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EAN : 9782072997945
224 pages
Gallimard (05/10/2023)
4.22/5   25 notes
Résumé :
« Les chrétiens d’Afrique craignent les amants qui reviennent de l’au-delà pour accompagner leur veuve au creux des heures les plus sombres, quand tout ce qui vit se tait et que seuls les murmures des morts résonnent à l’oreille des vivants. Alors, je n’ai pas osé dire à Aïna que jamais J. ne m’avait vraiment quittée. Il me visite la nuit, me rappelant notre pacte de sang et de cendres, respectant les promesses que nous nous sommes faites devant son urne fumante de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il existe des sujets épineux, de ceux qui provoquent le vertige quand on s'y attarde un moment. La question de sa propre place dans l'univers en est une, mais il n'y a pas de question plus vertigineuse que de se confronter à sa propre mort et celle de ses proches.

Jennifer Kerner propose, ici, un livre à mi-chemin entre « l'essai et le récit de voyage », telles sont ses propres mots pour le décrire. En prenant pour point de départ l'événement traumatique de la perte d'un être aimé - qui a engendré chez elle la vocation d'archéologue funéraire (ou thanato archéologue pour être plus précis) - elle embarque le lecteur au gré de ses pérégrinations autour du monde (Chine, Madagascar, Brésil, Japon, République Tchèque) à la découverte des pratiques funéraires et la manière dont les différents peuples gèrent la question du deuil. À ce titre, le monde occidental n'en ressort pas particulièrement grandi. L'autrice ne manque pas d'écorner la profession de thanatopracteur, car elle confère au mort une image factice, qui est là davantage pour rassurer les vivants, et masquer la réalité du devenir des corps après la mort. En plus de créer une problématique écologique à cause de l'absence de décomposition des corps.

Les sociétés traditionnelles ont donc beaucoup à nous apprendre en matière de deuil. Même si certaines pratiques funéraires semblent à nos yeux antihygiéniques et d'un autre temps. (Le rituel des « funérailles célestes » ne manquera pas de perturber certains lecteurs qui oseront faire une rapide recherche sur internet). Aussi l'autrice soulève la question du devenir de la gestion de nos morts, dans nos sociétés occidentales, devenus de simples restes à jeter au rebut ; ainsi que l'épineuse question de l'euthanasie : le droit à mourir dans la dignité.

En tant que lecteur, je n'ai pas d'inclination particulière pour les récits ayant pour thématique la gestion du deuil, et les fameux témoignages de « résilience » que l'on nous vend à toutes les sauces à chaque rentrée littéraire. Sujets vendeurs car inévitablement universels. On en fait même des prix Goncourt !
Toutefois l'angle choisi par l'autrice évite tout sentiment de voyeurisme. Les paragraphes où elle s'adresse à son défunt conjoint s'imbriquent parfaitement avec son exposé scientifique. À titre d'exemple, au chapitre des reliques, le parallèle qu'elle fait avec les effets personnels qu'elle a récupéré de l'être aimé est habilement amené.

« le mari de minuit » remplit parfaitement sa vocation de vulgarisation tout en impliquant émotionnellement son lecteur. On souhaite pour son autrice que l'élaboration de ce livre lui a apportée, à la fois l'aide et la tranquillité d'esprit, qu'aucun thérapeute n'a su lui prodiguer.
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Suite au décès brutal de son compagnon, à vingt ans, au début des années 2000, Jennifer Kerner abandonne sa toute jeune carrière de comédienne et se lance dans l'archéologie funéraire.
Entre essai et récit personnel, l'autrice nous emmène en voyage avec elle, pour nous conter, raconter, dévoiler les rites funéraires de différentes populations, à travers le temps et l'espace.
On y découvre comment l'être humain, depuis la nuit des temps, dispose de ses morts, quelle relation il entretient avec les disparus et avec la Mort elle-même, quels rites et rituels il met en place pour donner un sens à ce qui n'en a pas.
Elle nous questionne aussi sur notre propre rapport à la mort, la mort en général, celle de nos êtres chers, la nôtre.
Ce récit est ponctué de passages où elle s'adresse à son compagnon décédé. Ils sont à la fois terriblement intimes et universels. Ce besoin de lui parler, de lui expliquer, d'exorciser, de ne pas oublier font sûrement écho à beaucoup d'entre nous ayant perdu des êtres chers, peu importe la relation qui nous liait.

J'ai trouvé le récit professionnel fascinant (j'ai moi-même une certaine passion pour l'archéo-anthropologie funéraire), et les messages à J. très touchants (je crois bien avoir versé au moins une larmichette à chaque fois, si ce n'est plus).
C'est donc, comme je le disais au début, un livre qui, par ses questionnements volontaires ou non, va me permettre de réfléchir et de faire évoluer mon propre rapport à la mort, la mienne et celle de celles et ceux qui me manquent. Après tout, s'il y a bien une certitude concernant nos vies, c'est qu'elles prendront fin tôt ou tard. le plus tard (mais pas trop), on l'espère !
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Comment passer un bon moment un jour de pluie ?
Réponse : Allez à une dédicace de Jennifer Kerner.
A l'abri dans la librairie "mot à mot", j'ai fait la connaissance de celle que je ne connaissais qu'en tant que youtubeuse (Boneless Archéologie). Quel plaisir de parler avec une personne aussi intéressante ! Un moment doux et apaisant malgré les sujets parfois durs, Jennifer Kerner met les personnes à l'aise rapidement.
Je suis venue pour la dédicace sur "le mari de nuit" que j'ai commencé à peine rentrée chez moi et la seule raison pour laquelle je ne l'ai pas encore fini est que je suis partagée entre l'envie de connaitre la suite et que ça ne finisse pas. Je le dévore par petits bouts aussi lentement que lorsque que je faisais durer la lanière de guimauve qu'on m'achetait, enfant pendant les vacances.
Le deuil n'est pourtant pas un sujet qui semble apaisant au premier abord, mais je ressens à la lecture du "mari de nuit" une volonté d'aider les autres à affronter des douleurs qu'on on ne peut malheureusement pas éviter. Quel meilleur moyen d'aider les autres à déculpabiliser d'être perdu face au deuil qu'en leur montrant la diversité de ce que l'humanité a imaginé au cours des siècles et des pays, preuve de la complexité de ces moments.
Sa propre quête en "fil conducteur", Jennifer Kerner nous décrit avec douceur ses rencontres avec les Morts des différentes cultures, donne du sens à des pratiques parfois très éloignées de notre conception de ce qui est bien ou mal avec toujours la même idée directrice : comprendre le Mort et comment agir face à lui.
Merci Jennifer
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Voici un livre que j'ai à la fois trouvé enrichissant, parfois difficile à lire (il faut avoir le coeur bien accroché dans certains passages !) et touchant de par ce qu'a vécu l'auteure (la perte de son compagnon dans leur jeunesse). On apprend énormément sur les rites funéraires dans le monde et le contraste est frappant avec la manière dont est traitée la mort dans notre monde occidental : elle a tendance à y être "cachée" voire niée (cela a moins été le cas par le passé cependant).
Ce livre m'a également parlé dans le sens où j'ai un vécu similaire (on me classe dans la catégorie des "jeunes veufs"). Même après seize années, tout comme décrit dans cet ouvrage, on apprend à apprivoiser la douleur, mais on ne peut pas la faire disparaître définitivement. J'ai d'ailleurs eu la chance de pouvoir échanger avec l'auteure à ce sujet lors d'un salon du livre, voici quelques mois.
En résumé, je recommanderais cet ouvrage pour l'ouverture d'esprit qu'il permet en nous amenant à la découverte d'autres cultures et aussi pour la sensibilité que l'auteure a glissé dans les paragraphes relatifs à sa propre vie.
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J'ai découvert cette autrice sur la scène stand-up, où elle discutait de la mort atroce de son petit ami entre deux anecdotes historiques... Très intrigué de voir ce que cette confession pouvait donner en livre, j'ai sauté le pas en lisant le Mari de Nuit. Je suis très étonné de ne pas m'être ennuyé une seule seconde à la lecture, la mort et l'archéologie n'étant pas vraiment mes thèmes favoris. Ce livre n'est pas un essai. C'est un livre d'aventures. L'autrice y raconte sa vie d'archéologue, ses rencontres avec des endeuillés du monde entier et ses sensations dans la traversée de son propre deuil. C'est intime mais surtout universel. C'est aussi très bien écrit, avec un style enjoué mais élégant (publié chez Gallimard, on pouvait se douter que le style serait au rendez-vous).
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critiques presse (2)
Telerama
05 décembre 2023
On n’avait pas idée de l’infinie créativité humaine en matière de rituels funéraires, racontée, avec un talent fou, par Jennifer Kerner dans "Le Mari de nuit".
Lire la critique sur le site : Telerama
SudOuestPresse
26 octobre 2023
Dans cet ouvrage bien documenté, Jennifer Kerner, archéologue, nous entraîne dans un tour du monde des rites funéraires.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quiconque a expérimenté le deuil de son grand amour a connu la stupeur. Il s’agit d’une stupeur à l’état pur, de l’incompréhension la plus immense à laquelle on puisse jamais se heurter. Des millénaires de religions du Livre ont effacé de la mémoire des Occidentaux le naturel de cette stupéfaction. Les religions des sociétés traditionnelles, elles, l’évoquent avec puissance. Je ne sais plus qui a écrit « tout homme est le premier à mourir », mais nul doute qu’il venait d’expérimenter la sidération ultime qui le propulsa soudain au cœur de sa propre pensée primitive.
Chez les peuples qui n’ont pas rejeté leurs peurs ataviques, la mort n’est jamais normale. Presque tous s’appliquent à exposer ce que notre espèce surégotique voit comme une insulte à sa supériorité : régulièrement, nos précieuses personnes disparaissent et chacune d’entre elles finira par trépasser. Peu importe le prestige financier, militaire ou spirituel qu’elle aura atteint durant sa vie, la créature humaine est finissante. Cette criante injustice faite à la race supérieure des sapiens est souvent expliquée dans les mythes comme étant la punition d’une faute grave. Et d’Ève à Pandora, les fautives sont presque toujours des femmes. Leur existence est donc entachée par ce faux pas de manière indélébile et les femmes sont intimement liées à la Mort qu’elles ont apportée à l’humanité. Elles sont celles qui dorlotent les défunts, et les endeuillées de sexe féminin portent le poids de leur nouveau statut plus douloureusement que les hommes. Dans l’hindouisme, les endeuillés masculins ne sont pas jugés particulièrement impurs pendant leur deuil et ils se remarient rapidement. La femme, au contraire, portera l’impureté de son défunt mari pour tout le reste de sa vie. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’elle devienne suspecte et qu’on l’accuse d’avoir tué son époux. Une femme qui meurt après son conjoint est fatalement suspecte...
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Face à la mort de mon amoureux, je me suis immédiatement rendu compte que même si notre société n'a pas le courage d'énoncer des catégories de décès, celles-ci existent bel et bien. Parmi les "mauvaises morts", on trouve les accidents stupides où la personne décède sans bravoure (en voulant prendre un selfie au bord d'une falaise par exemple) et les décès occasionnés par un trouble psychologique ou psychiatrique : les suicidés, les junkies, les anorexiques. Pour la majorité de nos concitoyens, toutes ces personnes "n'avaient qu'à faire plus attention à elles".
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Pour survivre à ta mort, j'ai eu besoin de partir loin... Avec cette illusion que la distance résoudrait comme par magie mes nouveaux problèmes de veuve incrustés entre les murs de notre appartement. Quand je suis revenue, tu n'avais pas disparu.
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Videos de Jennifer Kerner (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jennifer Kerner
Jennifer Kerner vous présente son ouvrage "Le tissu de crin" aux éditions Mercure de France.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3042793/jennifer-kerner-le-tissu-de-crin
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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