L'action se déroule sur une vingtaine d'années et commence en 1915 - après la défaite turque à Sarikamiche. - année du grand massacre des Arméniens, des Yézidis, des Alaouites et de la dispersion des Kurdes de la région du lac de Van.
Talonnés par la peur, fuyant les brasiers de la guerre, à la merci des déserteurs et des pillards, les réfugiés - emportés par un flot de cadavres, d'aigles et de vautours - atteindront enfin les pleines fertiles de la Tchoukourova (2). Ils vont tenter d'y reconstruire leur vie.
Dans une langue saisie par une sorte de frénésie poétique - qui fait toute la saveur du style de Yacher Kemal, - foisonnant d'images, regorgeant d'anecdotes, l'écrivain évoque, une fois encore, les conflits entre pauvres paysans et riches aghas, entre la nouvelle bourgeoisie kémaliste et les vieux privilèges.
Au carrefour de tous cas univers : Salman le survivant, l'orphelin, l'adopté, le mal-aimé, l'inclassable. Archétype méditerranéen du héros réfractaire à l'assimilation, inconsolé, toujours ténébreux. Et solitaire sans repos. -
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