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EAN : 9782330189723
128 pages
Actes Sud (10/04/2024)
3.67/5   23 notes
Résumé :
Agrégé de sciences naturelles, Alexis Jenni a commencé sa carrière comme enseignant de sciences avant de se faire connaître du grand public par ses romans. Arboricoles est le premier livre par lequel il allie ses deux amours, la science et la littérature. Résultat : un texte à la science baladeuse, légère, poétique et philosophique.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Rien n'est visible et pourtant ils grimpent au ciel ! Quand tant d'autres les ignorent ou ne les voient plus Alexis Jenni respire parmi les arbres. Et l'on retrouve l'auteur de « L'Art français de la guerre » (Goncourt 2011) sur un terrain qui lui est familier celui des sciences naturelles. Promenade méditative et scientifique du bout des feuilles à la pointe des racines, visuelle aussi, l'arbre étant avant tout paysage, entre expérience et existence de l'arbre. de son enfance à ceux de sa maturité voyageuse, entre spécimens mystérieux ou spectaculaires, Alexis Jenni déambule entre « ses » arbres, arbres des champs ou des villes, et les idées reçues sur eux rappelant au passage que Rabelais ironisait déjà sur la figure de l'homme en arbre inversé, soit la tête en bas les racines jaillissant du cerveau comme une chevelure pensante. Cité par l'auteur au début du livre « L'Arbre des voyelles » en bronze, sculptural et poétique, couché dans le jardin des Tuileries (Guiseppe Penone, 1999) convoque et dégage, bien que sur d'autres plans, autant de savantes mises en réseaux que la photosynthèse à l'oeuvre chez l'arbre vivant et décrite par lui scientifiquement quelques pages plus loin. Ainsi vit l'arbre dans l'oeil humain et sous la plume de Jenni, mort ou vif, mort et vif, entre représentations symboliques puissantes, philosophique ou artistique, et réalités botanique et bio-chimique.

Rien de biscornu ou d'inquiétant dans les silhouettes des petits arbres que l'écrivain a dessinés au fil des pages de son essai si ce n'est par contraste l'horizon duquel ils se détachent ou le sol sur lequel ils s'appuient, si impénétrablement noirs qu'ils soulignent leur devenir incertain et les perspectives environnementales peu engageantes qui en découlent pour nous. Car l'arbre est un sujet éminemment politique (pas le sapin de Noël dont on nous a bassinés dernièrement) ; outre son souffle dont nous tirons bénéfice à chaque seconde, tout nous relie inexorablement à lui. Comme nous la solitude le fragilise, l'arbre est social et aime vivre en groupe. Petit et déjà « potentiellement éternel », l'arbre se régénère sans cesse par le pourtour ; « son passé mort » en son centre lui sert d'étai. Il serait plus adéquat le concernant de substituer l'image d'un corps flottant entre ciel et terre à celle de fixité qui lui est spontanément associée. Sa vie secrète intérieure très agitée est passionnante et parfaitement racontée dans ces pages fort instructives. L'arbre dans son silence éloquent reste un modèle d'auto-régulation et de sobriété si inspirant et si réconfortant pour l'avenir que nous ne pourrions imaginer nous en passer.
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Acheté en librairie avec la blonde, pour le titre, le sujet et la couverture, encore cette magnifique collection Mondes sauvages d'Actes Sud. C'est magnifique et le choix des textes est aussi très judicieux.
Je ne connaissais pas Alexis Jenni, je savais qu'il avait obtenu le prix pour L'Art français de la guerre, mais je ne lis pas les livres en fonction des prix.
Par contre, j'aime les arbres et l'idée d'une réflexion philosophique sur notre rapport si complexe avec eux, sur leur présence en ce monde, telle qu'annoncée en quatrième de couverture, était une alléchante proposition de lecture.
J'ai adoré.
Alexis Jenni, (du coup je vais en lire d'autres) réussit le tour de force de penser comme un arbre, à la manière d'un arbre et non d'un humain qui se prendrait pour un arbre. D'ailleurs, c'est inexact, tant pis je ne sais pas le formuler autrement, mais un arbre ne pense pas, il existe tout simplement et c'est immense.
Je ne sais pas comment, seulement à la lecture de ce livre, j'ai senti une espèce de spiritualité végétale s'emparer de moi... Je n'avais ressenti la profondeur des plantes, ni des plus fantastiques d'entre elles : les arbres.
C'est extraordinaire, de les savoir vivre ainsi on se sent vivant, au sein d'un tout qui bat, d'un monde habité par leur présence.
Ce livre n'est pas un ouvrage scientifique pourtant j'ai appris la photosynthèse sensorielle, la puissance de l'eau, la capacité magique qu'ils ont (face à nous, animaux) d'être quasiment immortels.
Je vais laisser reposer et relire. Assurément, ce livre restera dans ma bibliothèque, dans ma vie de lectrice et il marque une étape de ma relation avec les arbres.
Je ne peux que vous conseiller une ballade Parmi les arbres et, bien sûr, un traité de vie commune avec eux.
Je les aimais, désormais je les comprends un peu mieux.
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Ce court texte a une colonne vertébrale, l'amour d'Alexis Jenni pour la nature en général et les arbres en particulier, mais de cette colonne, il part un peu dans tous les sens entre souvenirs d'enfance, biologie végétale, souvenirs de voyage (il se souvient bien plus des arbres rencontrés que des gens j'ai l'impression), réflexions un peu philosophiques....Le tout forme un fouillis un peu nostalgique, un peu triste quand on pense à la dévastation du monde, mais d'une grande beauté.
Très agréable à lire donc.
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Alexis Jenni porte ou essaie de porter ses 2 casquettes, celle de scientifique et celle de " romancier" (Goncourt 2011). Malheureusement dans ce " parmi les arbres" je ne trouve pas de traces d'un discours romanesque. Imaginer un enfant placé dans le creux d'un arbre dont le vécu se résume à : " C'était sombre, pulvérulent, par les ouvertures étroites je voyais la lumière...". Tout au long de "cet essai de vie commune" Alexis Jenni agrémente son propos d'expériences sensibles. Mais au final, c'est d'un triste et tellement obtus.
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Un bon livre, qui nous donne une vision différente des arbres, ou plus précisément, des visions alternatives de notre rapport aux arbres, mais aussi des arbres en tant qu'individus... Mais est-ce vraiment des individus ? Que sont-ils vraiment ? le sait-on seulement ?
De quoi vous faire changer de vision sur ces géants que nous côtoyons depuis toujours.
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critiques presse (1)
LaCroix
10 janvier 2022
Entre philosophie et poésie, Alexis Jenni dit son amour des arbres.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La racine est ce sur quoi on trébuche, disais-je. La métaphore de la racine appliquée à l'homme est un caillou dans la chaussure, tout à la fois symboliquement parlante et botaniquement fausse, on y revient toujours, on s'en agace aussitôt, on la rejette, et on y revient sans le souhaiter. On le sent, dit-on, que l'on a des racines ; comme si on le pouvait. L'homme n'est pas un arbre, la cause est entendue, les racines qu'on lui prête sont une image inventée, mais sans doute est-ce la meilleure propriété de cette image : la racine est ce sur quoi on trébuche, ce qu'on n'a pas choisi et qui est toujours en travers du chemin, ce qui par là même fait le chemin. La racine est ce qui est déjà là, nous gêne et quand même nous nourrit, et qui se développe en permanence en lien avec tout ce qui l'entouré ; (p. 35-36)
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Que fait l'arbre pour s'en défendre? Pas un geste; il ne peut pas. Mais la piqûre déclenche l'activation de gènes, l'arbre modifie son métabolisme, une chaîne de montage s'active silencieusement dans ses ateliers biochimiques, et les premières molécules volatiles sont bientôt relâchés à l,a surface, les pucerons tout à leur orgie ne soupçonnent rien; les molécules se répandent, flottent dans les courants d'air, dérivent comme des petits ballons sans gouvernail et finissent par rencontrer l'organe olfactif très sensible des guêpes prédatrices. C'est un signe, le signal qu'il y a là-bas abondance de pucerons, des milliers d'insectes incapables de fuir, gavés de sucre, de vrais petits cochons gras qui feront une excellente nourriture pour leur progéniture. Elles s'approchent de l'arbre d'où vient la délicieuse odeur, ils sont là, un troupeau d'obèses occupés à boire du soda à la paille, et le carnage commence. L'air de rien, l'arbre a appelé celle qui a des ailes pour venir jusqu'à lui et des pinces pour le nettoyer.
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Tout ce qui en réfrène l'activité est une catastrophe pour nous, tasser la terre, laisser la pluie la lessiver, la gorger de pesticides qui en déséquilibrent la population, interrompre son alimentation en matière organique. En gros, la plupart des pratiques culturales contemporaines sont défavorables à l'activité du sol, et donc défavorables au sol comme construction permanente: passer avec des grosses machines, traiter avec des toxiques, pratiquer la monoculture, ramasser tout, laisser nu, tout ça détruit les sols en les laissant impropres à leurs fonctions, les laissant à l'état de vague couche sableuse que l'on doit en permanence irriguer et alimenter d'engrais, alors que normalement ils font ça tout seuls. On croit le sol naturel mais il n'existe pas de lui-même, il est construit par l'activité du vivant, et il favorise l'activité du vivant; et comme tout objet construit, il peut être détruit, on reviendrait alors à une situation d'avant la vie terrestre, à la Terre cambrienne qui n'était que roche, argile et sable, inhospitalière à tout.
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La première fois que j'ai vu Penone, j'ai eu un sentiment d'hésitation. Je ne sais pas si l'hésitation est un véritable sentiment mais c'est un trouble qui envahit, qui empêche de penser unique, de penser droit, c'est un état instable, qui inquiète mais qui ouvre aussi à la multiplicité. Le sentiment d'hésitation peut vous tuer si vous sautez de branche en branche, mais peut vous sauver si apparaît devant vous un piège qui se fait passer pour tout autre chose, attirant et confortable, si évident.
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Les arbres ont perfectionné l'invention des algues et tranquillement, ils vivent. (p. 45)
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Dans cette vidéo exclusive, plongez dans les secrets bien gardés des écrivains ! Explorez comment Caryl Férey fusionne voyages et écriture, comment DOA aborde la recherche de manière empirique, et comment Valentine Goby navigue l'exploration vertigineuse. Un voyage fascinant dans les coulisses de la création littéraire vous attend !
00:10 Caryl Férey 00:30 DOA 01:45 Alexis Jenni 02:37 Valentine Goby 04:10 DOA 05:33 Valentine Goby
Cette interview a été réalisée durant plusieurs éditions de Quais du Polar, ainsi qu'aux Artisans de la Fiction.
Chez les Artisans de la Fiction, situés à Lyon, nous valorisons l'apprentissage artisanal des techniques d'écriture pour rendre nos élèves autonomes dans la concrétisation de leurs histoires. Nous nous concentrons sur les bases de la narration inspirées du creative writing anglophone. Nos ateliers d'écriture vous permettent de maîtriser la structure de l'intrigue, les principes de la fiction et la construction de personnages.
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