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EAN : 9782266043045
Pocket (18/08/2006)
3.83/5   36 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Aldous Huxley a apporté au célèbre récit de la « possession » des Ursulines de Loudun, la puissance de son intelligence, une érudition immense, un humour très personnel.

Il s’inspire d’événements réels et de personnages historiques. En 1634, l’abbé Urbain Grandier, chef politique et religieux de la ville fortifiée de Loudun, est accusé par les soeurs d’un couvent d’Ursulines de les avoir ensorcelées. Il sera condamné à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les diables de Loudun serait a classé quelque part entre le roman historique et l'essai. Aldous Huxley s'est apparemment bien renseigné sur le début du dix-septième siècle, la société, les courants religieux, la politique de cette époque, ainsi que sur les actes juridiques qui sont liés à cette affaire de Loudun. Mais ça se lit comme un roman dont Urbain Grandier serait le héros, car Huxley a aussi un peu brodé autour de la psychologie des personnages ou sur les menus faits.
Quand Urbain Grandier arrive à Loudun c'est un prêtre libertin, élevé chez les jésuites, doué, éloquent et particulièrement orgueilleux. Cette personnalité ambigue lui vaut d'abord quelques belles réussites, notamment auprès de la gent féminine, mais également de se constituer une véritable petite armée d'ennemis. Après quelques aventures et mésaventures amoureuses ou/et lubriques, l'écriture d'un traité en faveur du mariage des prêtres, quelques jours de prisons, il arrive finalement à s'installer tant bien que mal dans cette bonne ville de Loudun où les sentiments de la population à son égard oscillent entre haine et admiration. C'est alors que l'imagination de soeur Jeanne des Anges, la prieure d'un couvent d'une vingtaine de religieuses, est mise en ébullition par la réputation sulfureuse du prêtre. Jeanne des Anges est une petite jeune femme, presque naine, bossue, qui est entrée en religion sans véritable vocation. Une femme psychologiquement fragile, frustrée, pleine de duplicité. Mais Urbain Grandier n'accorde aucune attention à cette femme au physique ingrat, enfermée dans un couvent. Et donc, peu à peu, va se mettre en place cette histoire de possession démoniaque, sur fond de sexe et de religion, d'hystérie, de manipulation et de diverses luttes politiques, notamment entre catholiques et protestants. La fin de l'ouvrage s'attarde davantage sur la possession de Jeanne, sa personnalité ou plutôt ses personnalités et sur l'un des exorcistes, tout aussi naïf que les autres mais mystique sincère : Jean-Joseph Surin.
Cette histoire est entrecoupée de chapitres plus didactiques consacrés à la spiritualité, au sentiment religieux, aux croyances, à la sorcellerie, aux superstitions, à la psychologie ou aux différentes appréhensions de la nature humaine. Aldous Huxley s'est penché sur des cas psychologiques individuels mais pas seulement, car l'ombre des folies politiques et totalitaires du vingtième siècle plane également sur ce livre écrit quelques années après la fin de la deuxième guerre mondiale. Quel est le lien entre la folie personnelle et l'hystérie collective, ou pour le dire d'une manière plus théologique, comment le Mal se propage ? Car le Mal n'a pas disparu à l'époque moderne, mais s'il n'est plus surnaturel, il est devenu politique. Et Huxley fait le rapprochement entre les chasses aux sorcières du seizième siècle et le maccarthysme, les mascarades des procès pour sorcellerie et les procès staliniens, les exécutions de sorcières et la shoah. Et le problème est encore et toujours celui du rapport à soi. Les hommes ne supportent pas les horreurs qu'inflige un moi isolé. Ils sont prêts à tout pour transcender ce moi, que ce soit vers le haut ou vers le bas. Vers le haut, c'est vers Dieu dans une spiritualité positive ; vers le bas, c'est vers une simple négation de soi. Voilà un résumé très succinct et pitoyablement caricatural de ce que développe plus subtilement Huxley dans Les diables de Loudun. Mais l'idée centrale est bien celle-ci : la conscience de soi (ou son inconscience) et le caractère invivable d'être un moi isolé.
C'est un livre instructif sur bien des points, et sans difficulté particulière. Huxley se montre même parfois très drôle quand il se moque du côté spectaculaire de cette possession, du latin de cuisine ou des acrobaties des Ursulines. Il l'a écrit juste avant Les portes de la perception et beaucoup de thèmes sont communs aux deux livres. Dans l'appendice des diables de Loudun, il évoque déjà les différents narcotiques dont usent les hommes pour échapper à leur moi, et l'un des plus puissants d'entre eux, selon lui : les phénomènes de foule. On retrouve aussi ce mélange de spiritualisme cosmopolite et de psychophysiologie qui fait toute son originalité.
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Brillant comme d'habitude, Aldous Huxley a peiné cette fois à me convaincre : ce traitement de l'affaire de Loudun à mi-chemin entre l'essai et le roman donne la part trop belle à l'imagination de l'auteur pour qu'on puisse s'y fier. Pas assez libre pour un roman, pas assez précis pour un essai.
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Aldous Huxley est surtout célèbre par "Le meilleur des mondes". Mais "Les diables de Loudun", paru en 1952, mérite aussi d'être lu. C'est une forme particulière de roman historique, inspiré par une affaire sulfureuse et tragique, survenue dans la France du XVIIème siècle. Il faut savoir que, contrairement à des croyances répandues, la chasse aux sorcières et les exorcismes furent bien plus fréquents sous Louis XIII que pendant tout le Moyen-Age. Même si l'auteur brode sur la réalité historique, il ne la trahit pas. de plus, il entremêle au récit des considérations générales sérieuses, qui n'ont rien de romanesque.
Voici, en quelques phrases, cette affaire. le prêtre Urbain Grandier arrive dans la petite ville de Loudun, où il se fait vite des ennemis et… des amies (car il est libertin !). A cause d'une moniale nommée soeur Jeanne des Anges, ce prêtre est accusé de prendre possession (satanique) des âmes. En fait, il s'agit tout bonnement de manifestations hystériques (au sens freudien) suscitées par la frustration sexuelle. Dans ce microcosme, une réaction en chaîne propage la peur, la haine, le fanatisme…. en un mot: le mal. Comme c'était prévisible, le dénouement est terrible.
Ce déchainement est-il caractéristique d'une époque bien révolue, où l'ignorance et la contrainte régnaient en maîtres ? On aurait envie de le croire. Pourtant, ce mécanisme infernal peut encore fonctionner, de nos jours. C'est ce que veut nous faire comprendre Aldous Huxley, à travers cette sombre histoire.
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entre réalité et spiritualité, croyances et magie, le parcours et le calvaire du jeune curé Urbain Grandier dénoncé par les ursulines, condamné par un tribunal ecclésiastique puis exécuté par le feu sur un bûcher bien que clamant son innocence.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les moralistes reviennent constamment sur le devoir de maîtriser les passions, et, bien entendu, ils ont absolument raison de le faire. Malheureusement la plupart d'entre eux ont omis d'insister sur le devoir non moins essentiel de maîtriser les mots et les raisonnements fondés sur eux. Les crimes de passion ne sont commis que lorsque le sang est en ébullition, ce qui n'arrive qu'occasionnellement. Mais les mots sont constamment auprès de nous, et les mots (en raison, sans doute, du conditionnement de la première enfance) sont chargés d'un pouvoir de suggestion tellement puissant qu'il justifie, en quelque sorte, la croyance aux sortilèges et aux formules magiques. Bien plus dangereux que les crimes de passion sont les crimes d'idéalisme - les crimes qui sont instillés, entretenus et moralisés par des mots devenus sacrosaints. Les crimes de ce genre sont projetés quand le pouls est normal, et commis de sang-froid, avec une persévérance inébranlable, durant une longue période d'années. Au temps passé, les mots qui dictaient des crimes d'idéalisme étaient principalement religieux ; à présent, ils sont principalement politiques. Les dogmes ne sont plus métaphysiques, mais positivistes et idéologiques. Les seules choses qui demeurent inchangées sont la superstition idolâtre de ceux qui avalent les dogmes, et la démence systématique, la férocité diabolique, avec lesquelles ils agissent conformément à leurs croyances.
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Par certains côtés, le cas de Soeur Jeanne était essentiellement analogue à celui de Miss Beauchamp. Périodiquement, elle prenait congé de son moi habituel, et, cessant d'être une religieuse respectable de bonne famille, devenait pour quelques heures, ou quelques jours, une virago sauvage, blasphématrice et totalement éhontée, qui s'appelait tantôt Asmodée, tantôt Balaam, tantôt Léviathan.
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Le bovarysme n'est en aucune façon invariablement désastreux. Au contraire, le processus par lequel on s'imagine être ce qu'on n'est pas, et par lequel on agit d'après cette imagination, est l'un des mécanismes les plus efficaces de l'éducation. (...) C'est en pensant et en agissant, dans toute situation donnée, non pas comme nous penserions et agirions normalement, mais plutôt comme nous imaginons que nous le ferions si nous étions pareils à quelque autre personne meilleure -, c'est ainsi que nous cessons finalement de ressembler à notre moi ancien, et en arrivons, plutôt, à ressembler à notre modèle idéal.
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Nul ne peut concentrer son attention sur le mal, ou même sur l'idée du mal, sans en être affecté. Il est extrêmement dangereux d'être plus "contre le diable" que "pour Dieu". Quiconque part en croisade a tendance à tomber dans la folie. Il est obsédé par la méchanceté qu'il attribue à ses ennemis ; elle devient en quelque sorte une partie de lui-même.
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« Au commencement était le Verbe… » Pour ce qui est de l’histoire humaine, cet énoncé est parfaitement exact. Le langage est l’instrument de la marche en avant de l’homme, hors de l’animalité, et le langage est la cause pour laquelle l’homme s’est détourné de l’innocence animale et de l’animale conformité à la nature des choses, pour tomber jusque dans la folie et le diabolisme. Les mots sont à la fois indispensables et funestes. Traitées comme des hypothèses explicatives provisoires, les propositions relatives au monde sont des instruments, au moyen desquels il nous est possible, progressivement, de comprendre le monde. Traitées comme des vérités absolues, comme des idoles qu’il faut adorer, les propositions relatives au monde déforment notre vision de la réalité, et nous entrainent à toutes sortes de comportements inappropriés.
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