« C'était un grand homme. Il est mort en 1925. », cet « éloge funèbre » du Maréchal Pétain prononcé par le Général
de Gaulle en juin 1941 pourrait assez bien s'appliquer au Maréchal
Goering.
Né en 1893, Hermann
Goering est formé à l'art militaire parmi « les cadets », devient pilote durant la grande guerre et termine en tant que commandant de l'escadre Richthofen en 1918. L'armistice le démobilise et comme « les réprouvés » d'Ernst von Salomon, il est convaincu que l'Allemagne a été victime d'un coup de poignard dans le dos (dolchtoss). le début des années 20 le voit pilote de voltige en Suède, vendeur de moteurs en Europe, puis agitateur politique en Allemagne … le 9 novembre 1923 il est grièvement blessé par la police lors de la tentative de putsch à Munich.
Soigné en Autriche, exilé en Italie, il subit un traitement à base de Morphine qui le transforme et en fait en 1925 un mythomane précieux pour
Hitler car il est au coeur du triangle « armée, grand capital, révolutionnaires » et ses talents de polyglotte lui ouvrent bien des portes dans une Europe inquiète de la progression communiste. C'est à lui que le Fuhrer doit son accession à la chancellerie et il est alors élevé au rang de dauphin. Il cumule fonctions, titres et prébendes, laisse à ses collaborateurs la gestion des affaires courantes et se consacre à la gestion de sa fortune et à l'enrichissement de ses collections.
Aveuglé par
Hitler il exécute ses moindres suggestions et bouleverse les plans au fil des élucubrations du pouvoir nazi et des hasards de la guerre. Loin d'apparaitre comme « un homme de fer » il se révèle un bouchon emporté par le courant puis le torrent de la défaite. Il se rend au américains en mai 1945, subit une cure de désintoxication et, libéré de la morphine, affronte avec pugnacité le tribunal de Nuremberg où les témoignages des témoins et des autres inculpés mettent à mal sa défense. Condamné à mort il se suicide quelques heures avant son exécution.
François Kersaudy avait publié en 2009, chez Perrin, la première biographie française du Maréchal
Goering. Cette année, c'est dans la collection « Maitres de guerre » qu'il publie «
Goering, l'homme de fer », et, dans la ligne éditoriale de cette série, l'ouvrage centré (à 80%) sur la seconde guerre mondiale, est enrichi de cartes et de photos qui rendent ce livre agréable et facile à lire.
Une vrai réussite qui consacre le talent d'un auteur dont les travaux sur
Churchill sont incontournables et qui s'est déjà illustré par ses biographies de
De Gaulle, MacArthur et
Staline.