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Marie-Pierre Bay (Traducteur)Nili Wachtel (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070403493
341 pages
Gallimard (27/08/1997)
3.9/5   25 notes
Résumé :
La porte s'ouvrit et devant nous surgit Miriam. Elle était petite, trop large pour sa taille, la poitrine haute et le visage d'une fille d'à peine plus de seize ans.

Elle avait une expression de gaieté juvénile, pas de maquillage du tout, et ses cheveux châtains coupés court étaient un peu ébouriffés.

Dans ses yeux d'un bleu foncé brillait la joie d'une enfant qui reçoit la visite de grandes personnes...

" A vingt-sept... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Meshugag permet de connaître et d'approcher la littérature yiddish, à mon sens, trop ignorée.
Isaac Bashevis Singer recevra le prix Nobel en 1978 à l'âge de 76 ans.

Meshugag ( en yiddish signifie fou) raconte l'histoire d'un écrivain yiddish mais aussi journaliste qui pour survivre donne des conseils à des auditeurs et rédige un roman feuilleton chaque semaine.
Son public de lecteurs n'est autre que les juifs polonais vivant en Amérique, qui ont échappé de près, bien souvent à l'holocauste.
Isaac Bashevis Singer nous conte avec un humour et aussi parfois avec beaucoup de dérision les souvenirs des shtetl polonais.
Tout un monde disparu, rempli de nostalgie avec l'évocation de bons plats qui réunissaient ses familles d'alors.
Notre écrivain / journaliste est un homme aimé aux multiples conquêtes, un jour, il tombe néanmoins amoureux de Miriam, âgée de 20 ans de plus que lui, qui elle-même est très liée à un homme : Max.

Notre narrateur ne porte pas de jugements, à travers ce triangle amoureux où chacun bizarrement à une vraie place.
Ce qui m'a touché dans ce livre, c'est toutes les questions que se pose le narrateur, sur l'existence de Dieu, sur la filiation, et même sur l'origine du mal.
On apprend que Miriam à été pendant la guerre une kapo et d'une certaine façon une prostituée.
Isaac Bashevis Singer nous plonge dans les conflits, les contradictions à l'intérieur de chacun des trois protagonistes, et par ricochet en nous-mêmes.
Une lecture, pas forcément facile, mais pleine de questionnnemts
À mon sens, mérite un détour de lecture.
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Ce qui m'a intéressée dans ce roman, c'est de partager le quotidien d'immigrés juifs aux États-Unis ayant fui Hitler. J'ai vu de fortes contradictions entre une grande soif de vivre (ils refont leur vie après avoir parfois perdu toute leur famille, certains font fortune, ils s'adaptent à la vie New-Yorkaise) et des élans dépressifs et suicidaires, des cauchemars qui les poursuivent des années après. Pour cela, le personnage de Miriam est très représentatif.

Chez ces protagonistes, il y a aussi une ambivalence par rapport à la culture juive. À la fois ils restent entre juifs, continuent à parler yiddish entre eux, et à la fois ils questionnent l'existence de Dieu, les traditions. Chaque personnage à sa manière place dans sa vie des éléments de traditions et de modernité. Ce ne sont pas les mêmes pour tous et cela cause parfois des situations étranges.

J'ai vu l'émancipation des femmes comme un thème central du roman. Dans un contexte bien plus paternaliste qu'aujourd'hui, les personnages s'interrogent sur le sens de la fidélité et vivent une situation de polyandrie assumée. À un moment le personnage principal, Aaron, dit qu'un homme ne peut se contenter de passer sa vie avec une même femme, tandis qu'une femme ne se satisfait pas d'appartenir à un même homme. Plusieurs fois on retrouve cette notion d'appartenance de la femme à son mari. de même, Miriam est, dans différentes situations, traitée de putain, alors que les hommes ayant plusieurs relations ne sont pas jugés.

À mon sens la quatrième de couverture contient plusieurs erreurs. Max n'a pas eu « l'imprudence » de présenter Aaron à Miriam, il l'a fait consciemment dans le but qu'ils commencent une relation ensemble. Étant donné son âge avancé et ses habitudes libertines, il souhaite que Miriam ait un deuxième homme dans sa vie. Par moment dans ma lecture il m'a semblé qu'il lui choisit l'homme qu'il voudrait être. de même, Miriam n'a pas été déportée en camp. Elle ne semble pas tenter d'oublier son passé, mais plutôt de vivre avec.
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New York, 195... Aaron Greidinger, écrivain juif polonais proche de la cinquantaine, travaille pour un journal yiddish, dans lequel il publie des feuilletons et prodigue des conseils en tous genres à ses lecteurs, issus de la diaspora. Il retrouve l'une de ses connaissances de Varsovie, Max Aberdam, de vingt ans son aîné, qui a perdu sa première femme et ses deux filles dans les camps de concentration, et qui est à présent remarié.
Max lui présente Miriam, sa maîtresse de 27 ans. Ils vont former une sorte de ménage à trois, la jeune femme étant éprise des deux hommes, qui se vouent mutuellement amitié et respect.

Isaac Bashevis Singer nous brosse le portrait d'une communauté juive déracinée de sa Pologne natale, souvent marquée par les épreuves infligées par les nazis à eux-mêmes ou à leurs proches, mais qui, grâce à sa faculté d'adaptation et à une forte solidarité, connaît aux États-Unis une certaine "réussite" financière... (car d'un point de vue psychologique, elle garde les stigmates desdites épreuves, notamment sous la forme de cette "folie" dépeinte par l'auteur et matérialisée par le terme "meshugah", qui signifie "fou à lier, fêlé, cinglé, fou de joie et de tristesse").

J'ai été frappée aussi par les contradictions dont fait preuve le personnage d'Aaron : il considère la polygamie d'une façon très libertaire, puis est choquée d'apprendre que Miriam a du, pendant la guerre, vendre son corps pour survivre... de même, il est très imprégné de la culture et de la religion juives, auxquelles il se réfère constamment, mais a une façon très personnelle de considérer Dieu, qui n'est pas pour lui un Dieu de compassion, ni un Dieu tout-puissant, mais simplement celui qui a bâti le monde et se contenterait à présent de l'observer, l'Homme conservant toujours son libre arbitre.

Un ouvrage qui se lit facilement, plutôt plaisant, mais je ne peux pas dire non plus que j'ai adoré, sans trop savoir pourquoi... disons qu'il n'a pas éveillé en moi cette sensation d'être plongée dans l'histoire, ni celle d'éprouver de l'empathie envers les divers personnages...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le rythme est lent. mais le charme agit. Une histoire triste au fond d'une femme dans le gouffre de camps devenue kapo pour vivre encore.peu de sentiments. Beaucoup de déchirures.
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Abandonné aux 3/4.
Pourtant, pas mal, mais ça traîne en longueur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je laissai la valeur de deux semaines de texte de mon roman-feuilleton au journal, et remis le tout à mon rédacteur en chef. J'enverrais la suite par avion d'Israël. J'enregistrai plusieurs émissions pour mes auditeurs. Les conseils que je leur donnais étaient toujours les mêmes. Au candidat au suicide, au staliniste déçu, au mari trompé, à la femme malade du cancer, à l'auteur méconnu, à l'inventeur spolié de son invention, je répétais : ce monde n'est pas à nous, nous ne l'avons pas créé, nous n'avons pas le pouvoir de le changer. Les puissances les plus hautes ne nous ont offert qu'un seul don : la possibilité de choisir entre un mal et un autre. À mon avis, il ne fallait donc rien faire, "rien ne vaut autant que rien". D'ailleurs les Dix Commandements commencent presque tous par : "Tu ne..." Je citais la Guemarah : "il est préférable de rester assis à ne rien faire." Je conseillais à mes auditeurs d'échanger une passion contre une autre, une cause de tension pour une autre. Si vous n'avez pas de chance en amour, leur disais-je, concentrez votre énergie sur votre travail, ou un passe-temps, ou quelque chose d'amusant. Pourquoi se suicider puisque, de toute façon, nous devons mourir ? La mort ne pouvait pas faire disparaître l'esprit de l'homme. L'âme, la matière, l'énergie, c'est du pareil au même. La mort n'est qu'une transition d'un état à l'autre. Si l'univers est vivant, il ne peut y avoir de mort à l'intérieur de son organisation. Comment ce qui est infini pourrait-il avoir une fin ? La mort, cette chose qui emplit de terreur les vivants, pouvait aussi devenir une source de bonheur sans bornes.

Tout en parlant si librement à la radio, je me rendais compte qu'il m'arrivait souvent de me contredire. mais à qui cela ferait-il du mal ? Il devait sûrement exister quelque part une puissance qui mélangeait toutes les contradictions pour n'en faire qu'une seule et unique vérité. Je citais Spinoza disant qu'il n'y a rien dans la divinité qu'on puisse appeler mensonge. Nos mensonges étaient des miettes de vérité, des tables de la loi brisées, où le "Tu ne..." restait gravé sur un morceau de pierre seulement. Tout ce que nous pouvions faire, c'était dans la mesure du possible, éviter de nous blesser les uns aux autres. Je suggérais à mes auditeurs d'entreprendre un voyage, de lire un bon livre, de se choisir un passe-temps, de ne jamais essayer de changer le système, pas plus d'ailleurs que le gouvernement actuel. Les problèmes du monde nous dépassent complètement. Nous ne pouvions utiliser notre libre arbitre que pour des choses sans importance, qui nous touchaient personnellement. J'agrémentais mes "sermons" de citations de Goethe, d'Emerson, de la Bible, de traités de la Guemarah et du Midrash. Je me sentis beaucoup mieux moi-même après avoir fini.

Les journalistes yiddish écrivaient souvent toutes sortes de choses désobligeantes sur les gens qui jouent aux cartes, mais je n'étais pas d'accord avec eux. Si les cartes parvenaient à injecter un peu de plaisir dans la vie de quelqu'un, alors elles lui faisaient du bien, pas du mal. On pouvait dire la même chose du théâtre, des films, des livres, des journaux. Ce qui permettait de tuer le temps était bénéfique - le temps, ce vide qu'il fallait bien combler d'une manière ou d'une autre.

Je ne promettais pas de paix durable, pas de cure souveraine pour les névroses et les complexes de l'humanité. Au contraire, j'avertissais mes auditeurs que dès qu'on se libérait d'une névrose, une autre prenait sa place. Elles faisaient la queue pour cela. La vie n'était qu'une crise prolongée, une lutte à n'en plus finir. Et quand la crise cessait, venait alors l'ennui - la pire angoisse de toutes...
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- Ne le couvre surtout pas de louanges ! interrompit Max. Il va enfler , enfler au point d'éclater. Un écrivain, c'est comme un cheval, si on lui donne un sac d'avoine, il le dévore. Si on lui en donne deux, il les engloutit. À la ferme de mon père, c'est arrivé plus d'une fois qu'un cheval se bourre d'herbe mouillée et en meure peu après.

- Oh, tu dis de ces choses ! s'exclama Miriam d'un ton plein de reproche.

- C'est la vérité ! Aaron pense peut-être que j'essaye de le priver des compliments qui lui sont dus, alors que je lui souhaite mille fois tous les succès. Au fil des années, j'ai voulu faire des quantités de choses, mais devenir écrivain, jamais. Gribouiller ne m'a jamais tenté.

- Vous vouliez faire quoi ? demandai-je.

- Écoute-moi bien, si tu continues à me dire cérémonieusement "vous", je t'attrape par la peau du cou et je te jette dans l'escalier ! Arrête d'être aussi poli ! Dis-moi "tu", à haute et intelligible voix, ou alors, va au diable ! Si notre petite écolière que voici peut se passer de cérémonies avec moi, tu le peux aussi ! Je vais te le déclarer bien en face : vous êtes tous les deux aussi proches de moi qu'un frère et une... Bon, je ferais mieux de ne pas dire de bêtises. Il me semble que tu m'as posé une question, mais je ne sais plus ce que c'était.

- Je vous ai demandé, enfin, je t'ai demandé ce que tu aurais voulu être.

- Qui j'aurais voulu être ? Voyons, tout le monde, Rockefeller, Casanova, Einstein, ou alors simplement un pacha avec un harem plein de belles filles. Mais rester assis une plume à la main et gratter du papier, ce n'est pas pour moi. Lire, oui. Un bon livre est aussi important à mes yeux qu'un bon cigare.

- Je n'avais pas idée que tu rêvais de posséder un harem, dit Miriam.

- J'en rêvais il y a trente ans, avant que toi, Miriam, ne sortes en gigotant du ventre de ta mère. Mais maintenant que je t'ai, je ne veux plus personne d'autre. C'est l'amère vérité.

- Pourquoi "amère" ?

- Parce que ça veut dire que j'ai trente ans de plus, pas trente ans de moins.

- Pauvre Max. Nous rajeunissons tous, sauf lui qui est le seul à vieillir. Tu voudrais petit à petit retourner en arrière jusqu'à redevenir un bébé ? demanda Miriam.

- Non, mais j'aurais voulu avoir toujours trente ans.

- Ah, rêveur ! " dit-elle en polonais.

Le soir tombait. Des ombres emplissaient la pièce, mais personne ne se levait pour allumer une lampe. De temps à autre, Max tirait sur son cigare, et une lueur rouge éclairait son visage. Soudain, ses yeux se mirent à briller et il déclara : " Quand je suis avec vous deux, j'ai l'impression d'être jeune à nouveau."
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C'était déjà arrivé plus d'une fois : quelqu'un que je croyais mort dans les camps hitlériens surgissait devant moi, vivant et en bonne santé. J'essayais de dissimuler ma surprise. Pourquoi monter tout un mélodrame ou signifier à cette personne que je m'étais résigné à sa disparition ? Mais ce jour de printemps 1952, quand la porte de mon bureau, à la rédaction du quotidien yiddish de New-York, s'ouvrit brusquement et que Max Aberdam apparut, je dus sursauter et pâlir car je l'entendis s'exclamer: " N'aie pas peur ! je ne suis pas rentré de l'Au-delà pour venir t'étrangler ! "
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