Merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Daphnis et Chloé pour cette lecture originale et surprenante, cela faisait très longtemps qu'un style d'écriture ne m'avait saisie de la sorte.
Ce roman nous raconte l'histoire d'un trio : Sacha, Frédérick et Zelda. Amis de longues de dates, ils sont fusionnels dans leur relation. Frédérick et Zelda sont en couple tandis que Sacha, dandy trentenaire, passe de conquêtes et conquêtes. En effet, le personnage de Sacha attire, tant il est complexe et mystérieux. Enfant abandonné dans un quartier de Paris avec une valise d'argent à ses côtés, sa vie ne peut être banale.
Un beau jour, Sacha décide de partir vivre à New-York et de commencer une nouvelle vie américaine. Ne pouvant supporter la distance et l'éloignement de leur cher ami, Zelda et Frédérick décident à leur tour de partir vivre aux Etats-Unis quelques mois plus tard. Les premiers temps, tout se déroule pour le mieux. A noter, une soirée particulière chez un de leurs amis restaurateur qui a reçu une lettre de licenciement de la chaîne pour laquelle il travaille. Sacha évoque alors le principe de vengeance et tous décidèrent (clients du restaurant compris) de boire toutes les meilleures bouteilles de la cave... Je vous laisse deviner la suite. C'est l'acte 1 : Premier printemps à New-York, tous se laisse porter par le courant de la vie.
Au cours d'une soirée donnée par Sacha (qui ici n'est pas sans rappeler le personnage de
Gatsby le Magnifique), Zelda et lui se rapprochent dangereusement, amoureusement. C'est l'acte 2 : Premier été, sur fond de crise des subprimes. le ton devient plus grave, l'ambiance plus lourde, le lecteur sent poindre la crise. Une crise économique et financière mais aussi une remise en question des valeurs actuelles. Sacha, personnage cynique, s'isole de plus en plus et découvre ses origines, c'est à ce moment là que tout bascule.
Acte 3 ou la dernière saison,
l'automne ou la fin du trio franco new-yorkais, l'éclatement de leur bulle. le calme relatif du début du roman laisse place à une explosion de violence.
Ce roman, je l'ai déjà dit, est surprenant d'un point de vue stylistique et structurel.
Jean le Gall nous plonge dans un univers surréaliste, à la limite du fantastique dans certaines scènes. Il divise son récit en actes comme une pièce de théâtre avec une tension palpable qui monte au fur et à mesure du déroulement de l'action. L'acte 3 est d'ailleurs d'une grande intensité. Il y a une alternance de points de vue, des allers-retours entre les personnages, qui évoluent dans un huis-clos psychologique, avec un narrateur omniscient qui éclaire le lecteur.
Le style est recherché, j'ai été agréablement surprise même si au début je me suis demandée si j'allais aller jusqu'au bout. Mais, au fil de la lecture, je me suis habituée et me suis laissée porter par l'histoire.
Jean le Gall a certainement été marqué par la littérature américaine et notamment par
Francis Scott Fitzgerald. On peut y trouver des références à sa femme Zelda Sayre et à
Gatsby (notamment dans les traits et comportements de Sacha).
En bref, un roman intéressant par sa structure, son style et la force de ses personnages. Une fin étonnante, franchement je n'aurais pas pu deviner. Si vous avez envie de découvrir une littérature hors des sentiers battus, ouvrez ce livre.