C'est par ce « taume 2 » que je découvre « La-rubrique-à-brac » en 1974… A l'époque, je ne suis pas lecteur de « Pilote » mais lecteur assidu de « Rock & Folk », une revue qui distille (entre autres) mensuellement une page « Hamster Jovial » signée Gotlib.
Ce « Taume 2 » est mon préféré… d'abord parce que c'est mon premier et puis parce qu'il commence par « Comment il naquit » qui me permet à l'époque de faire un brin connaissance avec l'auteur. Cette première double page est un résumé de tout ce qu'il faut savoir sur Gotlib avant de démarrer la lecture de ses fameuses chroniques dessinées : les débuts incompris, les vaches maigres, la « rencontre » avec Isaac Newton…
Suivent dans le désordre, la Hyène, la poule (I & II), le kangourou, l'hippopotame, le cochon, la girafe, le cerf, le rhinocéros, autant de documentaires animaliers, façon Gotlib… Mais aussi mes deux chroniques préférées : « Méditez la leçon » et « Spaghetti-western » dans laquelle si vous ne reconnaissez pas Clint Eastwood, c'est qu'il vous faut des lunettes ; même si Gotlib prévient : « toute ressemblance avec Clint Eastwood est un vrai coup de pot »… Je dirais, pour ma part, un vrai coup de crayon… Parce que si les chroniques sont pleines d'humour dans la forme et dans les textes, elles sont portées par une qualité de dessin et de caricature à mon avis inégalables et inégalées…
Au fait, et malgré la qualité de dessin que personne ne songerait à contester à Gotlib, avez-vous remarqué l'erreur grossière qui figure sur le dessin de couverture ?
Non ? Allons ! Un dessin de Gotlib, ça s'épluche dans le moindre détail (Ce n'est pas la coccinelle qui me contredira…) pour en découvrir toute la saveur…
Le taume 2 (sic) est meilleur que le tome 1.
Des rubriques de plusieurs pages alternent avec de courtes rubriques d'une page, des supers-héros (Tarzan, Superman, Prince Vaillant, etc…) sont mis en pièces, la légende du Petit Poucet est réécrite à toutes les sauces, les extra terrestres sont plus minables que terrifiants, les ineffables leçons du professeur Burp vous feront voir d'un autre oeil hyènes, girafes, poules, cerfs, cochons et autres animaux (cf ma citation sur l'hippopotame), etc…
Comme dit le facteur de la page 88 après une tournée bien arrosée : ‘'La cuite au prochain numéro'' (je vais entamer le tome 3)
PS : la petite coccinelle a du pain sur la planche avec Gotlib…
Dans la préface que Monsieur Goscinny a consenti à rédiger en l'honneur de son jeune collègue Monsieur Gotlib, nous pouvons deviner une pointe de jalousie, par le sous-entendu légèrement puéril selon quoi notre auteur serait... mégalomane.
Le fait que cet honorable préfacier se retrouve finalement en quatrième de couverture démontre la part négligeable qu'il a eu dans le domaine du neuvième art.
Quant à monsieur Gotlib, ce deuxième taume confirme l'érudition exceptionnelle, le génie de ce philosophe passé maître es Newton et la fameuse loi de la gravitation. Non content de nous révéler les secrets d'animaux plus mystérieux et complexes les uns que les autres -la poule, la girafe - il côtoie les plus grands et a décortiqué la psychologie enfantine en poussant la précision jusqu'aux détails qui expliquent comment Napoléon est devenu Bonaparte.
Nous y découvrons qu'il existe bel et bien une vie extra-terrestre, que les chevaliers avaient eux aussi leur talon d'Achille, que l'hippopotame possède une grâce innommable,
Bref, je conclurai en insistant sur le fait que ce taume est une mine d'informations inédites dont chercheurs, scientifiques et philosophes feraient bien de s'inspirer, non mais!!
Paru en 1971, la première planche "comment il naquit" raconte à l'occasion des dix ans de métier de l'auteur ses débuts, et le ton est donné.
Aussi drôle et fantaisiste que le premier tome cet album reprend les planches parues dans Pilote (Mâtin, quel journal !) à la fin des années 60.
On y croise entre autres superman, Newton, pinocchio, tarzan et surtout Fred (le formidable auteur de Philémon)...
Cet album est l'occasion idéale de retrouver l'univers déjanté des débuts de Gotlib.
Avec ce deuxième tome, le délire RAB continue, mais Gotlib évolue doucement, derrière la guignolade se présente l'auteur complet. Toujours autant d'absurde dans les présentations zoologiques du professeur Burp (plus ou moins distingué selon les épisodes), mais aussi quelques rubriques un peu à part, presque poétiques : « le journal d'un conquistador », sur les premiers jours d'un bébé et son éveil à l'univers qui l'entoure, « le matou matheux », fantaisie sur un monde irréel à la Fred ou à la Lewis Caroll, ou « Chanson aigre douce », rappel d'une enfance en temps de guerre, où les moments d'insouciance étaient limités.
Gotlib n'était pas qu'un gars doué pour la poilade, un amuseur public au trait habile et précis ; c'était aussi un grand bonhomme à l'analyse fine.
Autre exemple de paradoxe temporel : Zmblkr, notre héros, qui a 30 ans, décide de revenir 35 ans dans le passé.
Se retrouvant 35 ans dans le passé, il y rencontre une femme d'une très grande beauté, qui se trouve être sa propre mère. Il tombe éperdument amoureux d'elle et l'épouse. Sa mère devenant sa femme, il devient son propre fils à la fois.
De cette union naît un fils, si vous réfléchissez, vous verrez qu'étant son propre père, il est, du coup, le grand-père de son fils. De plus, son fils étant fils de sa mère (qui est sa femme) est donc aussi son frère en même temps.
D'autre part, sa belle-sœur est en même temps sa tante et sa fille et la tante, la belle-sœur et la nièce de son fils.
En outre, la mère de sa femme est en même temps sa belle-mère, sa belle sœur, sa grand'mère et la mère, la grand'mère et l'arrière-grand'mère de son fils.
Ajoutons enfin que le fils de la marraine de son oncle est cousin germain du frère par alliance au 3ème degré du facteur, étant le beau-frère de la petite nièce d'Albert Uderzo.
L’HIPPOPOTAME
(extrait de l’exposé du Professeur Burp)
Qui a vu un jour un hippopotame entrer dans l’eau n’est pas près d’oublier ça.
Car, comme dit le vieux proverbe congolais : ‘‘tout hippopotame, plongé dans un liquide, déplace un volume de ce liquide égal à son propre volume’’. Cette montée du niveau des fleuves se répercute de proche en proche jusqu’à la mer, provoquant le phénomène de la marée (qui n’est pas le fait, comme on nous l’a laissé entendre jusqu’ici, de l’attraction lunaire, ou je ne sais quelles autres balivernes).
Ici se place une anecdote historico-scientifique. Un savant obscur du nom de Thomas Edison s’intéressa à ce phénomène. Rentré chez lui, le savant plongea l’hippopotame dans sa baignoire. Or, ce faisant, il remarqua que la force de la vapeur faisait lever le couvercle. Frappé par ce fait révélateur, il prononça alors cette phrase, désormais immortelle : ‘‘Et pourtant elle tourne !’’. Ainsi naquit, chers petits enfants de France, la fameuse théorie de la relativité (qui s’écrit : y = ax + b).
(le personnage d’Isaac Newton intervient alors : ‘‘Mais pas du tout ! C’est pas ça du tout ! ’’).
… Heu…Attendez voir… Non… je…une seconde… Je crois que je me suis un peu emmêlé, là… Bon… Ne tenez aucun compte de ce que je viens de dire… Il y a erreur…
Le mutant est un homme qui a subi, comme son nom l'indique, une mutation. Il en résulte un être magnifique, doué, notamment, d'une intelligence surhumaine. Intelligence qui lui permet d'atteindre des niveaux d'abstraction inaccessibles au commun des mortels, comme de comprendre un film d'Alain Robbe-Grillet ou de décrypter un horaire de chemins de fer. De même, après avoir consulté une carte routière, le mutant est capable de la replier sans se tromper ... DU PREMIER COUP!
De même, après avoir consulté une carte routière, le mutant est capable de la replier sans se tromper... du premier coup!
Et chaque fois que je fais ce test, je constate avec amertume que je ne suis pas un mutant.
Mes enfants, chers enfants, vous qui attendez mon message hebdomadaire, méditez celui de cette semaine. Mon âge m'autorise à vous dire cela, car les ans ont blanchi mes cheveux. La lourde charrue de la vie a creusé de profonds sillons sur mon front de prophète.
Combien y a-t-il de tomes?