Ce roman construit en forme de diptyque fait le portrait de deux hommes en plein grand écart identitaire. Ces Arabes israéliens originaires du Triangle -une région de Palestine transférée de la Jordanie à Israël-, vivent et travaillent à Jérusalem.
Plutôt bien intégré socialement, le premier devient maboul quand il soupçonne sa femme d'infidélité. Son vernis de culture occidentale se met alors à fondre comme neige au soleil. Sa jalousie fait ressortir en lui les valeurs rétrogrades de son héritage arabe, ces principes de conduite et de jugement qu'il avait reniés pour s'adapter.
Le second, un simple travailleur social, préfère devenir un autre, changer carrément d'identité pour ne plus être considéré comme un citoyen de seconde zone et ne plus être victime de discrimination, positive ou non.
Leurs histoires avancent parallèlement puis finissent par se rencontrer pour illustrer le thème favori de Sayed Kashua, celui de l'identité, qu'elle soit individuelle ou nationale. Un sujet complexe parce qu'il induit des facteurs ethniques, politiques, culturels, et psychologiques. Si l'auteur reconnait lui même dans ce roman que ce sujet a été "rabâché jusqu'à la nausée", le biais de la fiction permet d'aborder de façon accessible à tous la difficile équation qui pèse sur le destin de ces hommes pris dans l’ambivalence de leur identité palestinienne et de leur citoyenneté israélienne.
Une lecture plaisante, mais qui n'apporte rien de vraiment neuf. J'ai apprécié la construction originale.
Jérusalem Est de nos jours. Un avocat respecté et respectable vit dans une paisible banlieue avec sa femme et leurs deux enfants. Sa vie quoique banale lui convient plutôt bien. Il n'avait encore jamais eu à la remettre en question, tout du moins pas avant de tomber sur un mot doux écrit par sa femme à un autre homme dans un livre acheté d'occasion. Tout n'est plus qu'alors doutes et suspicion. Qui peut bien être ce Yonatan à qui appartenait ce livre et sa femme et lui se voient-ils toujours ?
Amir, lui vient juste de finir ses études et travaille dans un centre social très peu fréquenté. Pour arrondir ses fins de mois et occuper ses nuits, il accepte un poste de garde malade. Tous les soirs, il doit veiller sur Yonatan, un jeune tétraplégique, fou de photographie. Peu à peu, il va endosser son identité allant jusqu'à s'instruire dans une école de photographie sous son nom.
Le destin de ces deux va s'imbriquer petit à petit pour construire une histoire autour de la quête d'identité dans un pays peuplé de juifs et d'arabes.
L'histoire monte en puissance jusqu'à la rencontre tant attendue entre les deux hommes. Une rencontre bien différente de celle imaginée.
Un livres très profond qui va bien plus loin que la découverte de ce petit mot. En donnant la parole à ces deux hommes, l'auteur pose avant tout la question de la dualité. Une dualité présente dans ce pays et dans la population qui le compose. Un très beau roman dont la fin soulève beaucoup de question car elle laisse le lecteur dans le doute.
Je tiens à remercier le club des Dialogues croisés pour cette très belle découverte. Il s'agit une fois encore d'un livre dont je n'aurai pas tenté la lecture sans eux.
Problème d' identité chez deux arabes qui sont des citoyens de deuxième zone en Israël et qui vont se croiser presque par hasard
Problème d'imposture aussi et même surtout pour l'un comme pour l'autre
Le premier avocat qui réussit et mène une vie semblable aux israéliens même confort cossu, similitudes de comportement et d'ouverture d'esprit, soirées entre amis à l' occidentale avec discussions qui refont le monde et le second embringué dans des études qui n'en finissent pas et qui semble-t-il ne mènent pas à grand-chose, travailleur social qui va se trouver assistant de vie d'un jeune handicapé
Le premier à la suite de soupçons d'infidélité de son épouse va laissé tomber le masque et revenir dare-dare à ses instincts sémites primitifs, honneur bafoué, très soucieux de sa réputation devant les siens et des envies d égorgement comme pour le mouton de l'Aïd el Kébir mais pour sa femme bien entendu
Le second lui ne fait pas dans la dentelle il va s'identifier progressivement au jeune handicapé qu'il assiste Enfiler ses babouches dans un premier temps ensuite ses costumes, emprunter son appareil photo et ensuite sa carte d'identité et au terme de cette mystification devenir ce qu'il juge le mieux un juif pur jus. Prendre la place plus prestigieuse de l'autre.
Une narration intéressante sur la vie quotidienne des arabes en Israël, le comportement des différentes couches sociales mais un peu lourde car pointilleuse et méticuleuse sur certains aspects alors que d'autres auraient mérités d'être abordé au moins succinctement Globalement on sent que les choses sont bien vues et décrites
Toutefois ce thème d'identité chez les arabes et surtout ce sentiment d'être des citoyens lépreux est antédiluvien et quelque peu lassant. On a l'impression que l'auteur tourne en rond et se « mortifie » de sa culture avec un certain fatalisme bien oriental. Les choses ayant été crées ainsi c'est comme ça
de même il y a une certaine incuriosité et/ou impossibilité à voir où est vraiment le problème. Oui il est vrai que ces rapports sont depuis longtemps débattus avec l'insuccès que l'on sait mais bon si les écrivains y mettent du leur…
Ce thème d'usurpation d'une culture perçue comme supérieure l'oriental par rapport à l' occidentale, de l'arabe « hébraïsant » pour la culture juive, de l'arabe souchien (brut de décoffrage) pour l'arabe hébraïsant etc. est un peu entendu
On aimerait voir, un jour et en littérature, un juif arabisant prendre la défroque d'un palestinien mahométan et faire des pieds et des mains pour s'installer à Ramallah avec pour ambition suprême de participer à l'administration palestinienne voire pour créer des pont entre les différentes factions maronites, druzes et autres minorités... bref n'allons pas plus loin…
L'auteur Sayed Kashua, Arabe Israëlien, est chroniqueur et romancier.
La deuxième personne est un roman contemporain, traité à la façon d'un roman policier dont le noeud psychologique est basé sur la rencontre de deux cas de névroses limites.
D'un côté un avocat arabe, citoyen d'Israël, sexuellement frustré, dont la jalousie envers sa femme (travailleuse sociale) devient obsédante après qu'il ait trouvé un billet d'amour adressé à un certain Yonatan.
De l'autre un travailleur social arabe qui usurpe peu à peu l'identité de Yonatan, étudiant en photographie et Juif tétraplégique suite à une tentative de suicide ratée.
Un roman contradictoire dans un pays contradictoire aussi (sur fond politique), dont le suspense augmente au fil des pages. Où est la réalité? La vérité? Peut-on changer facilement d'identité ? Pourquoi? Comment un avocat professionnellement doué peut-il se laisser expulser du lit conjugal par ses enfants?..............................Interessant!
La deuxième personne de Sayed Kashua a été sélectionné pour participer au Prix des lecteurs varois 2012 en compétition avec Canal Mussolini d'Antonio Pennacchi et Nos si brêves années de gloire de Charif Majdalani.
Comment vivre en Israël quand on est Arabe ?
Si l'on en juge par le talent et l'humour de Sayeb Kashua, écrivain de langue arabe qui écrit en hébreu, apparemment ce paradoxe est vivable mais au prix de multiples contorsions.
Si vous avez déjà beaucoup lu sur ce tout petit pays qui, avec une surface à peine plus étendue que deux départements français, tient l'équilibre de la paix du monde entre ses mains, précipitez-vous sur ce roman !
Je suis certaine que vous apprendrez mille et un petits détails sur la vie au quotidien en Israël, et que cet écrivain saura faire évoluer vos idées.
Et si vous ne savez rien sur ce pays (je doute qu'une telle personne existe !), alors vous découvrirez avec surprise que pour être avocat et plaidez des affaires pour les arabes vous devez avoir des diplômes israéliens, parler et écrire l'hébreux que vos clients connaissent mal.
Vous apprendrez qu'il y a autant de différences entre un Juif et un Arabe qu'entre un Arabe des territoires occupés , un « immigré de l'intérieur » et un habitant d' « origine » de Jérusalem.
Que, pour être avocat arabe et avoir une bonne clientèle, il faut rouler dans une grosse berline alors qu'un Juif peut se contenter d'une voiture quelconque car il n'a rien à prouver à sa communauté.
Entre le malheur de l'enfant qui est rejeté parce que son père a été assassiné en tant que collabo, et la femme juive qui ne peut plus voir son fils qui a tenté (et presque réussi) à se suicider, tous les malheur de la terre sont rassemblés dans ce récit.
Et pourtant ce roman n'est pas triste, il est même parfois franchement drôle.
Je vous conseille, messieurs, si vous souffrez de ce problème, la méthode de notre avocat pour lutter contre l'éjaculation précoce et réussir enfin à faire jouir votre compagne : se souvenir d'événements tristes. Lui, en revivant minute par minute l'enterrement de son grand-père a réussi à soutirer au moment de la mise en terre de son aïeul, des râles de jouissance de sa femme ... à essayer !!
L'intrigue du roman est bien construite mais m'a, personnellement, moins convaincue que l'ambiance du roman car une grand partie est fondée sur le ressort de la jalousie obsessionnelle d'un mari vis-à-vis de sa femme, je suis rarement intéressée par ce genre de comportements.
Sayed Kashua est, par ailleurs, connu pour avoir écrit une série télévisée : « travail d'Arabes » qui fait rire les Juifs et les Arabes en Israël.
En lisant ce livre, on se prend à espérer, qu'un jour, les gens d'esprit domineront et qu'ils apprendront à se connaître et à s'apprécier. Réussiront-ils, là où, les religions, les idéologies, les politiques et les militaires ont échoué et sont responsables d'une haine si vive et de tant de morts ?
![]() | Telerama 09 mai 2012
Construit comme une intrigue policière très adroite, où les rebondissements multiples et imprévisibles viennent à chaque chapitre mettre à bas les déductions antérieures du lecteur, La Deuxième Personne s'offre aussi à lire comme une belle réflexion sur la masculinité et le couple […].
Lire la critique sur le site : Telerama |
![]() | Lhumanite 16 avril 2012
La Deuxième Personne est un récit haletant, bourré d’informations sur la complexité vécue dans ce pays traversé par des milliers de contradictions.
Lire la critique sur le site : Lhumanite |
Qui a écrit “L`affaire Pélican”