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EAN : 9782226220479
231 pages
Albin Michel (02/03/2011)
3.94/5   16 notes
Résumé :
Zarathoustra (ou Zoroastre) est le grand oublié de l'histoire des religions. Inventeur du monothéisme il y a 3700 ans, il a donné naissance à la religion des empires perses jusqu'à l'avènement de l'islam, qui persécuta ceux qu'il percevait comme les adeptes d'une religion dualiste et idolâtres. Il faut dire que les Iraniens eux-mêmes avaient, au cours des siècles, oublié jusqu'à la langue des écrits originels de Zarathoustra, les Gathas, et avaient surchargé son mes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le temps d'être honnête et lucide est venu ( sourires ) ... hugh !
L'Iran ancien alors qu'il venait à peine de se différencier assez nettement du monde indien , s'exprime dans ces textes dont la langue est encore très proche du Sanskrit .

Monsieur Pardis a eu la bonté de donner une traduction française de certaines Gathas de la religion zartotsi ( les zoroastriens du prophète Zoroastre ) ...
Il nous livre ici une traduction qui respecte manifestement les logiques narratives des textes originaux .
L'auteur accompagne cependant le lecteur dans une recherche de sens , solidement étayée . Heureusement car sans cet accompagnement ces textes seraient totalement opaques et impénétrables ..

L'auteur a la probité de nous les faire découvrir en eux-mêmes en les plaçant dans le contexte de leurs cadres spirituel et religieux d'origine ( l'ancien Iran ) .
Je ressens le besoin de recommander cet ouvrage à tous les gens curieux de l'histoire des monothéismes méditerranéens .
Personne n'ignore par exemple que le judaïsme et le christianisme sont apparentés ....
Mais combien de gens curieux connaissent aujourd'hui et savent à quel point leurs croyances actuelles sont redevables à celles de la perse antique pour des notions fondamentales ?

Le zoroastrisme est un véritable serpent à sonnette ( sourire ) , charmeur et non seulement il a du charme , mais c'est aussi un édifice spirituel et intellectuel d'une grande beauté .
Doté d'une puissance argumentaire flagrante à cause de ses logiques théologiques , de ses rituels fleuries , de la symbolique du feu , et de par ses formulations éthiques d'une grande force et d'une grande pertinence .

Je fais ce commentaire parce que si on cherche des avis sur ce livre il y a une abondante littérature qui place cette religion comme la mère spirituelle des religions judéo-chrétiennes .
C'est un peu la faute de l'auteur qui est un excellent philologue mais un historien manifestement trop amoureux de son sujet pour garder en toutes circonstances la distance nécessaire avec le sujet .

Je suis le premier et le plus fervent à attirer l'attention sur le fait que la dette est immense pour le judaïsme et consorts , envers le zoroastrisme , mais soyons un peu subtil et rendons à César ce qui est à César !
Le monothéisme hébraïque est dans la pureté de sa formulation une chose assez récente ( le point de départ est l'élaboration primordiale d'une monolâtrie ) .
Avram , le futur Avraham ( pères de nations littéralement ) « découvre « ( en réfléchissant à la succession de la lune et du soleil quotidiennement ) qu'il est une puissance immanente plus forte que les dieux et leur réceptacles terrestres ( les idoles ) ..

Ce qui est fondé ce n'est pas le monothéisme , mais c'est le culte exclusif d'une divinité au détriment de toutes les autres ..
Le corps éthique et rituel de ce culte est partie intégrante de l'aire culturelle mésopotamienne qui est structurée antérieurement et indépendamment de l'Iran et surtout du zoroastrisme ( pensez entre autres au code d'Hammourabi entre autres ) .
La religion et le dieu d'Israël ont eu bien du mal à s'implanter au milieux des israélites et sur la terre de Canaan ..
Et ce n'est pas pour rien que la sortie d'Egypte est encore perçue dans les milieux hébraïques comme le jour de naissance du peuple juif ( Yom houlédét lè am yeoudi ) ...
Ce n'est pas rien non plus de savoir que l'hébreu est la langue des cananéens alors qu'Avraham est un araméen « je suis un araméen de Haran ..« dont la langue ainsi que celle des autres patriarches et matriarches était l'araméen .
Cette histoire interne conflictuelle ( entre le yavisme et le fond traditionnel du polythéisme sémitique , a pourtant structuré une religion solide à la fois singulière et originale et solidement bornée par un pacte électif de nature mésopotamienne sur le plan des valeurs , de la logique de ses hiérophanies pour ce qui est également de la finalité du sacré et de ses modalités institutionnelles .

Le peuple juif et la religion hébraïque se découvriront une Affinité élective avec le zoroastrisme persan et cette affinité sera réciproque , au point que la perse des grands rois aura le soucis de restaurer politiquement la nation juive et les lieux cultuels de ce peuple et de cette religion qui furent amis et affectivement proches du zoroastrisme et des « grands rois « Iraniens ...

Le judaïsme commença alors naturellement à faire l'adoption de concepts et de croyances qui lui semblait proches et compatibles avec son credo ( et qui l'était effectivement sauf pour les samaritains ( sourires )) ..
Cependant la religion juive porte ( et les textes bibliques plus encore ) encore la marque des aménagements qui ont rendu possible ces insertions aux conséquences importantes pour les grandes religions monothéistes futures issueS du judaïsme comme pour le judaïsme lui-même ....
L'idée de la lutte du bien et du mal et donc d'apocalypse ... l'idée de résurrection des morts .... de jugement dernier ... certaines nuances de la démonologie et de l'angéologie ..une vision dualiste de l'univers .. le pardès ( concept de paradis ) ...
Le judaïsme étant une orthopraxie avant tout , ces apports ( encore aujourd'hui sujets à débats , comme ils le furent hier ) restèrent à la fois dedans et en dehors des certitudes rabbiniques et du credo judaïque .
Ce fut moins le cas pour le christianisme par la suite ( c'est un euphémisme ! ) . Les emprunts indirects s'exprimèrent alors avec vigueur .

Vous le voyez l'ardoise est lourde même si la dette est moins élevée qu'il n'y parait ...

je ne saurais donc trop vous recommander de lire ces gathas qui enseignent ( bien que assez hermétiques ) , entre autres à ne pas nuire et à discerner le bien du mal ainsi que à définir et à mettre en oeuvre la pensée et le geste pur ..
Enfin elles enseignent à respecter toutes vies , et elle exprime le concept même d'une éthique enracinée dans le geste ...
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De Richard Strauss à Nietzsche, j'ai toujours été intrigué par cette figure de Zarathoustra. J'avais lu que le zoroastrisme avait influencé l'essentiel des religions monothéistes. Qu'il était lui-même probablement la première croyance monothéiste non dualiste (contrairement au mazdeisme qui l'avait précédé).Et que le Coran ou la Bible devaient beaucoup à ses écrits. J'ai donc relu un peu l'histoire des migrations des peuples indoeuropéens venus du Caucase vers l'Inde et le nord de l'Iran actuel, et de leur assimilation des autres traditions religieuses, notamment indiennes d'avant le brahmanisme et l'hindouisme qui ont mis par la suite en avant la trinité Brahma Vishnu Shiva pendant que le mazdéisme fusionnait les entités Mitra et Varuna pour aboutir à Ahura Mazda.

J'étais donc enfin prêt pour découvrir les fameux Gathas , ces poèmes rythmés et conçus comme des mantras qu'on pouvait chanter pour mieux s'en imprégner et entrer dans d'une forme de transe extatique. Mais non pas comme des textes à tonalité morale dictés à un messager, ou prophète (que n'est pas Zarathustra), par la divinité mais davantage comme un parcours intérieur et philosophique.

Et je dois avouer ma relative frustration à la lecture de ces chants. L'impression d'avoir lu un nombre incalculable de fois la même phrase déclinée de multiples façons et se contentant de poser en permanence la même question sans jamais y répondre. Un sentiment d'une longue introduction qui ne serait pas suivie d'un exposé véritable ou d'une pensée plus complexe. On est plus près d'une forme de méditation transcendantale que d'un véritable enseignement.

Ces chants visent à chercher la pensée juste, la Sérénité et la maîtrise de soi qu'il oppose à la pensée fausse, au mensonge, à la manipulation des élites ou des gouvernants. Il prône un respect de l'environnement et de la nature, ce qui est assez moderne finalement mais énoncé tel quel sans développement.

Je suppose qu'il faut approfondir, lire les autres textes de l'Avesta même si je me souviens de Mircea Eliade peu enthousiasmé par leur contenu.

Reste que c'est toujours émouvant d'entendre une voix venue d'un lointain passé s'interroger sur les mêmes questions métaphysiques et existentielles et tenter de trouver le chemin d'une forme de bonheur et de sérénité qui passe notamment par la bienveillance et le respect de la nature.

La première partie historique et théorique de ce livre est par ailleurs très intéressante et vaut à elle seule la lecture.


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En Iran et dans l'émigration, un phénomène de retour au zoroastrisme, ou d'intérêt renouvelé pour lui, se fait sentir, et l'auteur, zoroastrien lui-même, semble participer de ce mouvement. Il fait remarquer que les grands textes de cette antique religion persane font l'objet de débats philologiques de spécialistes, mais que nul traducteur doué, dit-il, de "sensibilité spirituelle" n'a encore essayé de rendre les grands hymnes zoroastriens en français. de fait, on ne perçoit aucune poésie dans les traductions habituelles, et une version croyante et informée est toujours bienvenue. Celle-ci est précédée d'une présentation générale de la religion, qu'il est bon de comparer à celle de Jean Varenne.
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l'étude de GHATHA et en général Avesta le livre sacré de Zarathoustra est l'objet des recherches philologiques et linguistiques assez poussée depuis plusieurs décennies. Les résultats de ces recherches qui sont l'oeuvre de savants renommés Français, Allemands, Belges, Anglais etc sont basés sur la comparaison et l'approche scientifique. le point de différence importante de l'ensemble de ces oeuvres avec le contenu du livre de M. Pardis est l'approche scientifique face à l'approche idéologique ou religieux.
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Ouvrage qui donne envie de s'intéresser à l'histoire des Aryens, et qui présente le Zoroastrisme loin des dérives et des calomnies. de plus, la traduction des Gathas est très belle, même si les termes sont parfois un peu difficiles à appréhender.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Chant IX

3. Dis-moi, Ô Ahura Mazda,
afin que je comprenne clairement :
qui a conçu et créé la Justesse ?
Et qui a placé le soleil et les étoiles
sur la voûte céleste ?
Et qui a appris à la lune
à croître et à décroître ?
Ô Mazda,
j’aspire à une plus vaste connaissance.

4. Dis-moi, Ô Ahura Mazda,
afin que je comprenne clairement:
qui a mis la terre en bas et le ciel illimité
par-dessus ?
Et qui a créé l’eau et la nature verdoyante ?
Et qui a appris au vent et aux sombres nuages
à se déplacer aussi rapidement ?
Et qui a révélé la Pensée juste ?

5. Dis-moi, Ô Ahura Mazda.
afin que je comprenne clairement :
quel artiste a créé la lumière et l’obscurité
et nous a appris l’éveil et le sommeil ?
Et qui a mené le matin, le midi et la nuit
du néant vers l’existence afin d’inciter
dans le rayonnement de la Sagesse
les êtres à l’effort ?

6. Dis-moi, Ô Ahura Mazda,
afin que je comprenne clairement :
est-ce que les paroles que je dis,
que j’apprends et que j’enseigne
sont vraiment justes ?
Est-ce que la Sérénité,
dans le rayonnement de la Pensée juste,
propage la Justesse dans le monde
et élève l’énergie de la Maîtrise de soi
parmi le peuple ?
Ô Mazda, dis-moi :
pour qui as-Tu créé ce monde
joyeux et fertile ?
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Celui qui veut du bien au juste, au parent, au confrère et au serviteur, et qui veille activement sur le bien du troupeau, celui­ là prend parti pour le Bien. Il est un collaborateur de la Bonne Pensée ... ... L'homme qui réjouit la Terre, c'est celui qui sème le plus de blé, de légumes et d'arbres fruitiers ....
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Trois mille cinq cents ans avant que Nietzsche annonce la « mort de Dieu », Zarathoustra, dans les Gathas, annonçait la « mort des dieux », de ces dieux imaginaires et vengeurs des Aryens qui étanchaient leur soif de sang par des sacrifices animaux. C'est pour sauver l'« âme de la terre » et la mener vers le bonheur que Zarathoustra se soulève contre ces daevas, ces anciens dieux qui deviendront des démons dans la religion iranienne ultérieure ( alors que les devas resteront des dieux dans l'hindouisme ), et qu'il vilipende les prêtres, ces menteurs et trompeurs. Pour le Zarathoustra des Gathas, il n'y a d'autre dieu qu'Ahura Mazda, cette force créatrice qui fait évoluer sans cesse le monde vers la Perfection. Le Dieu dont Nietzsche, à son tour, annonce la mort n'est pas celui de Zarathoustra : c'est le Dieu de l'Eglise, elle qui a séparé Dieu de sa création et qui a inventé le péché afin de contraindre l'humanité à la résignation. C'est ce Dieu-là qui est mort : l'homme est désormais libre du fardeau de péché.
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Chant XI

19. Le désir de Zarathoustra
est de construire
un monde nouveau et régénéré
qui puisse offrir
sans défaillance la vie éternelle.
Il veut réaliser ses objectifs
dans les deux mondes,
matériel et spirituel.
Ô Mazda,
C’est Toi qui m’a appris
et révélé tout cela.
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