Gabrielle est lasse de la vie qu'elle mène : éloignée de sa famille, relations tumultueuses avec les hommes, drogue, peep-show, … Lors d'un grand rassemblement religieux, elle tombe sur Roch, qui, semble-t-il, la comprend parfaitement. Il lui propose alors de rejoindre son groupe d'aide aux fumeurs, ce qu'elle accepte immédiatement.
La suite est malheureusement bien rodée : Roch devient de plus en plus ambitieux et se charge tout seul de la spiritualité de ses troupes. On coupe progressivement Gabrielle de son ancienne vie : on lui demande d'abord de couper les derniers liens qui lui restaient avec sa famille et ses amis, qui entravent sa progression spirituelle. Tout forme de choix lui est retirée, même pour la nourriture et les vêtements. Et enfin, Roch leur demande de brûler leur carte d'identité et leur attribue un nom biblique.
Le piège s'est désormais refermé sur les adeptes de celui qui se fait désormais appelé Moïse. Ils subiront tout ce qui passe par la tête du gourou sans protester, incapables de s'échapper de son emprise. Coups, humiliations, travail de forçat, régime alimentaire destiné d'habitude aux vaches, opérations « chirurgicales » à vif, … Arrivé au tiers du livre, on se demande déjà comment des êtres humains sont capables de supporter tout ça, et l'horreur va toujours croissant.
Au-delà de l'atrocité des faits, on se sent impuissant à sortir les adeptes des griffes de leur manipulateur. Les occasions n'ont pourtant pas manquée : intervention des parents, de la police, … Roch a été emprisonné plus d'un an, et le groupe s'est reformé dès sa sortie. Quelques-uns prennent la fuite, mais la plupart finissent par revenir, rongés par la culpabilité. Surtout que le gourou sait très bien s'y prendre pour offrir quelques marques de sympathie au bon moment.
J'espère que ce livre a permis à plusieurs personnes d'échapper aux griffes de ces dangereux personnages. le récit est insoutenable, mais revenir sur toutes ces années de souffrance pour l'écrire a du être un vrai calvaire pour l'auteure également.
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Un témoignage d'une rare violence, quoique véridique malheureusement!
Tant de questions m'interpellent après la lecture de ce livre : comment un être humain peut-il maintenir sous sa coupe d'autres êtres pour les forcer à de telles conditions de vie et des sévices mentaux et corporels ; comment les sujets d'un tel gourou en sont-ils amenés a une obéissance et docilité jusqu'à accepter leur mutilation physique ? Comment ces disciples ne retrouvent-ils pas la raison pour s'enfuir et ne plus jamais revenir ? Des mots, sous le couvert d'une sagesse divine, suffisent-ils à embrigader des esprits de telle façon ? Comment tout libre arbitre et toute pensée personnelle peuvent-elles annihilées à un tel point ?
Quels sont les antécédents et les défaillances morales de tous ceux qui mènent les sectes et en font partie ?
Au vu des scènes décrites, c'est un ouvrage à ne pas mettre dans les mains des âmes sensibles, bien que ce serait un moyen de faire réfléchir tout un chacun sur les dangers de la « bonne parole » prêchée par certains à la recherche d'un autre monde, « d'un monde meilleur » comme ils le prétendent.
J'ajouterai que fort heureusement pour la société, ce gourou a été retrouvé mort dans sa cellule de prison… mais qu'en est-il de ses victimes ? Comment survivre et se reconstruire après de telles manipulations ? Pour sûr, une clientèle certaine pour les psychiatres !
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Je n'aime pas faire des résumés des livres lus car après tout quelle utilité vu qu'il y a le résumé et que de nombreux lecteurs le font, je ne vais donc pas faire des redites.
Ce livre m'obsède, cette affaire m'obsède, j'ai dû le lire deux ou trois fois en l'espace de quelques mois ou semaines.
Certaines parties sont lentes, celles où elle parle de sa vie d'avant, du moins après une première lecture.
Mais ce qui est absolument terrifiant est la manière dont les choses évoluent, d'une simple rencontre lors d'un rassemblement évangéliste, sa vie entière va progressivement se transformer pour sombrer dans l'horreur la plus totale, pour elle mais aussi pour les autres membres de la secte.
La manipulation mentale, la foi, ont des pouvoirs qui semblent défier toute logique même celle de l'instinct de survie.
Plonger dans son histoire est une lente descente aux Enfers.
Il y a par contre quelques points sur lesquels je n'arrive pas à me faire une opinion: ayant lu le livre écrit par les fils de Moïse, et beaucoup de textes divers sur le sujet, documentaires (même si celui qui m'a fait connaître l'histoire est désormais indisponible partout: censure québécoise, de même que je n'ai jamais trouvé le livre écrit par Thiébaud), interviews et autres, dont celle d'un membre qui est parti avant le déluge (la famille qui avait vendue tous ses biens: étrange à voir, désormais ils mettent tout leur coeur dans la foi chrétienne "orthodoxe" dirons-nous), bref, comme toujours je me perds dans mes écrits.
Je disais donc que lorsque l'on met en lien les différentes sources certaines incohérences apparaissent, et je ne saurais savoir qui dit vrai, ce qui doit sans doute ajouter à mon obsession pour l'affaire très peu connue en France et pourtant qui me semble être la pire secte ayant existé de par les maltraitance et la folie du gourou ou peut être au même titre que le massacre de Jonestown.
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Les confessions de Gabrielle sur son passé ne me retenaient pas.
Ensuite, lorsque le nombre d'adeptes a augmenté et que s'est accrue la soumission
unanime, j'ai sauté quelques pages, puis d'autres quand l'étalage des sévices est devenu insoutenable.
Insoutenable à lire, certes, mais surtout à comprendre. Car enfin, il y a eu des fuites, mais avec retour, et des occasions de rompre les engagements lors des absences du fou alcoolique.
Si son enfance, son milieu familial peuvent expliquer son comportement , ils ne peuvent l'excuser.
J'ai regardé une vidéo avec la Gabrielle "rénovée". C'est poignant .
Ce témoignage ne doit pas s'oublier facilement.
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J’aime sentir que je sers à quelque chose de positif et, chaque jour, intérieurement, je remercie Roch de m’avoir permis cela. Bien sûr, il y a certains petits inconvénients auxquels j’ai du mal à me faire, comme de partager mon linge par exemple. Dès le début, nous avons mis en commun tous nos vêtements. Je trouve que c’est plus rationnel et plus généreux ; néanmoins, cela me dérange. De voir mes robes sur les autres me procure la sensation d’être dépouillée d’une partie de moi-même. Bien entendu, cela ne veut pas dire que je n’ai rien à me mettre sur le dos, au contraire ; les armoires regorgent de linge.
Il y a seulement que ce n’est pas à moi. Pareil pour la nourriture, nous ne manquons absolument de rien, mais il y a des fois où j’aimerais manger ce dont j’ai envie, et non ce qui est au menu.
Mais je comprends qu’il faille faire abstraction de ses petits caprices pour le bien de tous.
J'ignore pourquoi, mais je ne cesse de repenser à cette journée lointaine de mon adolescence où, devant le miroir rectangulaire près de l'évier de la cuisine, j'étais en train de peigner longuement mes cheveux tout en m'observant. Je ne comprends toujours pas pourquoi, mais à un moment donné, ma mère s'est levé brusquement, elle s'est approchée de moi et m'a giflée sans explication. Pouruoi ?
Ouvrez ce livre et préparez-vous à "décou-vivre" la dramatique progression d'un cyclone de cruauté imposée par un gourou nommé Moïse. Cruauté qu’il prodige aux membres de sa secte sous le couvert de….l’Amour…. ? ! ?
Heureusement le 4ème de page m’avait assuré : Garielle, l'héroïne allait s'en sortir. Je n'aurais sans cette certitude, pas eu le courage de continuer à lire telle cruauté, insoutenable, choquante.
Gabrielle nous livre ici ses expériences, ses terreurs, ses cauchemars, ses moments intimes aussi. Nous découvrons avec elle le processus de manipulation des gourous.
Je me pose la question, puis je crois que je peux y répondre. Oui, mon aveuglement résulte de ce que mon âme a été souillée par mon père un jour d'inceste. À quatre ans, j'ai découvert l'horreur et le plaisir, mais voulant oublier l'horreur parce qu'il s'agissait de papa, j'ai tout oublié sauf le plaisir. Et depuis ce jour où j'ai perdu la vue, elle m'est rendue aujourd'hui alors que s'en va la main par laquelle j'ai été initiée au mal.
Faut-il que Satan soit stupide! il coupe ce qui m'enchaînait à lui.
La gourmandise souille ton corps, mais ne détourne pas la fonction de l’appareil digestif. La fonction du sexe, elle, est de procréer ; il y a donc un détournement du plan divin lorsque nos appétits sensuels nous poussent à n’y rechercher que le plaisir pour le plaisir.
L'Heure Juste - Gabrielle Lavallée (2/2) - YouTube