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Marie Vrinat-Nikolov (Traducteur)
EAN : 9782859407889
192 pages
Phébus (07/02/2002)
4/5   8 notes
Résumé :
Ce texte a beau être assez bref, il contient beaucoup plus qu'il n'en faut d'ordinaire pour farcir un roman. C'est l'histoire d'un homme qui se sépare de sa femme - et de ses chats. C'est l'histoire d'un homme qui voudrait vivre quelques jours en clochard afin de pouvoir raconter l'histoire d'un type qui, pour écrire un roman dont le héros est un clochard, s'est fait clochard lui-même. C'est une histoire du monde vue du point de vue des mouches - l'idéal du roman mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un divorce, ça n'impressionne plus grand monde aujourd'hui, et on voit mal ce qu'on pourrait ajouter de plus sur le sujet dans un roman. Alors plutôt que d'ajouter son point de vue personnel, l'auteur a décidé d'en ajouter une cinquantaine d'un coup : chaque chapitre adopte un nouveau point de vue, une nouvelle manière de raconter cette histoire qui est pourtant toujours la même. On passe de la mise au point très concrète entre quatre yeux à des récits proches du fantastique, d'une discussion entre copains à des ambiances étranges où on a du mal à distinguer ce qui est réel ou non.

Aucun de ces petits chapitres n'a d'importance en soi, mais couche par couche, on finit par se retrouver devant un mille-feuille assez appétissant. Certains chapitres prennent plus de sens une fois qu'on a lu un des suivants ; on a d'ailleurs presque envie de relire immédiatement le livre une fois qu'on l'a terminé.

Lecture assez intrigante, qui m'a laissé de bons échos, malgré une légère impression de confusion à la fin du livre, et d'être passé à côté de plusieurs références importantes. le relire immédiatement aurait peut-être été une bonne idée finalement !
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Cela commence par une rupture. Une séparation. Celle d'un couple. Elle est pourtant enceinte mais le bébé qu'elle porte n'est pas de lui. Lui perd la femme de sa vie. Un homme que l'on ampute d'une part de lui-même et comme tout est lié, le roman qu'il écrit est éparpillé. Il a perdu la chronologie des faits. Il a perdu le fil de l'histoire mais il écrit et à nous, lecteurs, d'en recoller les morceaux. Un chronologie taquine qui refuse de se présenter de manière banale, butine puis se pose sur un instant de sa vie.

Morceaux de vie avec sa femme. du divorce et des audiences devant le juge. Morceaux de vie avec des autres et cette autre-là notamment qui passait près de six heures aux toilettes chaque jour. Parce qu'il est aussi question de toilettes ; des toilettes domestiques et des toilettes publiques… un sujet de conversation tout trouvé lorsque le personnage principal passe la première soirée dans son nouvel appartement après une journée consacrée à déménager. Un sujet neutre dans lequel tout le monde s'engouffre… cela permet de ne pas parler de la séparation, de ne pas penser à ce que lui réserve demain maintenant qu'il va devoir réapprendre à vivre seul.

Un homme que l'on va apprendre à connaître. Les bribes de son passé, de son enfance puis de son adolescence vont surgir au fil des chapitres. Puis ses premiers pas dans la vie active. Il est écrivain et travaille dans un journal local. Un jour, il rencontrera son homonyme : un clochard d'une dizaine d'années de plus que lui, un homme qui lui a fait parvenir un manuscrit dans lequel il raconte son divorce. C'est à partir de là qu'il a perdu pied, qu'il s'est laissé lentement dériver au point d'atterrir sur le trottoir avec comme seul vestige de sa vie d'avant son fauteuil à bascule qu'il transporte partout… Un autre point commun qu'il partage avec cet homme.

Et puis c'est l'idée folle d'un roman où grouillent les commencements d'histoires, « j'ai le désir immodeste de bâtir un roman uniquement à partir de débuts ».

C'est fou. Absurde. Impensable. En apparence confus mais d'une fluidité incroyable. On attrape vite le fil des pensées de cet homme qui nous conduit de-ci de-là dans ses réflexions ou dans son quotidien. Les récits s'enchevêtrent et parmi eux, le travail d'écriture bouillonnant, réflexif, amusé ou profond. le jeu de l'écriture : que raconter ? sous quelle forme ? mettre en lumière l'étymologie des mots pour leur donner du sens et de la profondeur. Un « roman à facette » comme se plait à le définir Guéorgui Gospodinov lui-même. Et toujours cet emploi de métaphores originales où la poésie aime se nicher.
(...) Lire l'article complet sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2017/05/12/un-roman-naturel-gospodinov/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Merci à Babelio – via sa Masse Critique – et aux éditions Intervalles de m'avoir permis de découvrir ce livre de Gueorgui Gospodinov.

Il s'agit de mon premier livre bulgare et il est vrai que, sans cette Masse Critique, la probabilité qu'il atterrisse dans mes mains était faible.

le roman naturel est donc un genre littéraire, une sorte d'ovni fait de banalités quotidiennes sans réalité sublime, un récit qui aurait pu être un récit uniquement composé de verbes (le chapitre 11 laisse relativement perplexe: quel serait alors le premier verbe à utiliser? 😊) avec ou sans réelle fin (l'absence de fin), ainsi qu'un détachement des mots par rapport à leur sens premier et leur usage (il y a un chapitre désopilant - 35 - sur les mots, leurs genres et surtout leur poids au sens littéral).

Certes, le récit est supposé avoir pour trame de fond la séparation, le divorce d'un couple mais, rapidement, l'histoire prend un tour assez inattendu : il y est question de WC, de mouches et de questionnements plus profonds, d'ordre philosophique. le personnage central se met régulièrement en scène, parfois même dans des songes, rêves éveillés et situations bien abracadabrantes. Il est donc difficile de distinguer la réalité de l'histoire et sa fiction, de se convaincre qu'il ne s'agit, en fait, que d'un seul personnage.

Je pense que cet ouvrage mérite plusieurs lectures tant il est dense (et pourtant pas si long que cela – 178 pages) et soulève pas mal d'interrogations chez le lecteur.

La quatrième de couverture et la postface parlent d'un livre heureux. Nul doute que je suis heureuse de l'avoir lu !

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Un écrivain qui divorce et dont toute la vie se défait. Un autre qui reçoit un écrit du premier et qui en publie des morceaux, qui finit par le rencontrer, et par s'effrayer des ressemblances qu'il constate. D'autres bouts de vie, de bouts de textes, des morceaux de textes d'autres auteurs. Tout cela censé mettre à jour la façon dont se construit une fiction, dont elle tient de l'intérieur. Plus que le sujet, c'est la logique interne de l'ensemble qui est l'objet du livre.

Et bien je n'ai pas vraiment été convaincue. Quelques parties qui accrochent, d'autres moins, et le tout m'a semblé terriblement artificiel. Mon intérêt diminuait au fur et à mesure de la lecture. La démarche de faire un roman avec rien, ou presque, n'est pas vraiment nouvelle, et il me semble que le challenge a été mieux relevé ailleurs.
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C'est un roman bulgare; c'est donc un objet rare.C'est aussi un roman construit de manière très originale car le récit tient très peu compte de l'unité temps. C'est encore un bouquin érudit bourré de référence littéraire. Par certains côtés, il fait penser à Queneau. C'est enfin une bonne lecture et un bon souvenir.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[Mon père] lisait régulièrement un vieux manuel pour fleuriste amateur, que j'utilise moi aussi. De ces livres qui vous disent que le lotus est la fleur préférée des Égyptiens et que la patrie de la tulipe est l'Asie. En fait, c'était justement ce genre de faits qui l'intéressaient : « Le poireau fait partie de l'emblème du pays de Galles », lisait mon père, et c'était comme si le pays de Galles lui-même fleurissait dans son jardin. Et lorsqu'il mettait du poireau sur la table, c'était un symbole, un signe héraldique. Dans les écailles amères et chevelues se cachaient des histoires, c'était l'Histoire elle-même qui y dormait. Rien n'était uniquement ce qu'il paraissait être. C'est ainsi qu'il maintenait l'équilibre du monde par sa relation au poireau. Il savait que quiconque ne se comporte pas avec respect à table à l'égard du poireau attente à l'honneur du pays de Galles. Et voilà un prétexte pour que le pays de Galles proteste, de manière tout à fait justifiée d'ailleurs, et qu'on en arrive à un conflit. Aussi mon père bénissait-il toujours le pays de Galles lorsqu'à sa table apparaissaient des tiges de poireaux. Avec tact et diplomatie, il demandait des excuses de la part de tous ceux qui, par incompétence et ignorance, ne savaient pas ce qu'ils mâchaient réellement. C'était sa mission. Et tant qu'il était vivant, il parvenait à maintenir de cette manière l'équilibre fragile du monde.
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Si tu peux supporter l'odeur de ta petite amie en train de chier devant toi sans que ça te dégoûte, si tu l'acceptes comme ta propre odeur, parce qu'on n'est pas dégoûté par son odeur, ça veut dire : tu restes avec cette femme. Vous comprenez ? On peut appeler ça le grand amour, son unique moitié, la Femme avec un grand F, avec laquelle on pourra tenir au moins plusieurs années, etc. C'est ça. Ces choses-là, ça ne se produit pas si fréquemment. Seulement une fois. Et c'est ça le test.
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Quelque part, il y avait un homme que je ne connaissais pas, en elle un bébé qui bougeait, qui n’était pas de moi, et derrière nous, plusieurs années avec très peu de jours paisibles. Je me demandais laquelle de ces trois circonstances nous séparait vraiment. Durant cette nuit uniquement, aucune n’existait. J’avais envie qu’il se passe quelque chose qui change tout brusquement. Maintenant, précisément. Au moins un signe quelconque. Jamais l’attachement qu’on éprouve pour les autres n’est aussi fort que lorsqu’on les perd
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La plupart de ceux qui écrivent ne sont probablement pas enclins à le faire en dehors des toilettes. Je suis sûr qu’ils n’ont même pas écrit une seule ligne sur du papier. Alors que le mur des W-C. est un média particulier
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Comment le roman est-il possible, aujourd’hui, quand le tragique nous est refusé. Comment est possible l’idée même d’un roman lorsque le sublime est absent. Lorsqu’il n’existe que le quotidien – dans toute sa prévisibilité ou, pire dans le système écrasant de hasards accablants. Le quotidien dans sa médiocrité – c’est seulement là qu’étincellent le tragique et le sublime. Dans la médiocrité du quotidien
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Videos de Guéorgui Gospodinov (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guéorgui Gospodinov
Le rayonnement de la prose de l'écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov est confirmé par son roman «Physique de la mélancolie» (2011, paru en français aux éditions Intervalles en 2015), lauréat du Prix Jan Michalski de littérature 2016. Sous-titres en français
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