Le récit du calvaire d'une gamine battue et maltraitée par un père monstrueux jusqu'à son coup de revolver libérateur à l'âge de 17 ans, ou l'histoire du parricide par
Ida Beaussart raconté par
Françoise Hamel dans la première personne du singulier.
Disons-le d'emblée, ce parricide du 18 juillet 1989 à Salomé, à une bonne vingtaine de kilomètres de Lille, aurait pu être évité si quelqu'un avait eu le courage de dénoncer aux autorités compétentes ce bourreau d'enfants, dont le goût pour de la violence gratuite était pourtant de notoriété publique. Mais apparemment tout le monde avait peur de Jean-Claude Beaussart, qui comme fier responsable local du Parti nationaliste français et européen (PNFE) de Claude Cornilleau, terrorisait son entourage et s'en prenait à tous ceux qui n'étaient pas blancs ou simplement pas d'accord avec lui.
Dans mes lectures, j'ai rarement rencontré un personnage aussi odieux et exécrable que celui qui ressort du témoignage poignant d'
Ida à l'auteure du livre. À certains passages déchirants de ce récit, je me suis posé la question comment une telle attitude et de tels actes sont überhaupt possibles ?
Car traiter une gamine, affaiblie en plus par des problèmes cardiaques, à coups de gifles, coups de poings et coups de grosses bottes jusqu'à causer une fracture du coccyx, sans mentionner les brimades constantes, relève de l'horreur pure.
Comme fasciste convaincu, raciste, antisémite et négationniste, cet énergumène obligeait sa pauvre épouse et 5 filles au culte de l'oncle
Adolf Hitler, dont une grande photo ornait leur maison et qu'elles devaient saluer en passant. Il avait coutume de dicter des passages de "Mein Kampf", la bible de tonton Adolf, à
Ida, qu'il avait surnommée "ma mongolienne", et avait baptisé un de ses bergers allemands, Eva Braun.
Fanatique et fou à ce point, l'abominable sieur Beaussart aurait dû être enfermé dans une institution psychiatrique depuis bien longtemps, ... ou en taule.
Le coup de pistolet d'
Ida pendant le sommeil de cet abject personnage, relève à mon avis d'un acte d'autodéfense, d'autant plus qu'il avait à plusieurs reprises menacé de la tuer.
Cela a vraisemblablement été aussi le sentiment de la Cour d'assises pour mineurs de Doua
i, dans le département du Nord, qui a acquitté
Ida, le 18 mai 1992, le premier jour de son procès à huis-clos.
L'affaire Beaussart a fait couler beaucoup d'encre et inspiré maints journalistes.
Je tiens à signaler l'ouvrage d'Élise Fontenaille "La révolte d'Éva" de 2015, l'émission radiophonique de
Jacques Pradel sur RTL en 2014 et celle de
Christophe Hondelatte sur Europe 1 en 2017. Sans oublier, bien sûr, le film documentaire de
Karl Zero de mai 2017 sur RMC Découverte.
En 2006, le cinéaste John Gabriel Biggs en a réalisé un film, intitulé "Pleure en silence" avec Joyce Bibring dans le rôle d'
Ida Beaussart et Guy Lecluyse dans le rôle de l'affreux père.
Sur YouTube, vous pouvez voir un clip du rappeur Kerry James chantant la chanson qu'il a écrite de ce drame pour ce film.
Je termine mon billet par une remarque probablement superflue, comme quoi cet ouvrage ne s'adresse pas à des personnes au coeur hypersensible.