Soyez rassuré, cet ouvrage ne constitue pas une description technique du bombardement du village basque, en 1937, par la Légion Condor de la Luftwaffe et leus assistants italiens. Mais
Guernica, à moins de 100 km de Biarritz, et mondialement connu surtout par le célèbre tableau qu'en a fait
Pablo Picasso, forme le décor de ce court roman de
Carlo Lucarelli de 1996.
Guernica est devenu 'le' symbole de la guerre civile en Espagne (1936-1939), et même de la guerre tout court. Grâce aussi à de grands noms de la littérature, qui y étaient présents, tels
George Orwell et
Ernest Hemmingway. le nombre d'ouvrages est, bien entendu, abondant. Plutôt que de produire une liste, je préfère me limiter à 2 ouvrages qui m'ont particulièrement impressionné : d'Orwell "Hommage à la Catalogne" et de Hemmingway "L'Adieu aux armes". L'ouvrage de
Carlo Lucarelli est moins ambitieux que celui de ces illustres géants, mais indirectement il contribue, à sa façon, à montrer l'horreur qu'a été cette guerre fracticide en en recréant parfaitement le climat.
Comme héros
Carlo Lucarelli a choisi un drôle de zèbre : Filippo Stella, un aventurier italien et chauffeur de poids lourds. Officiellement du moins, car il s'occupe de contrebande et d'autres petites affaires plutôt louches, jusqu'à son arrestation par l'armée italienne. Accusé d'espionnage et de dénonciation d'un colonel Mendoza aux communistes, il a le choix : ou être fusillé ou joindre la Légion italienne des Volontaires. Après cette formalité, il reçoit sa première mission : aider le capitaine Degl'Innocenti, venu spécialement de Florence, à trouver le corps de son ami, Vittorio, et à le ramener en Italie, pour être enterré dans le caveau familial. Mission importante car le mort était un ami du comte Ciano, beau-fils de Mussolini et son ministre des affaires étrangères. En plus, s'il réussit, peut-être pourra-t-il demander la main de la jeune veuve, dont il est amoureux depuis belle lurette.
La mission relativement simple se gâte lorsqu'il devient clair que le corps, qui lui est présenté, bien que méconnaissablement abîmé, ne peut être celui de son camarade. Suit alors une recherche à travers les zones de combat d'Espagne : de Terruel, en passant par Sigüenza, à Madrid, pour s'arrêter, bien entendu, à .....
Guernica. En dire plus serait impardonnable.
Carlo Lucarelli, né à Parme en 1960, est un personnage multivalent : écrivain, régisseur, metteur en scène, animateur à la télévision et journaliste.
Il est surtout connu pour ses romans noirs, avec le commissaire
De Luca, comme protagoniste principal. le livre généralement reconnu comme son meilleur porte un titre en anglais, "
Almost Blue", en hommage au trompettiste et chanteur de jazz,
Chet Baker, trouvé mort peu avant à Amsterdam. Trois autres oeuvres valent la peine d'être mentionnées : "
La huitième vibration", "
Laura de Rimini" et "
Enquête interdite".
Petit detail intéressant : l'arrière-grand-père de notre Carlo fut Antonio Meucci, ami de
Giuseppe Garibaldi et surtout célèbre pour avoir inventé le téléphone. Invention longtemps contestée, mais, en 2002, reconnu par le Congrès américain.
Que Lucarelli ait écrit un livre ensemble avec
Andrea Camilleri, le père spirituel de l'inspecteur Montalbano, ne devrait surprendre personne. Tous les deux, ils ont cet esprit original et la maîtrise des finesses et trouvailles linguistiques. Leur oeuvre, "
Meurtre aux poissons rouges" comme le titre le laisse imaginer, est assez spécial !
Je termine par une citation de
Carlo Lucarelli, en fait la dernière phrase de son "
La huitième vibration", parce qu'elle est tellement typique pour son style et langage : "Ceci est la terre de
la huitième vibration de l'arc-en-ciel : le Noir. C'est le côté obscur de la lune, porté à la lumière. Dernier coup de pinceau du tableau de Dieu."