Vatican, 18 août 1503.
Alexandre VI, le Saint-Père se meurt emporté par un mal mystérieux.
Le 19 août, Rome semble tombée entre les mains du Diable. On picole, on se bâffre et on fornique de tous les côtés…
Les Romains savent que suite au décès du pape, dès l'aube, dix jours de deuil obligatoire s'abattront sur la ville : jeûne et abstinence… Et l'excommunication pour ceux qui ne respecteraient pas ces ordres ! Autant en profiter durant quelques heures… Et les prélats ne sont pas les derniers à en jouir (au propre comme au figuré… enfin… « propre » n'est peut-être pas le mot le plus adéquat).
Giuliano della Rovere vient de passer une nuit torride comme il les aime, en compagnie de son jeune amant. Il lui révèle comment il s'est débarrassé de son ennemi mortel. Borgia et della Rovere, tous deux hommes d'une Eglise qui prêche l'amour et le pardon, mais qui se sont toujours détestés prêts à s'éliminer, avaient de bonnes raisons de se méfier l'un de l'autre. Il y en a, plus rusé, qui a fini par l'emporter…
Un nouveau pape doit être nommé par le collège des cardinaux. Della Rovere n'est pas assez riche pour corrompre ces braves émissaires de Dieu. Les Espagnols ont toutes leurs chances. Ainsi que les Français ! Ils ont amené assez d'or que pour acheter les consciences (enfin, le fantôme de leurs consciences) des cardinaux qui vont désigner le futur pape. Della Rovere n'est pas riche, mais il a un plan !
Critique :
Bien chers frères, bien chères soeurs ! Si vous pensez que les papes ont toujours été des hommes saints guidés par l'Esprit de Dieu, passez votre chemin ! Lire cette BD va vous faire beaucoup de mal car Jodorowsky ne peut être que l'incarnation du démon pour s'être laissé aller à concocter un scénario aussi dur envers la papauté et l'Eglise catholique… Et pourtant… C'était une époque où leurs saintetés se permettaient de transgresser allègrement toutes les règles à l'application desquelles ils devaient veiller : assassiner, forniquer, corrompre, mentir, trahir… A côté d'eux, Judas est la naïveté incarnée. le scénariste s'appuie sur des faits historiques et comble les vides par le fruit de son imagination. Attention, c'est une BD historique, mais pas forcément un livre d'histoire !
Les dessins de Théo sont grandioses et donnent énormément de caractère à l'histoire, soutenus par la splendide mise en couleurs de Sébastien Gérard.
J'aurais pu mettre 5 étoiles… Mais non ! Quand on traite d'histoire, j'aime autant qu'on ne déforme pas les faits connus. L'assassinat en Espagne de César Borgèse, et d'autres petites choses m'ont dérangé et procuré une mauvaise conscience (preuve qu'il m'en reste un petit peu). Mais si vous n'êtes pas un grand fan de la vérité historique pure, laissez-vous emporter par le scénario bien ficelé d'un Jodorowsky particulièrement en forme, solidement servi par un Théo et un Sébastien Gérard.
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18 août 1503, victime d'un mal mystérieux le Saint-Père Alexandre VI (Rodrigo Borgia) se meurt. Rome entre alors dans une frénésie sauvage où beuveries et orgies sont à l'oeuvre afin de profiter avant les 10 jours de deuil rigoureux. Dès lors, une succession d'intrigues et de complots vont se jouer à la cour du Vatican, sous la férule du Cardinal Giuliano Della Rovere prêt à tout pour être sacré prochain pape.
La BD a du mordant. Une succession de planches érotiques où l'homosexualité prime. Les personnages sont tous plus odieux les uns que les autres. Meurtres, prostitution, menaces et chantage constituent la trame de fond. Paranoïa, ressentiment et bassesse sont les humeurs communes.
Les planches sont soignées et les dessins fourmillent de détails.
L'histoire est assez dure. Meurtre et torture apparaissent souvent. Cette bande dessinée m'a donné un aperçu d'un pan de l'histoire que je connais peu et j'ai bien aimé détester le personnage principal. La tension entre l'Espagne et la France est également habilement représentée.
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J'avais déjà été abasourdi de façon malsaine par ma lecture de Borgia du même auteur sur les méfaits de l'église romaine. Jodorowsky, toujours fidèle à lui-même, nous remet cela dans le Pape terrible à savoir Jules II l'ennemi juré du clan des Borgia.
Mais jusqu'où ira-t-il dans l'ignominie pour dénoncer les crimes de l'église ? Il franchit toutes les frontières du sordide. Paradoxalement, c'est ce que j'aime. C'est choquant et séduisant en même temps. Il le fait avec maestria dans une fresque papale envoûtante et barbare.
Je vais d'ailleurs en profiter pour prêter ce titre à mon meilleur ami, un pratiquant convaincu de la première heure. Je ne sais pas : c'est à vous dégoûter à tout jamais de ce qui porte du rouge. Pour gagner l'élection du Saint-Siège, certains cardinaux sont réellement prêt à tout entre trahison, luxe et luxure les plus perverses.
Le dessin reste d'un excellent niveau ce qui agrémente la lecture. On ne pourra que se plonger dans cette lutte vaticane faite de manipulation, de pouvoir, de sexe et de meurtre.
Au fait, et la religion dans tout cela ? Bon, ce n'est pas avec ce titre que je vais retrouver la foi !
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Ce commentaire vaut pour l'intégral.
Ça commence bien mais ça part vite en sucette.
Les dessins qui sont magnifiques (surtout les couleurs) sont, me semble-t-il, un peu moins bon dans le dernier tome, tome qui me semble plus que bâcler.
Le sexe (ou juste la nudité) finit par prendre plus de place qu'autre chose.
Ce sont ces scènes de complots et d'assassinats qui font l'intérêt de la BD!!!
De plus je pense que l'histoire n'est guère respecté (bien que je ne m'y connais guère), tout ceci me semble en tout cas plus que romancé.
En bref, on passe un bon moment (surtout avec les dessins et couleurs) mais en plus de ne pas être un chef-d'oeuvre la BD, pourtant en trois tomes et donc relativement courte, s'essouffle à grande vitesse, et l'on en viens à souhaiter en voir la fin au plus vite.
Pour ceux qui aime les histoire de complot, les personnages machiavéliques et rien de plus jeter vous dessus car les trois tomes se lissent vite.
Pour les férus d'histoire passer votre chemin.
4/5 pour le tome 1
3/5 pour les suivants, voir 2/5 pour le dernier...
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Le pape projette tellement de bulles que l'on pourrait adapter l'histoire du Vatican en BD.
Oooh, par le con immaculé de la Vierge, quel immense trésor !