Charles Charles, profession Président

"Charles Charles, profession président" suit les (més)aventures de Charles Charles, nouvellement élu président des Etats-Unis de la République (sic) : chute de popularité dans les sondages, rencontres avec les représentants syndicaux, les dirigeants voisins, déboires avec les secrétaires, les gardes du corps, sa femme, ses conseillers... Toute ressemblance avec des dirigeants existants ou ayant existé ne serait que pur hasard. D'ailleurs Charles Charles a une tête de volatile (l'espèce exacte reste difficile à identifier). Charles Charles est aussi ami avec un dictateur nord-africain. Même que sa ministre de la Défense fait de l'hélico avec le sus-dit dictateur. Ce n'est pas dans nos démocraties occidentales qu'on verrait de telles choses...
Bon, vous l'aurez compris, avec son Charles Charles, Marc Dubuisson ne se gêne pas pour épingler les travers de certains hommes politiques passés, présents ou à venir. Cependant, Charles Charles n'est pas la caricature d'un homme politique en particulier. Il serait plutôt une sorte de quintessence. Il est inculte, méprisant, enchaîne les bourdes... La seule qualité qu'on puisse lui reconnaître, c'est de dire tout haut ce que beaucoup doivent penser tout bas... Et c'est ce qui fait en grande partie le sel de cette BD.
La bande dessinée enchaîne les scénettes de 2-3 pages. Certaines sont d'un comique assez convenu, d'autres retiennent l'attention par le piquant des réparties. L'ensemble est assez inégal mais cependant sympathique et beaucoup moins dangereux, comme exutoire, qu'un vote FN.
Le dessin, quant à lui, ne m'a pas trop plu (les costumes à carreaux à la règle, bof bof) mais l'aspect graphique n'est pas l'essentiel dans cette BD.

Belle découverte que cet auteur, Marc Dubuisson. J'en veux déjà plus. Dans tous les sens, dans tous les styles. Car l'homme possède une belle patte, piquante et corrosive, sait tomber juste toutes les quatre cases (façon Bill Watterson ("Calvin & Hobbes"), Philippe Geluck ("le Chat"), Scott Adams ("Dilbert")), tout en développant une histoire qui se tient, avance et captive.

Que demande le peuple ? Certainement pas ce genre de président ! Et pourtant, on ne peut s'empêcher de lire dans ces excès absolument individualistes, cyniques et déshumanisés, une once de vérité sur nos dirigeants. Sommes-nous si masochistes pour rire ainsi ?

J'attire l'attention sur un aspect assez inattendu : cet homme pourtant narcissique et égoïste nous est malgré tout sympathique. Pas de rejet du personnage, on prend grand plaisir à la lecture, en voudrait toujours plus. C'est maîtrisé et très créatif. L'écriture (pas méchante malgré le propos), l'humour (fruit d'un personnage sans filtre et maladroit face aux codes de l'emploi) et le dessin très léger, coloré et positif (m'a fait penser aux premiers "Donjon") participent certainement de cette délectation.

Du fond et de l'humour, voici une chronique sociale brillante et divertissante à souhait !

Un "concept" sympa, en quelques sortes. Un humour assez fin et cultivé qui part un peu dans tous les sens. 'Faudrait en lire plus (et donc en écrire aussi, plus.), des bd's comme ça, un peu comme si elle avait demandé une sorte d'initiation.

Un humour que j'adore ! Des strips qui, par le biais de l'humour, dénoncent les travers de la communication politique.