Plainmont, dimanche 19 juin 1859
L'an prochain, j'irai au Portugal ou en Espagne. Puisque je ne puis rentrer en France, je veux me rapprocher du soleil. Je supprimerai du moins de ma vie cela, l'hiver. Ayant l'exil, à quoi bon l'hiver ? L'exil suffit pour avoir froid. (p.93)
Bruxelles, 3 mai (1852)
Tout à l’heure un homme est entré, en haillons, le visage hâlé, les cheveux grisonnants, de souliers troués, une mauvaise casquette. Il m’a dit : - Vous devriez bien empêcher qu’on ne me fasse de la peine. Ah ça, vous notre représentant, dites-moi ça, pourquoi est-ce qu’on ne veut pas que je gagne ma vie ? Pourquoi est-ce qu’on me chasse d’ici ? J’arrive de France, de Paris, où on m’a chassé, et voilà qu’on me chasse encore de Bruxelles ! À Paris, je gagnais ma vie, je suis serrurier mécanicien, j’ai quatre petits enfants, je forgeais, je faisais un écrou dans ma journée, je sais manier le fer, ma femme faisait des ménages, le ménage de M. Crochart qui n’est pas riche, mais qui est régisseur d’un homme qui est riche ; mon petit, l’aîné, qui est haut comme ça, cassait du coke avec un marteau, il n’était pas si gros que le marteau, il n’y avait pas de danger. Eh bien ! l’homme gagnait, la femme gagnait, le petit gagnait, ça allait ! Ces derniers temps, M. Monnin-Japy, le maire du VIe, est venu et m’a dit : - Mon garçon, tu es belge et tu n’es pas français. Et puis, vois-tu, les conseils de guerre ne sont pas contents de toi. Il faut t’en aller. – Je m’en suis allé. Je suis né à Tournai, mais j’aurai quarante ans le 25 juin et il y a trente-neuf ans que j’étais à Paris. C’est-il être belge ça ? Je suis enfant naturel, j’ai été mis par terre à neuf mois par papa et maman dans le bureau Sainte-Apolline, va comme je te pousse, on m’a élevé par charité dans un pays entre Amiens et Montdidier, je suis devenu serrurier, c’est-il être belge ça ? Si bien que je suis venu ici, ici on m’a dit : Mon garçon, tu es français, tu n’es pas belge, va-t’en. - Ah ça ! mettez-moi belge, mettez-moi français, mais mettez-moi quelque chose. Il faut bien que je sois d’un pays. Je n’ai pas besoin d’être électeur, je suis ouvrier du fer, mais je veux être d’un pays. J’avais trouvé de l’ouvrage, mon représentant, j’étais allé à la porte de Cologne, à la porte de Schaerbeeck, à la porte de Ninove ; on m’avait embauché pour travailler. Et puis voilà qu’on me fait venir à l’hôtel de ville et qu’on me dit : Va-t’en ! Et mes petits enfants ! il faut donc que je les emporte sur mon dos ? Je n’ai pas le sou, moi, je n’ai que mes mains, il y a des gens qui sont heureux, qui ont de ce qui se glisse, qui n’ont pas peur de manquer, moi je n’ai rien du tout que mes quatre petits ! Ces gens de la police, je leur ai dit : - Pourquoi m’avez-vous donné un passeport pour rester en Belgique ? Rendez-moi mes huit francs au moins ! - Ah bien oui ! pas de danger. À présent me voilà. Depuis deux jours je n’ai pas mangé, et mes petits enfants non plus, et il faut que j’aille en Angleterre ! Sans un pantalon qu’on m’a donné, je serais tout nu. Vous me feriez bien du plaisir de me dire si j’ai fait du mal à quelqu'un !
181 - [Folio n° 91, p. 224]
********Désolée de répéter cette citation... elle s'est trouvée en double. J'ai supprimé le doublon... et cela a tout effacé... Moralité....... soyez dociles... et laissez les erreurs******
Mai 1851
Vie pauvre, exil, mais liberté. Mal logé, mal couché, mal nourri. Qu'importe que le corps soit à l'étroit pourvu que l'esprit soit au large ! (p.75)
1856.
14 avril.
…À la mère de Claire *
Ouvrez ce livre comme un voile,
Et vous y verrez vaguement
Apparaître au bout d'un moment
Un front charmant sous une étoile.
p.321
* Dédicace de l'exemplaire des Contemplations offert à Juliette Drouet.**
* * Curieuse coïncidence 2, ce nom de gilet jaune est pur hasard pour l'époque ! ?
Novembre 1849.
Les ministres actuels sont des carreaux de vitres.
On voit le président au travers.
p.165
Quatrième technique pour être sûr de convaincre lors de vos prises de parole : le storytelling. L'avocat Bertrand Périer vous apprend à utiliser cette arme déterminante, grâce à l'aide de deux experts parmi les experts en ce domaine : Victor Hugo et Barack Obama.
Dans cette saison 1 du podcast “Ma parole !”, l'avocat, Bertrand Périer vous apprend à apprivoiser les meilleurs outils de l'éloquence pour prendre la parole en public, défendre vos arguments lors d'un débat ou déclarer votre flamme.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-comment-convaincre-avec-bertrand-perier
#eloquence #discours #apprendre
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