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EAN : 9782742716784
370 pages
Actes Sud (04/06/1999)
4.08/5   40 notes
Résumé :
Au cours des premiers mois de l'année 1985, un dénommé Oscar colle dans le quartier de la Bastille une affiche représentant un homme sévèrement torturé. Victor, qui sillonne le coin à bicyclette et tient la chronique photographique de sa démolition, cherche à en savoir un peu plus.
A La Boca, une boîte à tango de la rue de Lappe où il a ses habitudes, il se lie avec divers exilés argentins qui ont fui la répression aveugle. A tous, cette affiche rappelle bien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
De la Bastille… au tango argentin. Olé !

Si les titres de certains romans ne sont pas des plus faciles à comprendre, « Bastille Tango » ne classe assurément pas dans cette catégorie.

Dans les années 85, depuis que Mitterrand a décidé d'ériger l'opéra Bastille (1) en lieu et place de la gare de Paris-Bastille, les bulldozers sont à l'oeuvre et changent radicalement le décor des environs de la place de la Bastille.

Pendant ce temps, le photographe Victor Blainville se plait à sillonner le quartier afin d'immortaliser à jamais cette longue agonie. Au cours de ses sorties le plus souvent nocturnes, Victor découvre une affiche intrigante d'un homme torturé et part aussitôt à la recherche du colleur d'affiche, un certain Oscar.

Pour retrouver le second mot du roman de Jean François Vilar, il faut s'aventurer à la Boca, une boite de tango tenue par une japonaise et fréquentée par de nombreux argentins mais également par le fameux Victor et la sulfureuse Jessica.

Alors que va s'ouvrir en Argentine le procès des responsables des tortures et morts de milliers de civils durant la dictature, la disparition d'expatriés argentins à Paris sème le trouble parmi les habitués de la Boca. Seraient-ce les fantômes de la junte argentine débarquant en Île de France ?

Pour mon premier Vilar, je découvre un roman noir marquant, violent et dérangeant. Contrairement à un roman policier classique, même si les flics enquêtent sur les disparitions, l'auteur ne délivre pas toutes les clés de l'intrigue, libre à chacun d'interpréter le fin mot de l'histoire.

Sans être totalement fan du genre, que je ne pourrais d'ailleurs ingurgiter qu'à dose homéopathique, j'ai été intrigué et happé par ce roman sans concession, permettant à l'occasion de déambuler dans Paris de jour comme de nuit. O l'É ! (2)

(1) L'opéra Bastille est inauguré le 13 juillet 1989 pour les festivités du bicentenaire de la prise de la Bastille.
(2) Comme Vilar, je vous laisse imaginer. Si vous pensez à « Observe Les Étoiles », sachez qu'elles sont difficiles à percevoir dans le ciel parisien.
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En 1986, Jean-François Vilar retrouve une nouvelle fois son héros, le photographe Victor Blainville, dans un Paris qui pour être en constante mutation n'en demeure pas moins une ville mystérieuse dans laquelle fantasme et réalité ne cessent de se confondre. Aussi, lorsque les compagnons argentins que Victor fréquente à la boîte de tango La Boca depuis notamment qu'il entretient une relation avec la belle et incandescente Jessica commencent à disparaître ou à subir des accidents suspects, le soupçon enfle. Ces exilés qui avaient fui la dictature des militaires et qui, pour certains d'entre eux, anciens desaparecidos, doivent retourner au moins provisoirement en Argentine pour témoigner au Procès de la Junte, voient dans ces faits la main des militaires aux réseaux encore bien organisés et, pourquoi pas, susceptibles d'éliminer les témoins les plus gênants jusqu'en France. D'autant qu'au même moment une affiche placardée au début des années 70 à Buenos Aires représentant un homme torturé réapparaît sur les murs parisiens.

Errant toujours dans cet entre-deux où se mêlent le vrai et le faux mis en exergue ici par les pellicules de films que laisse derrière lui Julio, le frère de Jessica, avant de disparaître à son tour, Victor Blainville essaie vaguement, presque forcé par la présence du policier Villon de plus en plus spectral, de lever le voile sur cette vague de disparitions et les apparitions suspectes de personnages qui pourraient être liés aux militaires. Dans un quartier de la Bastille livré aux bulldozers pour faire place à un opéra controversé, le photographe, plus saisi par l'urgence de garder la trace de cette inéluctable disparition de lieux qui deviennent peu à peu des coquilles vides dont les façades peuvent receler de sombres secrets que par la traque de fantomatiques nervis de l'ancienne junte argentine, finit toutefois par se laisser emporter par le courant paranoïaque qui agite la petite communauté qu'il fréquente.
C'est l'occasion pour Jean-François Vilar de mettre à chaud sur le tapis – rappelons que le roman paraît l'année qui suit le Procès de la Junte – par le biais d'une intrigue comme toujours complexe et de récits amenés par petites touches jusqu'à ce que Jessica se livre sur sa propre disparition, évitant ainsi tout discours lénifiant, la question non seulement de ce terrorisme d'État de la dictature argentine, mais aussi et surtout celle de l'oubli. Oubli que voudraient obtenir les tortionnaires (et que la loi d'amnistie de 1986 leur offrira), impossibilité d'oublier pour leurs victimes aussi fort puissent-elles le désirer. Et derrière tout cela, l'oubli des idéaux de cette gauche paralysée par la présidence de Mitterrand aussi décevante soit-elle et qui a fini par rentrer dans le rang on ne peut mieux symbolisée par le personnage de Marc, directeur du journal de gauche Le Soir, qui ressemble fort à Libération, écartelé entre sa position de notable bourgeois et son désir de scoop qui pourrait déranger le pouvoir.

Navigant dans un monde extravagant, aux frontières de l'onirisme, mais recelant des dangers bien réels, Victor Blainville entraîne à sa suite un lecteur toujours un peu désarçonné par ce qui s'offre à son regard toujours biaisé par celui, totalement subjectif, du photographe. Cela donne encore une fois un roman d'une rare intelligence et qui surtout évite avec finesse d'imposer une vérité au lecteur. Un bien beau livre.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Bastille tango, ce sont deux univers qui se confronte : d'un côté, on embarque dans l'histoire de la fin d'un quartier, avec la destruction de son cinéma et de ses cafés parfois emblématiques, le tout pour laisser place à un nouvel opéra que le quartier regarde arriver avec un certain scepticisme. On découvre aussi la vie du dit quartier, au détour de ses rues, de ses porches et de ses multiples et secrètes cours intérieures ou de ses souterrains sous la colonne de Juillet.

De l'autre côté, comme Luz ou le temps sauvage ou Mapuche, Bastille tango nous fait découvrir les coulisses des heures sombres de l'Histoire argentine. Il convient néanmoins de noter qu'à la différence de ces deux autres titres, Bastille tango a été écrit très peu de temps après les événements auxquels il fait référence puisque sa première publication date de 1986. Peut-être d'ailleurs est-ce parce que le contexte était alors dans beaucoup d'esprits que l'auteur ne fait aucun rappel sur les faits, si ce n'est dans la seconde moitié du roman, lorsque Jessica expliquera à Victor son histoire... Ceci dit, une petite recherche sur l'outil magique qui vous permet de me visiter, et vous aurez vite fait de comprendre qu'il y a eu à la fin des années 70 une dictature militaire en argentine avec disparitions et tortures d'opposants au régime.

Avec un univers sombre et parfois dur, mais aussi une énorme humanité entre ces personnages plus ou moins éclopés par la vie, Bastille tango nous offre une vision de Paris en plein mouvement. Une belle découverte pour ce livre acheté au hasard pour son titre et qui nous embarque à la rencontre de personnages attachants..
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Genre de roman qui peut déranger, je dois bien le dire, je fus ballottée entre deux rives. J'ai aimé parcourir Paris à côté du photographe, admiré ces clichés d'une époque qu'on assassine à coup de bulldozers et d'un autre la chasse aux témoins du procès de la junte qui doit se dérouler m'a littéralement déroutée.

Des passages noirs comme le livre, mais également une romance décalée qui n'est pas déplaisante pour autant. Un équilibre qui vacille puis se reprend, assez déstabilisant mais original.

J'ai aimé cette construction, ce Paris Bastille, l'ambiance Tango, moins bien les affiches hard, le récit de Jessica.

Un style à part, un livre intéressant au final, mais que je ne conseillerai malgré tout à tout le monde.

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1984. A Paris, s'ouvre le chantier de l'Opéra Bastille : démolitions, expropriations, un quartier populaire disparait sous les yeux de ses habitants résignés. A Buenos Aires, on prépare les auditions des témoins survivants d'exactions des dictatures successives. "Bastille tango" de Jean-François Vilar (1947-2014) est un roman noir à l'atmosphère fascinante dans lequel la représentation de la réalité par l'image (affiche, photo, film, tag, peinture) joue un rôle important.

Victor Blainville, le narrateur-témoin de Bastille tango est photographe-reporter ; il ne tardera pas à être aussi acteur dans l'histoire. Il sort d'une liaison houleuse avec Jessica, réfugiée politique passée par les geôles des tortionnaires argentins. Il veut oublier, retrouver enfin plus de légèreté, mais son projet consolateur de rendre compte en photos du bouleversement de la Place et de ses alentours ne fera pas long feu. Il y a d'abord cette horrible affiche, menace ou dénonciation, qui apparaît soudain sur les murs voués à la démolition ; décollée, déchirée, elle est immanquablement remplacée, déplacée (je ne dévoile pas ce qu'elle représente : les toutes premières pages du roman sont époustouflantes, l'impression qu'elles laissent imprègne tout le roman, un formidable tour de passe-passe littéraire...).

Dans l'intrigue surviennent ensuite, très vite, un accident, un suicide, une disparition, qui touchent le petit monde des réfugiés argentins de la Bastille au moment où se préparent à Buenos Aires les auditions des témoins dans les procès des bourreaux de la junte militaire. Et toujours, la progression des bulldozers, le bruit, les gravats qui s'amassent, les enseignes qui tombent, quand elles n'ont pas été subtilisées à temps par Victor ou ses amis.

En marge, de beaux personnages annexes, icônes du quartier massacré, eux-mêmes fêlés, abimés : une geisha japonaise tenancière d'une boîte à tango ; une ancienne ouvreuse sans ressources, un vieux collectionneur de frivolités. Ils connaîtront des histoires d'amour bancales et désespérées, brefs moments de douceur et de poésie avant de retrouver ou de finir des vies décevantes et sans espoir.

Très tango tango, tout ça. Avec en bande-son subliminale, le Cuarteto Cedrón, les soupirs du bandonéon, les poèmes de Julio Cortázar.

Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Video de Jean-François Vilar (1) Voir plusAjouter une vidéo

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