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EAN : 9782882505897
112 pages
Noir sur blanc (17/10/2019)
4.08/5   19 notes
Résumé :
Prosper Brouillon n’écrit pas pour lui. Il ne pense qu’à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la torture nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Original, ce polar qui décortique la genèse d'un polar!

On assiste à la création du roman : le choix des personnages pour commencer.

Il faut lui trouver un nom, à ce type qui mènera la danse, puis un physique, des tics ou des tocs, des antécédents, chargés si possible. N'oublions pas l'assistante, caillou dans la chaussure, qu'il faudra apprivoiser faute de pouvoir s'en passer.

Déjà avant que l'intrigue se noue, les phrases se présentent, analysées à l'aune supposée de l'éditeur, qui a le mérite d'être le fournisseur de l'à-valoir et peut donc s'octroyer le droit de donner son avis.

Puis peu à peu l'intrigue se dessine, un meurtre, un autre meurtre, des pistes plus ou moins crédibles, pour mener vers un dénouement dont l'auteur n'a aucune idée au départ.

C'est aussi le portrait de l'auteur personnage principal, Prosper Brouillon qui se dessine au fil des pages, écrivain à la vocation précoce :

« Signe d'une vocation précoce : quand ses frères et soeurs jouaient au jardin à soulever les pierres qui abritent des fourmilières, il fatiguait le dictionnaire familial de ses incessantes et indiscrètes investigations, affolant le lexique, éloignant les mots de leur définition, brisant les liens fragile qu'ils sécrétaient entre eux et les alliances qui se nouaient dans le secret du gros volume. »

N'oublions pas les illustrations qui ornent le récit, un peu en décalage, mais apportant un petit plus qui accentue le caractère un peu foldingue de la narration.


Un roman très plaisant, ou règne l'autodérision et le second degré, un bon moment de lecture.

#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance
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Auteur à succès passé maître du marketing littéraire, vache à lait courtisée par son éditeur, Prosper Brouillon écrit au kilomètre entre interviews, salons littéraires et juteuses master class. Peu importe le sujet, polar ou roman d'aventures, pourvu qu'il plaise au lecteur et oblige « ce rat cupide à cracher ses vingt euros ». Sa production purement mercantile ne l'empêche pas de se croire arrivé parmi les plus grands de la littérature et de rêver aux plus hautes distinctions. Pour continuer à occuper les têtes de gondole, il lui faut pourtant encore venir à bout de la corvée de remplissage des pages de son prochain roman…


Nous voici donc immergés dans le processus créatif de Prosper, le temps de comprendre la genèse de sa prochaine publication de génie. le ridicule ne tue pas, heureusement pour notre homme, inconscient de ses platitudes et de ses formules ampoulées. A lui seul, il incarne tous les travers du microcosme littéraire, lorsque sa soumission aux diktats commerciaux finit par faire du livre et du romancier de purs et calibrés produits de consommation. le regard d'Eric Chevillard est féroce et sa satire perfide. Il s'en donne à coeur joie pour forcer méchamment le trait, au gré d'une dérision grinçante dont on sent bien qu'elle masque une vraie envie de pleurer.


Et tandis que les raides et anguleuses silhouettes en noir et blanc de Prosper, plaquées sur le fond rouge de ses plates chimères romanesques par l'illustrateur Jean-François Martin, viennent, à leur manière décalée, faire écho aux pointes acerbes et cyniques dont se hérisse le texte, le lecteur sourit de tant de verve et d'habileté pour tourner en ridicule une indéniable réalité.


Ce pamphlet bien troussé se dévore d'une traite, dans un moment de fantaisie rigolarde qui n'en fait pas moins mouche.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Prosper Brouillon est un écrivain à succès parisien (comprenez un écrivain qui maîtrise à la perfection les outils du marketing littéraire). Pour ce qui est de manier avec brio la plume et le sens de l'intrigue, c'est une autre histoire. Personne n'est parfait, me direz-vous... Ainsi donc, voilà Prosper à la recherche de l'inspiration pour son deuxième roman. Soucieux de se renouveler et de faire plaisir à ses lecteurs (au point d'obliger ces "rats cupides" à acheter son prochain livre), il décide de s'atteler à un nouveau genre : le roman policier. A moins qu'il ne tente le roman d'aventures avec pirates et île au trésor. Après tout, il suffirait de quelques légères retouches aux personnages et à l'intrigue qu'il a déjà ébauchés, et de lier le tout avec quelques-unes des citations et métaphores alambiquées qu'il collectionne dans son carnet de notes. Succès garanti, ne serait-ce qu'en raison des à-valoir mirobolants consentis par son éditeur, lequel entend bien ne pas perdre de plumes dans l'aventure (de flics ou de pirates, peu importe, tant qu'il est question de poule aux oeufs d'or) et forcer les lecteurs à se jeter sans trop regarder sur le nouveau Brouillon.
Ce très court roman, illustré par Jean-François Martin, est le deuxième volet des déboires de Prosper Brouillon (qui peut se lire indépendamment du premier, que je n'ai d'ailleurs pas lu). L'auteur y révèle les affres du processus de création littéraire qui torturent cet écrivain à succès bouffi de suffisance et de mépris. Eric Chevillard n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de flinguer une certaine littérature "commerciale", et il ne lésine pas non plus sur l'ironie pour tourner ce petit monde en dérision. Satirique, excessif et jubilatoire.

En partenariat avec les Editions Noir sur Blanc via Netgalley.
#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Eric Chevillard avec la complicité graphique de Jean-François Martin propose de nouveau un moment de partage avec son auteur « Prosper à l'oeuvre » de son deuxième roman, et pas des moindre puisque celui ci relèvera de l'exercice d'écriture du roman policier.
C'est un plaisir de parcourir avec simplicité mais également avec lecture hypertexte des planches graphiques dans la psyché de cet auteur. Ce descriptif donne un portrait contemporain inédit en cette année de combat de la profession sur le métier d'auteur aujourd'hui et des questionnements qui y sont liés. Eric chevillard allège son récit avec un regard humoristique et acerbe alternant cynisme et franche rigolade.le roman se lit d'une traite avec un vrai bonheur et attachement à l'auteur Prosper dont on serait bien aller acheter son roman pour parcourir le travail de lecture...
#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance
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Prosper à l'oeuvre Eric Chevillard éditions noir sur blanc octobre 2019
#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance

Pamphlet, polémique, vengeance, appel au lecteur, en tous cas la diatribe est sévère, le verdict sans appel, Eric Chevillard s'en donne à coeur joie!
Au final qui est le plus à blâmer le lecteur "  merci à toi, lecteur ingénu, donateur fidèle, dindon farci, tendre gourdiflot, pauvre cornichon.." ou ce Prosper Brouillon prêt à tout pour publier un second roman qui lui rapportera un maximum de fric sans trop d'efforts grâce à la participation d'assistants en tous genre maniant la plume vite et bien , à la générosité des éditeurs et de mécènes bien introduits dans le monde de la finance si possible...
Maniant à la perfection l'art de la dérision, la réplique ironique, le verbe acerbe, frôlant la cruauté Eric Chevillard brosse un tableau bien peu flatteur du monde de l'édition et de certains écrivains qui "vivent " de leur plume. Ne faisant pas partie de ce microcosme, je reste avant tout une lectrice lambda qui essaye, dans la mesure du possible, de ne pas trop céder aux sirènes de la médiatisation et suis encore capable de fermer un livre après quelques page s'il m'est insupportable.
A noter la qualité des illustrations de Jean-François Martin .
Un très grand merci aux éditions Noir sur Blanc pour ce partage et un immense merci à toutes les bibliothèques, médiathèques et autres lieux où il est possible d'ouvrir un livre sans débourser un kopeck.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Car il serait faux de penser que Prosper Brouillon ignore le doute et l'hésitation. Sa belle assurance s'émousse quelquefois. Il n'a pas peur du vide - quand comprendra-t-on que l'angoisse de la page blanche désigne l'émotion de la feuille elle-même lorsqu'un écrivain la menace de sa plume? Certaines préfèrent se rouler en boule et se laisser choir dans la corbeille.
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Prosper Brouillon a toujours beaucoup aimé le mot "goguenard". On trouve ainsi dans son premier livre, "Celui qui n'aimait rien tant", un "paysage goguenard". Précisons toutefois qu'à cette époque, il croyait encore que l'adjectif se rapportait à tout ce qui concernait Van Gogh ou sa peinture. Dans "Ecrire et tricoter, c'est pareil", évoquant un amour de jeunesse malheureux, il confie qu'il aurait été prêt à tout pour obtenir à moitié prix les faveurs de cette dédaigneuse prostituée et qu'on avait alors "frôlé le drame de l'oreille goguenarde".
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Par bonheur, à l’instar de nombre de ses plus talentueux collègues et amis et cependant invasifs et très surestimés écrivains à succès, Prosper Brouillon a justement fourbi sa plume dans la publicité. C’est sans conteste la meilleure école de lucrative writing.
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Prosper Brouillon est tombé un jour sur une interview de Maximilien dans laquelle le journaliste cherchait des poux à son sujet. Or Max avait eu l’élégance de répondre qu’il le publiait uniquement pour l’argent qu’il rapportait à la maison, grâce auquel celle-ci avait les moyens de publier aussi de prodigieux poètes invendables. Prosper pourtant s’était mépris sur le sens de cette argumentation, reprochant à l’éditeur son hypocrisie, son double langage, sa déloyauté. Max heureusement avait su dissiper sans peine ce déplorable malentendu. « Toi, tu es un poète qui vend, lui avait-il expliqué, voilà ce que je voulais dire, d’ailleurs nous allons doubler ton à-valoir. » Flatté, Prosper promit d’ajouter une couche de poésie rentable à son prochain livre afin de contribuer mieux encore à la bonne santé de la maison et de permettre à Max de soutenir toujours plus philanthropiquement à perte les prodigieux poètes illisibles qui n’y pouvaient sans doute rien, les malheureux, ils devaient être nés comme ça, avec ces difficultés d’expression que l’éducation n’avait su corriger, la responsabilité en incombait sans doute à la fois à des parents défaillants et à une école trop laxiste.
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Quelle histoire ? Prosper Brouillon se demande en effet comment poursuivre. Le début est prometteur (il est derrière lui), la fin sera formidable aussi (invitations à la télévision, négociations avec les producteurs de cinéma, placards publicitaires dans le métro) : entre les deux, c'est le moment qu'il n'aime pas beaucoup, la corvée du coffrage, du remplissage.
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Vidéo de Éric Chevillard
«Bêtes de littératures» avec Éric Chevillard Hérissons, orangs-outans, tortues, flamants roses, insectes… Les bêtes peuplent les livres d’Éric Chevillard. S’interrogent à cette occasion les enjeux de la présence d’animaux, et par là d’altérités non humaines, dans la littérature. Comment rendre compte, avec l’écriture, d’intensités animales au-delà de l’allégorie ou de la fable ? Donner vraiment la parole aux animaux, est-ce pour autant se couper du symbolique ? Et l’humour dans tout cela ? L’entretien sera ponctué d’une lecture d’extraits de «Zoologiques» (Fata Morgana, 2020). - Modération : Sandra de Vivies La Fondation Jan Michalski, le 11 septembre 2021
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