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EAN : 9782221222089
638 pages
Robert Laffont (21/02/2019)
  Existe en édition audio
3.6/5   133 notes
Résumé :
" L'homosexualité dans le clergé est une question très sérieuse qui me préoccupe. " Pape FrançoisLe célibat des prêtres ; l'interdiction du préservatif par l'Église ; la culture du secret sur les affaires d'abus sexuels ; la démission du pape Benoît XVI ; la misogynie du clergé ; la fin des vocations sacerdotales ; la fronde contre le pape François : un même secret relie toutes ces questions. Ce secret a longtemps été indicible. Il porte un nom : Sodoma. La ville bi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 133 notes
Je n'aime pas me cantonner au seul roman, premier, second ou multiple, français ou pas ; je n'aime pas être rangée dans une petite boite, lire comme tout le monde, ce que tout le monde lit. Et parfois, j'aime bien sortir vraiment des rails, et m'engager sur un terrain qui pourrait s'avérer glissant voire polémique.
Cet essai sur l'homosexualité au Vatican en avait tous les ingrédients. A l'inverse ce fut un ouvrage dénué de jugement, sans effet racoleur, teinté d'humour, parfois, mais surtout très éclairant sur un phénomène qui au fond ne m'a guère surprise sur le fond, mais effarée sur son ampleur annoncée par son auteur.

Pourquoi me direz-vous consacrer plus de 600 pages à l'homosexualité au Vatican, et plus généralement au sein de l'Eglise catholique ? Après tout, chacun est bien libre de faire ce qu'il veut de ses fesses, entre adultes consentants ; ce qui se passe sous la soutane ne nous regarde pas. Sauf que la sexualité est depuis 50 ans une obsession de l'Eglise catholique, qui n'a de cesse de nous prescrire ceci ou cela, nous interdire tel ou tel comportement, et nous promettre les enfers dans certains cas. Charité bien ordonnée commence par soi- même… Dans ce domaine, l'hypocrisie règne en maître.

« Plus un prélat est homophobe, plus il a de chance d'être lui-même homosexuel. Ces conservateurs, ces « tradi », ces « dubia » sont bien les fameux « rigides qui mènent une double vie » dont parle si souvent François. »

Dans cette grande enquête menée sur tous les continents et s'appuyant sur de nombreuses ressources et d'innombrables entretiens, Frédéric Martel a cherché à comprendre « la psychologie collective et l'homosociabilité généralisée », et à expliquer les comportements, les discours homophobes , l'hystérie autour de l'usage du préservatif en pleine pandémie de Sida, les « affaires » qui ont éclaboussé l'Institution, jusqu'à la démission surprise de Ratzinger et la prise de conscience du Pape François qui n'a pas les coudées franches pour réformer, si ce n'est un peu, les choses.

Martel avance également une des raisons de la baisse des vocations sacerdotales que l'on observe depuis les années70. Avant la libération sexuelle, un adolescent gay ou qui doutait s'engageait dans le sacerdoce ; de paria dans la société civile, il devenait initié dans l'Eglise. Tout était caché, restait « à l'intérieur de la paroisse » ,la question de a chasteté vis-à-vis des femmes ne se posait ainsi pas !Le tout était de rester dans » le placard », pourvu que l'on soit discret, et l'homosexualité si décriée au dehors était tolérée voir mise en valeur quand il s'agissait de promotion au sein de la hiérarchie.

Martel ne dénonce en rien le fait d'être ou pas homosexuel, mais l'hypocrisie qui règne à son sujet, et à propos de ses dérives de la part de certains prélats qui se sont révélés être ou supposés être de véritables prédateurs sexuels, et/ou à propos de ceux qui ont fermé les yeux en raison de leur propre homosexualité de peur que celle- ci soit révélée.

« En stigmatisant les homosexuels en Afrique, l'Eglise les contraint à se cacher. Ils se réfugient dans les séminaires pour se protéger et ne pas avoir à se marier. »

« L'homosexualité fut l'un des ressorts de ma vocation. le sacerdoce célibataire est un problème pour un prêtre hétérosexuel ; c'était une aubaine pour le jeune gay que j'étais. C'était une libération. » Parole de prêtre italien.

Cet essai est judicieusement construit. D'abord, il traite du pontificat actuel sous la forme d'un état des lieux, et en dressant une sorte de feuille de route pour le pape François. Puis, il reprend successivement et chronologiquement les trois avant -derniers pontificats (à savoir ceux de Paul VI, Jean-Paul II (le pire selon l'auteur) et Benoît XVI plus mystique d'administrateur et vite dépassé par les évènements) en expliquant comment s'est installé le double langage et le durcissement de la morale sexuelle dans l'Eglise en même temps que s'installaient les affaires, les prélats et autres dignitaires dans une sorte de bulle d'impunité.

De tout cela, on constate la grande misère affective du clergé catholique, sa solitude ; Et parce qu'un homme reste un homme, avec ses sentiments, ses désirs, son corps, et que l'institution s'arque boute sur des principes d'un autre âge, une morale archaïque, on en arrive à des situations invraisemblables, des comportements abjectes. Cette morale d'un autre temps éloigne l'institution des fidèles.

Il y aurait tant à dire sur ce livre qui m'a passionné d'un bout à l'autre. le travail de l'auteur est remarquable, fouillé, précis, abondamment documenté.

Je laisse l'auteur conclure en l'approuvant mille fois…

« Et même si personne n'ose encore l'avouer publiquement dans l'Eglise, tout le monde sait qu'on ne pourra pas mettre fin aux abus sexuels des prêtres tant qu'on n'abolira pas le célibat, tant que l'homosexualité ne sera pas reconnue dans l'Eglise pour permettre aux prêtres de dénoncer les abus, et tant que les femmes ne seront pas ordonnées. »

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Ce livre était à écrire. Frédéric Martel l'a fait.
Fruit de quatre années d'enquêtes, d'interviews, d'études, ce livre présente sans jugements ni à-prioris les faits, rien que les faits.
Résultats de ceux qui ont accepté de parler, ceux qui ont osé dire et ceux qui, par leur silence, n'en n'ont pas moins exprimé.
Aucune concession, aucune hypocrisie dans ce qui nous est révélé : la réalité certes brutale mais ô combien nécessaire.
Les clans homosexuels (et non le « lobby ») sortent des pénombres vaticanesques et l'homosexualité assumée ou pas, pratiquante ou pas, en « amour d'amitié » ou plus se révèle à travers pays, diocèse, simple curie…
Que les choses soient claires et répétées, il s'agit ici d'homosexualité et non de pédophilie : confusion parfois entretenue par certains protagonistes et non des moindres. Le scandale de la pédophilie est évoqué et malheureusement y sont montrées les dérives du sacro-saint silence et de la protection des coupables jusqu'à Benoît XVI, allant jusqu'à oublier les victimes.
Le propos du livre dénonce l'hypocrisie entourant cette homosexualité non assumée à l'extérieur, allant jusqu'à la condamnation violente tout en étant (souvent) vécue et/ou pratiquée (parfois jusqu'à l'excès) derrière les murs du Saint-Siège ou dans les quartiers, bars, hôtels et autres lieux de la prostitution. Un schéma presqu'identique se retrouve dans beaucoup de grandes villes des pays évoqués dont l'Amérique latine constitue le fleuron.
Les nombreux motifs qui tentent de justifier ce refus de la vérité sont développés : hiérarchie, jalousie, argent, peur de s'assumer, etc…
Se dressent rivalités, magouilles, injustices, mépris, compétitions qui transparaissent dans les témoignages et la logorrhée de certains cardinaux, évêques, nonces, monsignori, prêtres… qui contribuent à ternir l'image sacrée maintenue à regret depuis des siècles.
Protections liées parfois à la politique, souvent à l'argent (luxe effréné), guerres entre clans homosexuels, caricatures (ex. la capa magna du cardinal Burke), manipulations et j'en passe sont le lot de ce monde cloisonné dont on ne peut que se réjouir de son éclatement.
Un fil rouge dans ce livre, celui du « Poète », Arthur Rimbaud, l' « extra-lucide »dont les citations montrent à quel point, plus d'un siècle plus tard, la difficulté de révéler et de mettre à mal ce système qui brisa tant d'existences est difficile.
Un livre qui permet de comprendre les positions, les déclarations alambiquées de l'église catholique.
Un livre qui peut déranger car il rappelle que :

1. le pis est non seulement l'hypocrisie mais aussi le combat que ces religieux mènent contre ce qu'ils sont et les interdictions et condamnations qui en découlent.
2. ce combat de façade contre l'homosexualité masque la lutte contre la pédophilie avec une évolution positive depuis l'arrivée de François.
3. le refus de reconnaître l'évolution de la société (famille recomposée, mariage des prêtres, ordination des femmes, contraception…)

Une des conséquences est que l'église catholique en perte de vitesse depuis quelques décennies continue de perdre du crédit (il suffit de voir les derniers scandales depuis la parution du livre pourtant récent) et comme dit l'auteur, bien des choses restent à écrire !!!
Tous ces problèmes conduisent à des problèmes de corruption (politique, financière…) et aboutissent à un affaiblissement de la croyance pratiquante en cette église.
Ce livre me renforce dans l'idée qu'il m'est difficile d'accepter qu'un poids culpabilisateur puisse encore peser sur la conduite morale à adopter.
Que ce livre soit un révélateur, une prise de conscience, une réflexion donnant lieu à une « parole habitée » et Frédéric Martel aura gagné la récompense suprême de ces années de recherches sociologiques intenses.




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"Secret", "secrets", "le secret le mieux gardé du Vatican", "obscur", "inexploré", "la face sombre des nuits sombres", "interdite", "au coeur du Vatican", "la nuit", "des organisations", "des réseaux", "clandestins", "les clefs pour comprendre"... blablabla. Rien à f* du Vatican dont je ne pense aucun bien personnellement, mais je constate que la gauche fait du conspirationnisme décomplexé à fond les ballons. Ce qu'elle reproche à "l'extrême droite", en fait... ce n'est pas vraiment le conspirationnisme en soi; c'est plutôt d'empiéter sur son monopole. Et puis, quel scoop, cette histoire d'homosexualité au Vatican! Il y a beaucoup de pékins à être restés enfermés dans un placard pendant 55 ans et à ignorer qu'un pape nommé Paul VI a été élu en 1963? Enfin, c'est marrant cet acharnement contre les catholiques seuls... Je note que les cibles autorisées - voire obligatoires - sont étroitement sélectionnées par les médias en 2019: les "mâles blancs", les "catholiques", etc. Tout le reste, pas touche! Un livre médiocre qui s'adresse à la paresse intellectuelle et au ronronnement du politiquement correct. J'ajoute que je trouve la couverture ignoble. Ignoble. On n'imagine pas le scandale public, avec l'équivalent, s'il s'était agi d'une autre religion...
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On ne peut qu'admirer la richesse et la profondeur de cette enquête tragiquement sidérante, qui permet de comprendre bien des énigmes vaticanes, fournissant « la » clé de lecture indispensable. Il est important que les catholiques la lisent sans préjugés, car comprendre ce qui y est décrit est la seule chance pour cette religion de se sauver et de perdurer. On peut regretter – mais ce sont des détails – les multiples et inutiles anglicismes, une certaine auto-complaisance et des redites et des décalages sans doute dus au fait que les chapitres n'ont pas été écrits dans l'ordre de leur lecture. Un ouvrage impressionnant et capital.
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Autant le dire tout de suite, résumer une enquête de près de 5 ans aboutissant à un document de 960 pages est mission impossible. Aussi je ne vais pas m'évertuer à en dire le plus possible pour montrer à quel point Frederic Martel m'a embarqué.
Sodoma n'est ni un brûlot contre l'Eglise, ni un livre militant pro-LGBT. C'est même peut-être tout le contraire. Il ne s'agit pas ici d'attaquer des croyances, mais plutôt l'hypocrisie d'un milieu homosexuel particulier, celui du clergé catholique. Soit, apprendre qu'il y a des ecclésiastiques homosexuels n'est pas la surprise du siècle mais découvrir l'ampleur de ce qui se trame dans les coulisses du Vatican m'a littéralement scotché.
Amis qui ouvrez ce pavé, prenez garde, vous vous apprêtez à entrer dans une série de guerres intestines que se livrent avec acharnement différents clans gays au sein de l'Eglise Catholique.
Construite en quatre parties s'attardant chacune sur une époque pontificale (François, Paul, Jean-Paul et Benoît), l'enquête de Frédéric Martel est une plongée extrêmement documentée dans la schizophrénie vaticane, grande adepte du « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». Ici, plus un prélat inonde foules et médias de toute sa hargne contre ces dangereux homos dont les pratiques ou les unions ne sont que péchés et perversions, plus il y a de chance que dans le secret des alcôves catholiques, il inonde quelques torses virils de ses immaculées projections ou au moins qu'il en est le si puissant (et parfois détesté) désir qu'à défaut de décharger ses pulsions sexuelles auprès du nombre phénoménal de jeunes migrants prostitués qui sillonnent les rues adjacentes au Vatican, il décharge toute sa haine sur ces homos qui assument et pratiquent leur sexualité au grand jour. Quel meilleur moyen pour cacher cette homosexualité qui suinte des pores de l'Eglise que de clamer haut et fort qu'elle est une abomination ?
Le raisonnement pourrait paraître simpliste mais les langues qui se délient et les documents découverts sont révélateurs. Oui, il y a historiquement beaucoup d'homos au séminaire : il y a quelques dizaines d'années, en Italie et ailleurs, être homosexuel était, dans l'interprétation traditionnelle des Saintes Ecritures, péché, alors se découvrir gay était se confronter à une famille qui vous imaginait déjà mari et père et vous rejetterait si elle découvrait que vous préfériez les sucettes à l'Annie. le seul moyen d'échapper à la vindicte familiale était d'entrer au séminaire, de se retrouver dans ce milieu d'hommes dans lequel on ne vous reprocherait ni votre célibat, ni votre désintérêt pour la gent féminine. Mais il fallait, hors des murs, conserver le secret de ces attirances, de ces élans du coeur. Et c'est ce culte du secret qui ronge l'Eglise depuis si longtemps.
Les Papes n'ont jamais fait le distingo entre tout ce que l'Eglise considère comme péchés, d'un côté les relations sexuelles entre adultes consentants (légales) et de l'autre les relations avec mineurs ou sous la contrainte de l'autorité (pédophilie, viol de séminariste… évidemment illégales). A force de tout mettre dans le même panier pour le recouvrir du voile opaque du secret, l'Eglise a créé ses propres amalgames et n'arrivent plus à s'en dépêtrer. Il faut tout cacher, de peur que soulever un coin du voile ne dévoile tout le contenu du panier.
Et tout cela n'est qu'une petite part de l'enquête. On découvrira les fouilles archéologiques de la Sodome Biblique et l'analyse du texte qui n'a en réalité jamais condamné l'homosexualité ; on verra que les plus ouverts sur l'homosexualité sont souvent les plus hétéros ; on sera effaré devant les relations particulières de certains prélats haut placés au Vatican avec Pinochet, devant l'aveuglement de Jean-Paul II, qui obsédé par sa lutte contre le communisme, couvrira les horreurs commises par le Père Marcial Maciel ou écoutera ses conseillers en faisant campagne contre le préservatif, permettant ainsi au VIH de faire des millions de morts partout dans le monde et surtout en Afrique ; on ne sera guère étonné de réaliser que c'est dans l'Evêché de Lyon et de son Barbarin que sont nées les premières idées de manifestations contre le mariage pour tous. Tout cela est tellement d'autres choses encore...
J'en dis déjà trop, j'avais dit que j'en dirai peu. On l'a compris, l'ouvrage, qui ne donne qu'une des clés pour mieux comprendre ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir vaticanais, est long, certes, mais passionnant, étayé, bien écrit et surtout jamais dans le jugement. le journaliste livre des faits, rien que des faits en faisant entendre les voix de ses témoins dont la grande diversité apporte les nuances. L'Eglise n'a jamais attaqué ce qui y est écrit, le pape François a dit, après l'avoir lu qu'il « savait tout ça ».
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critiques presse (2)
Bibliobs
25 février 2019
Avec Sodoma, on cesse de rire. Ce que l'auteur décrit avec minutie, c'est autant un monde qu'un système [...] En effet, l'homosexualité décrite par Martel est à la fois honteuse, homophobe et misogyne.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
25 février 2019
Rares sont les tentatives de rompre ce mur du silence. Et il ne fait aucun doute que le livre de Frédéric Martel, Sodoma, en est une honorable. L'homosexualité est encore le domaine le plus obscur et le plus inexploré de ce monde, où elle est largement répandue bien qu'expressément interdite.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Pour le cardinal Barbarin, la situation aussi se retourne. Le chantre des anti-mariage gay est convoqué par la police lyonnaise et subit un interrogatoire de plus de dix heures, avant d’être cité à comparaître par la justice. Dix victimes d’abus sexuels l’accusent d’avoir couvert des faits
graves de pédophilie et des agressions sexuelles sur mineur, commises par un prêtre de son diocèse. Bientôt, plus de cent mille Français signeront une pétition pour demander sa démission. Il est reproché à Mgr Barbarin de ne pas avoir dénoncé les agissements du prêtre quand
il en fut informé et de l’avoir maintenu en fonction, au contact d’enfants, jusqu’en 2015. D’autres abus commis par des prêtres sous son autorité – portant à huit le nombre de cas – éclatent peu après. Au total, l’opinion publique découvre stupéfaite que plus de vingt-cinq
évêques ont couvert méthodiquement plus de trente-deux prêtres accusés de tels forfaits, avec trois cent trente-neuf victimes présumées (selon les révélations du site Mediapart en 2017). Un véritable « Spotlight français ».
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Ils furent nombreux, pourtant, à me décrire ce « placard ». Certains s’inquiétaient de ce que j’allais révéler. D’autres m’ont dévoilé les secrets en chuchotant, puis, bientôt, à haute voix les scandales. D’autres encore se sont montrés bavards, excessivement bavards, comme s’ils avaient attendu toutes ces années pour pouvoir enfin sortir du silence.
Une quarantaine de cardinaux et des centaines D’évêques, de monsignori, de prêtres et de « nonces » (les ambassadeurs du pape) ont accepté de me rencontrer. Parmi eux, des homosexuels assumés, présents chaque jour au Vatican, m’ont fait pénétrer leur monde d’initiés.
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— Comment sais-tu que ce sont des prêtres ?
— J’ai du métier ! Je les identifie tout de suite. Les prêtres sont parmi les clients les plus assidus ici. On les reconnaît à leur croix lorsqu’ils se déshabillent.
— Mais beaucoup de gens ont une croix, une médaille de baptême ?
— Non, pas une croix comme ça. On les reconnaît de loin, même quand ils se déguisent en bourgeois. On le sent à leur attitude, beaucoup plus coincée que les autres clients. Ils ne sont pas dans la vie…
— Ils sont malheureux, poursuit Christian. Ils ne vivent pas ; ils ne s’aiment pas. Leur travail d’approche, leur petit jeu, le portable à l’oreille pour se donner de la contenance, une vie sociale, alors qu’ils ne parlent à personne. Je connais tout ça par coeur. Et surtout, moi j’ai
des réguliers. Je les connais. On parle beaucoup. Ils se confessent. Moi aussi j’ai une croix autour du cou, je suis chrétien. Ça crée des liens ! Ils se sentent plus en sécurité avec un orthodoxe, ça les rassure ! Je leur parle de Jean-Paul II que j’aime beaucoup, en tant que Roumain ; je
suis imbattable sur ce pape. Et puis, un Italien ne nous mène presque jamais à l’hôtel. Les seuls qui nous mènent à l’hôtel ce sont les prêtres, les touristes et les policiers !
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Quand tout le monde se tient et que tout le monde semble mentir au Vatican. Ce qui fait écho aux travaux de la philosophe Hannah Arendt sur le mensonge dans les origines du totalitarisme ou dans son célèbre article « Vérité et politique » : elle y suggérait que « quand une communauté se lance dans le mensonge organisé » , « quand tout le monde ment sur tout ce qui est important » et en permanence, quand on a« tendance à transformer les faits en opinions », a refuser les « vérités de fait », alors le résultat n’est pas tant que l’on crois les mensonges mais que l’on détruit « la réalité du monde commun. »
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« Et même si personne n’ose encore l’avouer publiquement dans l’Eglise, tout le monde sait qu’on ne pourra pas mettre fin aux abus sexuels des prêtres tant qu’on n’abolira pas le célibat, tant que l’homosexualité ne sera pas reconnue dans l’Eglise pour permettre aux prêtres de dénoncer les abus, et tant que les femmes ne seront pas ordonnées. »
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