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Claude Porcell (Traducteur)
EAN : 9782070407286
720 pages
Gallimard (01/03/2000)
4/5   34 notes
Résumé :
Voici le grand livre de Peter Handke.
L'auteur y emprunte, comme déjà dans plusieurs ouvrages précédents, le masque d'un narrateur qui lui ressemble : Georg Keuschnig, écrivain autrichien habitant près de Paris, qui évoque ici une année de sa vie dans une banlieue tranquille en lisière de forêt.
La baie de Personne n'est autre que cette niche écologique, microcosme ouvert en fait sur le monde entier par le jeu du souvenir, de l'attente et des amitiés.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis en train de découvrir cet auteur et ce livre, conte, poeme, c'est un récit d'aventure intérieure très sensible, qui semble écrit comme dans un rêve suivant la pensée de l'auteur et ses divagations. On peurt passer dans une page d'un souvenir de jeunesse à un souvenir actuel.
je savoure ce livre lentement, doucement avec délectation : comme un bon vin

Je complète mon commentaire après en avoir achevé la lecture.
Il y a dans ce livre parfois des longueurs mais chaque fois elles nous conduisent vers des mots sublimes et profonds.
le style est d'un abord facile mais il ne faut pas s'y fier, il est riche et complexe. certaines lignes sont d'une grande beauté .

Comme le dit la 4ème de couverture il y a di Pessoa et du Rilke dans ce livre.

C'est le premier livre de Peter handke que je lis mais ce ne sera pas le dernier!
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Prix Nobel de Littérature 2019

Attention écriture somptueuse ! Ample et poétique, évocatrice et profonde, une écriture qui frappe, qui étonne et qui satisfait le lecteur. Bien que les sujets traités soient assez différents, on ne peut s'empêcher de penser à Marcel Proust, question de rédaction, mais aussi de point de vue ; partir de soi, décortiquer sa propre vie fut-elle "banale" et quotidienne pour aller vers le général, vers l'Homme universel.

Sous-titre du livre : "Un conte des temps nouveaux". Il y a certainement différentes interprétations possibles à ces titre et sous-titre, tout n'est pas toujours parfaitement simple à comprendre dans ce qu'écrit Mr Handke bien qu'il s'attache à donner des raisons, explications, et commentaires : réflexions sur la vie, le temps qui passe et les changements (métamorphoses ?) qu'il entraîne, observations et descriptions des lieux habités et de ceux souvent fréquentés rues, forêts, bistrots...

C'est à une sorte d'aventure intérieure que se livre Peter Handke, et dans laquelle il nous invite à le suivre ; il se met à nu, avec sincérité et honnêteté. On comprend que c'est un homme qui, s'il se pose beaucoup de questions, s'il doute sur le sens de sa vie et sur ses relations avec les autres, se sent assez libre de ses choix et de ses opinions.
Ce qui intéresse cet auteur : comment vivre le quotidien, chercher la "tranquilité de l'âme", suivre de loin ses amis dans leurs voyages et leur prêter des aventures qu'il imagine ? dont il a été témoin en d'autres temps ? Parmi les amis dont il nous entretient il y a le charpentier et architecte, le lecteur, le chanteur, Valentin le fils, le peintre cinéaste, le curé de Rinkolach, l'amie Hélèna et le prophète mesquin de Porchefontaine, tous hauts en couleur et de commerce peu facile. Quand il nous en parle, est-ce une illusion de croire que Peter Handke devient un peu chacun d'eux, se glisse dans leur peau pour nous les faire mieux comprendre ?

Ses promenades forestières sont omniprésentes, accompagnées des descriptions de ce qu'il voit, et il a une acuité de regard étonnante : accouplements de lézards, battailles à mort d'abeilles sauvages et migrations de crapauds ne lui échappent pas. Ce grand marcheur, qui parcourt des dizaines de kilomètres chaque jour, est un curieux qui aime les habitudes mais aussi être surpris ; et pourtant " j'ai été harcelé toute ma vie, le plus douloureusement, par le fait que le monde était inaprochable, insaisissable, inaccessible, et qu'il m'excluait. C'était là mon problème essentiel" dit-il p 210.

Ce compte-rendu d'une année passée dans sa propriété de Chaville, dans les Hauts-de-Seine, près de Paris - en tout cas, c'est le projet initial du livre - avec sa femme amie-ennemie la Catalane, a été écrit le plus souvent en forêt ; c'est là, blotti dans le sous-bois, qu'il lui était semble-t'il le plus possible d'écrire sa chronique de la vie chavilloise en 1997, avec les rencontres d'ouvriers migrants et de SDF, la recherche de champignons, les messes du dimanche dans la petite église russe surchauffée, et tout ce qui peut arriver au jour le jour à un homme ouvert à son environnement.

Premières phrases : " J'ai fait une fois dans ma vie, jusqu'à présent, l'expérience de la métamorphose. Auparavant, elle n'était pour moi qu'un simple mot, et lorsqu'elle commença, non pas doucement, mais d'un seul coup, je la pris d'abord pour ma fin. Elle m'atteignit comme un arrêt de mort. Tout à coup, il n'y eut plus à ma place un être humain, mais un déchet pour lequel, à la différence du célèbre conte fantastique pragois, n'était même plus possible la fuite dans les images, aussi effrayantes qu'elles fussent..."

C'est très intéressant et très agréable de re-découvrir son lieu de vie (une des deux bouquineuses habite Chaville...) dans un texte comme celui-ci : voir à travers les yeux de l'écrivain et concevoir comment il traduit ce qu'il observe, souvent plusieurs fois, en récit :
Extrait (p 521) : " La ligne des collines tout autour ne fournit pas seulement un cadre aux constructions de la baie, elle fait partie intégrante de son image. Sans elle, un horizon arrondi qui les domine doucement, les maisons seraient là comme seules, chacune étant en quelque sorte un phénomène lacunaire. Sans cet arrière-plan de collines boisées présent de toutes part, il manquerait à l'agglomération quelque chose qui constitue la singulière communauté, sinon des habitants, du moins des résidences."

Une littérature à découvrir, de très bons moments de lecture.
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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C'est un livre étrange, difficile de décrire, et encore moins de la classer dans une catégorie. il est roman, poème, carnets, c'est avant tout, un partage dans l'année d'une vie d'un écrivain. Nous cheminons à ses côtés, et comme si nous étions invités à écouter son histoire ; il nous conte des souvenirs, la vie de ses amis, sa compagne, son fils. Et cette année dans la baie de personne, à écrire ce livre que nous lisons. C'est un peu bizarre en fait comme lecture, par moments on ressent des longueurs, en se demandant, où l'auteur veut nous mener, nulle part, et nous revenons dans cette baie particulier à l'orée de Paris. Là, où personne, ne flaire le filon d'un microcosme, un paradis des ramasseurs de champignons, j'ai bien apprécié cette parenthèse dans les bois à la cueillette des bolets.
On voyage, ici et là, de souvenirs en souvenirs, de brides de vie au quotidien, dans un café, lors d'une promenade, la vie au jour le jour, il fait un arrêt sur image et nous décrit ces moments de l'instant.
C'est agréable, surprenant, parfois lent, alors, oui il faut prendre son temps, le temps de savourer chaque épisode, revenir un peu sur ses pas puis continuer sa promenade dans la baie de personne.
Une lecture certes parfois particulière pour ne pas dire difficile, mais ce fut une belle découverte parsemée de pépites à savourer.
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Un livre très difficile à décrire ! On sent une part autobiographique, une part biographique(s) et en plus tout le reste ! Et tout le reste, c'est par exemple un décor, un lieu à priori moins que commun, sans intérêt, qui serait un trésor à qui sait s'y intéresser, le regarder pour ce qu'il est. Il y a comme trois livres en un ; il y a beaucoup de choses et c'était à la fois intéressant et agréable. Seul sentiment négatif : le possible dévoilement de traits de personnalité, d'anecdotes, de points de vues concernant des personnes - nommées - très proches de l'auteur, qui m'a dérangé.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Bientôt - longtemps avant ma quarantième année, je me rendis compte que la vie citadine de Paris, même à ses marges, n'était pas faite pour moi : malgré toutes les chances qu'elle me donnait, jusqu'à un oubli libérateur de moi-même, malgré tout l'élan (dont il est vrai que je ne savais que faire), presque rien de cette environnement n'agissait en moi, et si je n'étais pas saisi par quelque chose que j'avais sous les yeux, j'avais le sentiment d'un manque et l'impression d'être sans vie, ou tout au moins de n'être pas au sommet de moi-même. Les choses de la capitale avaient cessé, au fil des ans, d'exercer un effet durable, les cafés comme les cinémas, les boulevards, le métro, même l'eau qui coulait dans les ruisseaux, les morceaux de papier à la dérive qui traversaient les places, les chats qui bondissaient entre les rangées de tombes dans les grands cimetières, les nuages qui défilaient au-dessus. Autant les choses de la métropole pouvaient toujours être agréables, autant elle n'avaient plus rien à dire. Elles ne signifiaient plus rien pour moi, ne me faisaient plus rien ressentir, ne me rappelaient plus rien (ne se rattachaient à rien dans mes souvenirs d'enfance), avaient cessé de me rendre rêveur, et inventif - et tout cela était nécessaire pour être enthousiasmé ou simplement avoir chaque jour le sentiment de vivre. Bien que je fusse encore jeune, je n'avais plus rien à faire dans les grandes villes. Il y régnait à mes yeux l'absence de conséquences ; et mes journées ne devait'ent pas être sans conséquences. Et je le sais maintenant : dans les métropoles, de même qu'au soleil, je perds facilement la mémoire ; à l'ombre, dans l'obscurité, elle me revient, imprécise, mais monumentale. Au temps de Gilgamesh, les dieux étaient encore dans la capitale. Et aujourd'hui ?
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(...) avec la lune ascendante, un froid mordant a envahi la baie. Les étangs, notamment le sauvage, celui qui n'a pas de nom au cœur de la forêt, ont gelé, la glace noire faisait des dessins en forme de roseaux cassés, et en allant là-bas, avant de rester assis dans la pièce qui donne sur le jardin, j'y faisais glisser les cailloux dont tout la forêt tintait, bourdonnait, claquait, pépiait comme si cela venait d'un instrument dont on pinçait les cordes, et il pouvait se faire qu'un des oiseaux cachés derrière les buissons aquatiques se sentît appelé et lançât en retour son propre appel.
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Il y a longtemps que la Terre est découverte. Mais je continue de percevoir ce que j'appelle à part moi Le Nouveau Monde. C'est la plus magnifique expérience qu'on puisse imaginer. D'ordinaire, cela ne se produit que dans l'étincelle d'un instant pour scintiller un moment encore peut-être. Je n'ai pas alors de visions ni d'apparitions. (Il y a en moi une méfiance vis-à-vis de tous ceux qui sont illuminés sans nécessité.) C'est le quotidien que je vois comme Nouveau Monde. Il reste ce qu'il était, mais il rayonne de calme, piste de décollage ou rampe de lancement au milieu de l'ancien monde, où il commence dans toute sa fraîcheur.
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Quand je nageais en remontant le cours supérieur si clair des rivières alpines, heurté parfois par la bouche cartilagineuse des poissons, les montagnes et le ciel venaient tout près et paraissaient, en même temps que les eaux qui comme l'Euphrate et le Tigre de Wolfram von Eschenbach sortaient du "paradis", élémentaires et épiques comme cela n'arrive même pas en rêve.
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Car en voyageant, à la différence d'autrefois, je ne pouvais plus, aujourd'hui, intervenir nulle part. [...]
Et un jour, je suis effectivement devenu fou. Ma folie est restée intérieur et n'a pas duré. Mais si elle avait éclaté hors de moi, je n'aurais pas pu revenir en arrière.
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Videos de Peter Handke (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Handke
Découvrez l'entretien de Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, consacré au volume Quarto, "Les Cabanes du narrateur. Oeuvres choisies".
Depuis cinquante ans, Peter Handke bâtit une « oeuvre influente qui explore les périphéries et la spécificité de l'expérience humaine ». Embrassant toutes les formes de la littérature, elle présente comme constante une fidélité à ce qu'il est, c'est-à-dire un homme de lettres, un promeneur dont la création ne peut prendre forme que grâce à la distance propice, paradoxalement, à une plongée dans l'intériorité des personnages, à la description imagée et vivante de la nature, à l'attention au quotidien. Pierre angulaire du patrimoine littéraire d'Europe centrale, servie par un style tranchant et unique, cette écriture se définit par le besoin de raconter — faux départs, difficiles retours, voyages, etc. — la recherche d'une propre histoire, de la propre biographie de l'auteur qui se fond dans ses livres : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n'est d'y voir clair en moi, d'y voir tout de même plus clair. Elle m'a aidé à reconnaître que j'étais là, que j'étais au monde. » Cette édition Quarto propose au lecteur de suivre le cheminement de l'écrivain à travers un choix qui comprend des récits qui l'ont porté sur le devant de la scène littéraire dans les années 1970-1980 comme d'autres textes, plus contemporains, imprégnés des paysages d'Île-de-France, et reflets de son écriture aujourd'hui. Et, le temps d'une lecture, de trouver refuge dans l'une de ses cabanes.
En savoir plus sur l'ouvrage : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Les-Cabanes-du-narrateur
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