drame sordide.

J'apprécie aussi ce style se voulant sans prétention, comme si l'auteur l'avait écrit pour lui-même.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il n’y avait pas de réverbère, aucune lumière dans cette rue étroite du quartier de Port Richmond, à Philadelphie. Une bise glaciale soufflait du Delaware tout proche, faisant fuir les chats errants vers les caves chauffées. La pluie de fin novembre cinglait par rafales les fenêtres obscurcies par la nuit, aveuglant l’homme qui venait de tomber. À genoux sur le bord de la chaussée, la respiration haletante, il crachait du sang et se demandait s’il n’avait pas une fracture du crâne. Fonçant à l’aveuglette, tête baissée, il s’était écrasé le front contre un poteau télégraphique.
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Ils se turent pendant un moment, penchés sur leur café. Puis Clifton se mit à parler, mais Eddie l’écoutait d’une oreille distraite, incapable de se concentrer à cause de la serveuse. Il regardait Clifton droit dans les yeux et avait l’air de lui prêter la plus grande attention ; seulement en esprit, il était avec la serveuse. Il marchait à côté d’elle pour aller il ne savait où. Soudain, ils s’arrêtèrent, il la regarda bien en face et lui ordonna de le laisser. Elle s’éloigna de quelques pas. Il la suivit, et elle lui demanda ce qu’il lui voulait. Il lui enjoignit encore de partir. Elle s’en alla donc, mais il la rattrapa encore. Une fois de plus, il lui dit de le quitter, de ne plus l’importuner. Il la suivit des yeux, mais ne put y tenir et courut la rejoindre. Alors elle lui demanda très calmement ce qu’il comptait faire. Il lui dit : « Je t’en prie, va-t’en. »
Et ainsi de suite. Pendant ce temps, Clifton le mettait au courant de certains événements qui s’étaient produits au cours des dernières années.
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Dans son temps, elle avait été danseuse acrobatique, exceptionnellement douée.

Maintenant, à trente-deux ans, elle était toujours acrobate, mais pas sur scène. Ça se passait à l'horizontale, sur un matelas, moyennant la somme de trois dollars la performance.

Clarice une voisine de pallier d'Eddy.
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- C'est l'explosion. (Elle évitait de le regarder, on aurait dit qu'elle s'adressait au verre, ou à la table.) Voilà ce que c'est, le feu aux poudres. Ça vous surprend avant qu'on ait eu le temps de comprendre. Et pas moyen d'y échapper ! Toi, t'es comme les autres, mon petit musicien malgré tes airs de pas y toucher. Je me fous de ceci, je me fous de cela - et puis hop! t'es chopé.
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Il n'y avait pas de réverbères, aucune lumière dans cette rue étroite du quartier de Port Richmond , à Philadelphie. Une bise glaciale soufflait du Delaware tout proche, faisant fuir les chats errants vers les caves chauffées. La pluie de fin novembre cinglait par rafales les fenêtres obscures par la nuit, aveuglant l'homme qui venait de tomber.
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Video de David Goodis (2) Voir plusAjouter une vidéo

La Collection Cinéma Cinémas : épisode 7
Sommaire : - Ferreri tourne "I love you"- Fragments d'un scénario : Eurstache- Cassavetes : "Loves streams"- Trois camarades- Apparitions : le ciel est à eux- Rencontre : Ben Gazzara- Petits papier : Pascale Ogier- Sur les traces de... David Goodis1. Ferreri tourne I love youà 22:30:43:00 - 00:01:57:00Reportage consacré au tournage du film "I love you" de Marco FERRERI dans les studios...
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