Enfant de Bohême

En nous contant l'histoire de son grand-père et de son père, ,Gilles Kepel retrace l'histoire de l'éphémère Tchécoslovaquie ,laquelle vécut, environ 70 ans, au début du XXème siècle ! 70 ans également de soubresauts pour l'Europe et ses deux guerres mondiales.L'histoire d'un monde qui n'existe plus et que souvent nous ignorons .
C'est certainement, aussi ,pour l'auteur la recherche de son identité que la perte de mémoire de son père va contraindre en quelque sorte à retrouver ,grâce notamment aux lettres échangées entre les différents protagonistes.

La première partie du récit , les références à un pays ,des personnages inconnus ,m'a paru un peu confuse et le style précieux parfois irritant ,la seconde partie parle davantage de la France ,de l'arrivée de Rodolphe ,le grand-père à Paris ,de son installation à Montparnasse ,qui va finalement rester le lieu de vie stable de la famille Keppel, après quelques incursions à Londres , notamment au moment du Blitz . C'est pourtant l'histoire du grand père ,sans doute, parce qu'il traverse les grandes pages d'histoire du début du XXème siècle qui m'a le plus intéréssée .Lui qui n'est pas français mais adore la France ,donnera ,je l'imagine , l'envie à son fils ,le père de Keppel,sans doute grâce à l' éducation donnée ,de se faire naturaliser français .

Ne nous y trompons pas: cet " enfant de Bohême" est un roman intimiste, dédicace d'un fils à son père, et encore plus à son grand-père. Il y utilise d'ailleurs souvent la deuxième personne du singulier, il met en avant cette fameuse lettre K "élégamment inscrite dans une ellipse, fréquente en anglais comme en tchèque mais rare en français, le tesson de notre identité persistant dans la tourmente.
Petit garçon j'avais tenté de jouer avec cet objet fascinant qui produisait des dessins en relief : je me souviens comment tu fis fondre pour moi avec ton briquet — tu étais encore fumeur dans les années 1960 — la cire qui grésillait. Je me remémore son parfum de brûlé, les bulles noires et rouges, la pâte molle qui en séchant fit naître ce camée cramoisi, chétif et précieux. »
Voilà, le ton est donné, la balade à travers les années folles est en cours. L'écriture est recherchée, voire précieuse et parfois un tantinet ... ennuyeuse si on n'est pas un familier de M.K(epel).