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250 pages
Julliard (16/09/1958)
5/5   1 notes
Résumé :
Bobby Saxalto est sans doute complètement fou. Le but qu'il poursuit avec une incroyable obstination est digne d'intéresser les psychiatres. Bobby veut ceci: être heureux. Et c'est l'histoire des efforts merveilleux de Bobby Saxalto pour arriver à la terre promise du bonheur. C'est l'histoire de sa rencontre avec Eve Viollis, de ce qui amena cette rencontre et des événements étonnants qui s'ensuivirent. Les héros de" Venise en octobre" ont vingt ans. Cela explique ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Venise en octobre c'est tout sauf Noël en décembre, si vous me passez ce mauvais jeu de mots.

Rien de téléphoné, rien d'attendu.

Une sorte de divine surprise, comme l'ont sûrement déjà compris ceux qui ont apprécié quelques-unes des citations que j'ai postées pour la mise en bouche...

Une surprise ... un bijou...

Rien n'y prédisposait pourtant.

D'abord à cause de la production prolifique et tous azimuts de  José-André Lacour (avec un tiret:  c'est le même que le José André Lacour sans tiret qui n'aurait écrit qu'un seul bouquin, - celui-ci- : une erreur (de tiret ) que  je ne suis pas arrivée à corriger,  tant pis!), à cause , disais-je , d' une production quasi stakhanoviste, qu'on devine alimentaire, dans des genres variés et sous des pseudos adaptés au "créneau" visé:    Benoît Becker pour les romans d'aventures, les thrillers, Christopher Stork pour les romans de science-fiction, ou encore Marc Avril pour l'essentiel des romans d'espionnage qui ont pour héros l'agent secret Marc Avril. Sans oublier les impérissables Benjamin Rochefort, Connie O'Hara, Sarah Lee, Johnny Sopper, ou autres Henry Langon

Touche-à- tout, José-André ( avec le tiret!) ? c'est une évidence! Mais je ne rajouterai pas "de génie " d'abord parce que ça se saurait, ne serait-ce qu'un peu, ensuite parce que ses seuls "succès " sous son vrai nom de José-André Lacour  (avéletiret, j'abrège) , sont La mort en ce jardin, dont Buñuel a tiré le grand  film que l'on sait et, plus modestement, L'année du bac, une pièce que j'ai dû lire ou voir, car je m'en souviens vaguement, et qui a dû vieillir beaucoup, et sans doute mal.

Mais ce touche-à-tout (avec deux tirets..) en a eu , du génie,  au moins une fois :  Venise en octobre, cette formule utilisée par le père de Bobby Saxalto pour désigner le nirvana suprême,  est certainement son chef-d'oeuvre ( avec un tiret).

Il faut donc rendre justice à son auteur, et embarquer sans attendre pour Venise. D'ailleurs octobre est à nos portes, c'est dire si le temps presse ! 

Ce trésor, comment l'ai- je degotté?

Ni vide-grenier ( un tiret) , ni fond de cave ( pas de tiret, on se demande bien pourquoi?) ..juste une conversation avec un vieux copain, batteur fou et jazzman averti , mais aussi fin lecteur, qui m'avait  fait découvrir,  il y a quarante ans, Cent ans de solitude et le Maître et Marguerite , entre Lonely Man et Caravane. Pas n'importe quoi, donc pas n'importe qui, vous l'aurez compris. le conseil ne pouvait être que d'or... Mon pote avait oublié le titre, ne se souvenant que du nom du héros: Bobby Saxalto. Un saxophoniste boîteux.

Mais le titre a été  vite retrouvé : internet est notre mémoire portative!

Je me suis aussitôt mise en chasse...et ne retrouvant pas  Venise en octobre dans les oeuvres répertoriées sur Babelio , j'ai flairé la grande découverte, un  vrai scoop de 60 ans d'âge!

Bingo!  Alors...je ne vous dirai que peu de chose pour que vous la fassiez vous aussi, la découverte.

 Bobby Saxalto , un saxophoniste boîteux, est un enfant de vieux, de vieux fous, de vieux amoureux. Il est élevé dans la passion partagée du jazz et du cinéma. Et il tombe amoureux d'une Marie-Antoinette de music-hall qui s'effeuille dans un pauvre strip-tease de Montmartre.

Et pourtant ce n'est pas du Carco. le réalisme compte pour du beurre.

On dirait du Vian sans pianocktail. 

Et du Prévert tout le temps.
Pour la poésie et la justesse des petites touches qui font, une à une  le portrait de l'oiseau. Pour le petit bruit terrible du destin quand il frappe , comme l'oeuf dur sur le comptoir, dans un petit matin glacial .
Pour la musique foraine déchirante et bravache, l'atmosphere de fête populaire un peu triste...

Je me suis arrêtée mille fois pour relire et savourer une image, une notation- ainsi cette biffure fatale sur une lettre qui démasque plus qu'elle ne masque un mot-poignard.

Le narrateur est comme le héraut d'un tournoi ou le trouvère d'une chanson de geste ou d'un conte : il bouscule son récit parce qu'il SAIT. Il annonce les malheurs comme Cassandre, mais on n'a pas envie de l'écouter,on fait la sourde-oreille.
 
Notre lecture est comme l'écoute d'un morceau de jazz:
charmée et distraitement attentive.

Un leit-motiv lancinant et sombre menace, noyé par les rythmes débridés , les cadences joyeuses, le chassé-croisé inventif des protagonistes.

Mais quand le solo de saxophone nous cueille soudain en nous broyant le coeur, on ne peut pas dire qu'on ne l'avait pas vu venir.


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle vit qu'il déchiffrait la rature, lui. Elle savait qu'il la déchiffrerait à l'instant même où ses yeux se poseraient dessus. Parce que c'est de lui qu'il était parlé sous la mâchure et que ce qui vous concerne, vous poigne et vous hante, vous le devinez sous les mâchures. Si l'on parle de vous et qu'on a raturé la phrase, c'est que la phrase contient l'épine de votre vie. Et le jambage mal biffé, la lettre pas tout à fait effacée, le dessin d'un mot disparu sous deux traits sont cette épine et cette petite croix amère.
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Il pensait tout le temps à Viola en apprenant le saxophone et c'est pourquoi il fit des progrès rapides, mais quand il commença à pouvoir jouer "Caravane" à peu près correctement, aux approches de juillet, il avait pratiquement oublié Viola, elle était une tache floue dans sa mémoire, une sorte de réverbération de voile grise sur la mer émeraude, l'odeur d'un pin qui chauffe sous le soleil équinoxial : c'est pourtant la douceur d'avoir aimé qui donnait à ses doigts cette douceur de touche, et la mélodie alerte de "Caravane " qui vibrait dans une cour de la rue Vercingetorix visitée par l'été dessinait invisiblement, même pour le petit joueur de saxophone, la tête bouclée d'une petite fille brune et ses lèvres craquelées par le sel marin.
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Elle se sentait terrorisée par l'irruption en elle, innommée encore mais déjà reconnue, de la jeunesse. C'est un beau voyage, et enivrant, celui qu'on fait seule pour la première fois parce qu'on est enfin orpheline. Elle avait beaucoup aimé père, l'avait beaucoup pleuré, c'était son père mais il l'avait minutieusement étouffée, il avait dompté sa jeunesse jusqu'à ce que sa jeunesse se fût éteinte - mais à présent ma jeunesse revient, elle me dore et Père, je l'ai fait mettre dans un cercueil de plomb. Cinquante ans de sujétion : Quelle horreur, si l'on y pensait. Mais enfin le cercueil est rivé, la pierre posée et elle allait pouvoir accumuler les sottises interdites.
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Ce genre de jeunes femmes, il faut marcher vers elles, les conquérir et par la suite, lorsqu'il se rappelait cet instant, ce long instant d'attente et d'immobilité dans le silence historique, Gunnar s'étonna toujours que Bobby Saxalto n'eût pas bougé, fût resté impassible, alors que lui-même, achevant de se mettre à sa place jusqu'à rêver pour lui, imaginait d'isoler la beauté parfaite de cette enfant dans une île sauvage où son amour ( c'est-à-dire celui de Bobby Saxalto ) serait seul à la tenter.
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- Fils, dit-il à Bobby, le jour des funérailles, tandis qu'ils suivaient, en tête de trente personnes, le corbillard de troisième classe, Ma s'en est allée en riant, c'est bon signe. C'est le signe qu'elle est arrivée à Venise en octobre. Peu de gens y arrivent. Mais Ma, je crois, y est arrivée. Elle voulait être heureuse et elle y est arrivée parce qu'elle était gaie et indomptable. Il faut être gai et indomptable comme elle, dit-il en gloussant de bonheur.
-Oui Pa, dit Bobby, qui portait un petit pardessus noir, ce jour-là ; oui.
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