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Alain Gnaedig (Traducteur)
EAN : 9782070499304
224 pages
Gallimard (14/02/2001)
3.83/5   23 notes
Résumé :
William Malcolm Openshaw, poète, intellectuel et amoureux des oiseaux, a eu plusieurs vies. Depuis des années, il erre aux quatre coins du globe, de Mexico à Tanger, en passant par Bogotá et Le Caire, ne fréquentant que les quartiers les plus pauvres.
« Je me contente de traverser les villes, de les quitter en marchant lentement. »
William est un homme hanté par de mystérieuses tragédies, par des secrets dont il ne parle pas. Au Portugal, à la suite d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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William Malcolm Openshaw, un homme à bout de souffle, un homme en fin de course.
Un homme qui a quitté la meute:
« Je suis un loup des villes et je possède les instincts du loup des villes. »

Isolé et acculé dans les bidonvilles de Lisbonne, un homme lui tend la main...
Rencontre programmée ou fortuite?
Henry Richardson, agent au service de l'Ambassade britannique, semble ne plus vouloir le lâcher: d'un rendez-vous à l'autre Richardson, intrusif, pousse William à affronter son passé et réveille ses démons, ses souffrances.

Si William a choisi la fuite, l'exil, il a ses raisons: la douleur, il crève de chagrin.
Le peu qu'il a eu, il l'a perdu.
Reste le souffle du passé, le souffle asphyxiant, oppressant de la peur.
Mais au terme de sa cavale, de ses tours de cache cache, il écrase le souffle vacillant du bonheur (la sauterelle) et perd l'odeur des coquelicots qui longtemps l'accompagne...

« Les ailes du condor ne peuvent rien pour sa volonté. le condor celui qui vole, a le regard triste. »

Chez les parias africains ou dans les bidonvilles de Benfica, William s'interroge:
« Y-a-t-il quelque chose de bon dans ma vie en ce moment? Je m'arrête, ferme les yeux quelques secondes. L'odeur des coquelicots est tout ce que j'ai. »

Stig Holmas nous propose avec le condor un voyage au bout de l'enfer.
Il nous livre les pensées de son anti-héros, un poète, et un activiste des années 70.
Grâce à une construction étonnante, les parties s'intercalent, se chevauchent ou glissent de l'une à l'autre.
En effet, William aime écrire, surtout des poèmes:
« - Oui, j'écris. Mais cette fois-ci, c'est une sorte de journal fictif, les notes rédigées par un homme qui vit chez une pute et se souvient. »
Et c'est bien ses souvenirs, grâce au talent de Stig Holmas, qui glissent l'un sur l'autre quand on tourne les pages, que ce soit ses rêves ou ses cauchemars, ses moments de grâce ou de violence.

J'ai adoré ce roman, découvrir, au gré des vagues de souvenirs qui submergent William, sa vie, son enfance, son adolescence, son grand amour, ses passions alors que nous le savons reclus dans l'ombre, du côté des damnés de la terre, des opprimés.

Belle et cruelle histoire que celle de William Openshaw, poète maudit, fils d'un marin écossais et d'une mère originaire de l'Algarve:
à Birmingham avec Sandra, sa mère
à Moscou avec Elena, à Londres et San Francisco avec Monica
à Lisbonne avec Ana Maria Lisbela et à Calcutta avec Indira
Toutes ces femmes balisent sa vie.

A travers elles, le parcours et le destin de Williams se dessinent.

Qui pourra saisir le condor avant son dernier vol?

Je n'oublierai pas de si tôt la poésie qui se dégage de l'écriture de l'auteur, ni les champs de haricots,
les champs de haricots sont remplis de coquelicots...

Un coup de coeur .
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Les personnages:

William Openshaw est un poète, un homme écorché au passé sombre. On le suit dans ses pérégrinations dans les bas-fonds de la société, et par son oeil avisé, nous offre une vision sombre mais intéressante des rues les plus mal famées. On est pris dans ses pensées, dans son malheur, on le plaint autant qu'on le réprouve, mais il est sans contexte un personnage fort!

Ce que j'ai ressenti:…Une bien triste envolée…

Le temps passe.Lentement, comme un aveugle.

C'est une lecture en poésie et en polar noir, elle fleure bon le coquelicot, part dans des envolées vertigineuses, sombre dans les plus grands gouffres des affres humaines. C'est une lecture qui ne laisse pas indemne, qui vous dévoile ses noirs secrets au détour d'une page, pour mieux vous envoler dans les lueurs lyriques. Suivre William dans ses rues, c'est découvrir la pauvreté, s'y confronter, nous la faire sentir jusque dans ses odeurs…Elle suinte de ses pages, mais en même temps, il y a une farouche volonté de s'accrocher aux petites choses infimes qui font toute la différence dans une vie…

Mais le parfum des coquelicots m'accompagne. Il est rouge et léger, comme les battements du coeur d'un condor qui plane dans le ciel.

C'est un livre qui se dévore, dans un souffle: on est pris dans la douceur des mots mais la noirceur des coeurs envahit cette beauté. C'est bien ce double effet qui rend cette histoire captivante, hypnotique. L'écriture aussi y est pour beaucoup, et ce découpage en instants suspendus ajoute une originalité à l'ensemble, autant qu'un rythme haletant.

Je suis le loup des villes. J'ai de la poix sous les pattes.

Une bien belle idée que cette réédition puisque elle nous permet de mettre une nouvelle fois en lumière la majesté de ce condor, de s'enivrer d'envolées, de toucher du bout des doigts les failles humaines dans un voyage aux quatre coins du monde.

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Il est de ces romans qui sortent du lot par leur manière de survoler les codes des genres. Il est de ces écritures qui chamboulent nos habitudes. le condor de Stig Holmas est de ceux-là.

Le condor est un roman noir dont je serais bien en peine de vous résumer l'histoire. Ça tombe plutôt bien, cette lecture est à vivre davantage à travers les ressentis qu'à travers son intrigue.

Un récit inclassable et plutôt déstabilisant. Ou l'art de la structuration par la déstructuration. Je crois n'avoir jamais lu de roman construit ainsi, passant du passé (de moments du passé, au pluriel) au présent, telle une suite d'associations d'idées. Pas de chapitres, de simples sauts de paragraphes. Pas de fil d'Ariane, mais un enchevêtrement de lacets.

Étrange roman. Étrange personnage principal qui a vécu une multitude de vies, souvent dans la violence, et qui ne sait trouver sa place dans un monde qu'il ne comprends pas. Au point d'aller se perdre (ou se retrouver) dans la misère la plus ultime, dans une fange d'indignité qui pourrait aboutir à retrouver une certaine dignité.

Paradoxal, à l'image du roman tout entier. Une lecture qu'il convient d'appréhender l'esprit ouvert, afin d'y plonger tête la première. le seul moyen d'arriver à voler aux cotés de l'auteur norvégien.

Un auteur atypique dans le monde du Noir, davantage poète qu'écrivain de fiction. D'où sa manière très personnelle de conter cette très sombre histoire, en soignant avant tout son écriture. Une plume à la fois lyrique et âpre qui m'aura fait vivre d'étranges sensations. Tour à tour subjugué, déstabilisé, ou agacé (plus rarement), j'ai vécu cette lecture avec autant de curiosité que d'appétit. Certains passages m'auront fait chavirer le coeur, d'autres m'auront laissé un sentiment d'imperméabilité.

Car Stig Holmas a (dé)construit son récit pour nous questionner sur la condition humaine. Il laisse planer le doute sur ses intentions, au point que chaque paragraphe est une surprise en puissance. L'art de nous interroger, avec force, sur le sens des choses ou le déterminisme.

Il n'est pas étonnant que certains crient au chef d'oeuvre face à ce livre si hors des normes. Même si je suis plus mesuré dans mon ressenti, voilà le genre de lecture qui laisse des traces. On oubliera sans doute très vite l'histoire en elle-même, mais il restera certainement des impressions, des émotions et des cicatrices au delà de cette lecture.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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L'avantage des piles à lire, c'est qu'on y trouve parfois des pépites dont on a oublié l'achat. Ce roman bien noir est une de mes lectures préférées de cette année. Openshaw est un voyageur un peu particulier, puisque c'est la misère qui l'attire. On le retrouve à Lisbonne, où il partage le taudis d'Anna Maria et de ses quatre enfants. La déroulé de ses journées est ponctué de ses réminiscences. Souvenirs d'un enfance traumatisante, d'une brève période de bonheur avec Monica, de son passé de communiste et de braqueur. le narrateur nous livre son passé par bribes et on reconstitue le puzzle jusqu'au dénouement final. le suspense est très bien entretenu, on a envie de savoir qui est Openshaw et ce qu'il a fait. Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est que c'est un personnage clivant ; au fur et à mesure qu'il nous révèle son histoire, nos sentiments à son égard entrent en conflit. Chose rare, la mot de la fin m'a particulièrement plu !
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C'est par hasard, au gré d'une rencontre, que William Openshaw se retrouvera braqueur de banque, commençant par n'être que chauffeur avant d'entrer lui-même avec ses complices dans les banques et de finalement être amené à tuer.
Le récit qu'Openshaw nous livre mêle différents moments de sa vie, et on le retrouve en divers endroits du monde, de sa ville natale de Birmingham aux côtés de ses parents alcooliques jusqu'au Lisbonne des années 90, alors qu'il vit plus ou moins avec Ana Maria Lisbela et ses enfants, en passant par la Russie ou la Californie.
Openshaw est un grand poète, de renom, mais il traîne son existence de manière misérable avec en tête le souvenir constant de Monica, son amour perdu suite à ses méfaits.
Le portrait d'un homme empêtré dans une existence qu'il ne parvient pas à maîtriser, bercée par le parfum des coquelicots ibériques.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Dix. Je me trouve devant le taudis d'Ana Maria Lisbela et je les compte. Dix gros rats. Sur le tas d'ordures un peu à droite. C'est faux, tous les rats ne sont pas rusés, ils ne cillent pas au soleil. Dix rats. Secs comme le sable. Ils se déplacent à petits pas vifs. Ils reniflent et trouvent - ou pas. Ils mangent, rongent, s'ils trouvent quelque chose. S'ils ne trouvent rien ou s'ils ont mangé et rongé, ils trottent un peu plus loin. Ils s'arrêtent, rongent, mangent et trottent. Vers le dépotoir, à gauche du taudis d'Ana Maria Lisbela. De l'autre côté du tas d'ordures: une colline verdoyante, couverte d'herbe, qui arrive au pied des énormes immeubles gris avec les cordes à linge. Vingt étages avec du linge qui sèche, à Benfica.
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Le fracas des brisants.
Nous avons marché main dans la main sur des dunes herbeuses. La brise du Pacifique agitait les brins d'herbe secs et clairsemés. Nous nous sommes arrêtés au bord de la falaise. Tout en dessous de nous, des rouleaux écumants fonçaient vers la longue plage claire. Monica a tourné son nez brûlé par le soleil vers le vent salé et je l'ai entendue inspirer longuement. Au loin, au sud des falaises, des ombres planaient lentement. J'ai tendu les jumelles à Monica.
"Là, lui ai-je dit en montrant du doigt. Ils sont là, Monica. Les condors. Peut-être y a-t-il une charogne dans les parages."
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Les champs de haricots. J'y étais avant de naître. J'ai été bercé dans les champs de haricots où ma mère courait. Ils disent que je ne peux pas me le rappeler mais, tout au fond de la puanteur, le parfum des coquelicots m'a toujours suivi, il m'a toujours chatouillé les narines. Les champs de haricots sont remplis de coquelicots.
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Je te donnerais les martins-pêcheurs, lui ai-je dit. Je te donnerais les guêpiers et les pies bleues. Je te donnerais les geais des chênes, les loriots, les aigles et les pétrels tempête, oui, Monica, je te donnerais même le dernier condor.

– Je n’en veux pas, a-t-elle répondu. Je ne veux pas de tes aigles et de tes pétrels tempête. Et je ne veux pas du dernier condor.

– Même pas le condor ? Mais enfin, tu l’as vu, Monica. Tu ne te rappelles pas ce matin sur les dunes, près de Santa Barbara ? Tu ne te rappelles pas le condor ?

– Si, je me souviens très bien de ce matin. Mais ça ne change rien : je ne veux pas du condor.
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Je me trouve désormais dans les grandes villes, dans les ghettos d’Amérique et d’Europe. À Mexico, Bogotá, Rio, Berlin et Lisbonne. Je suis en Afrique, en Asie. À Tanger, au Caire. À Bangkok, Bombay, Calcutta et Karachi. Il m’arrive, dans des instants de douceur, de donner à manger aux pigeons sur les grandes places. Mais, la plupart du temps, je passe à côté des putes dans des ruelles écartées et décaties. Partout, des papiers gras qui traînent dans les caniveaux, partout, des coins de maison décorés à la pisse. Mais le parfum des coquelicots m’accompagne. Il est rouge et léger, comme les battements du cœur d’un condor qui plane dans le ciel.
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