J'ai beaucoup aimé ce livre écrit par l'historien médiéviste Jacques le Goff au crépuscule de sa vie en 2003. Il y présente de manière très abordable pour un non spécialiste une synthèse des travaux qu'il a consacrés au Moyen-Age pendant toute sa carrière.
Il commence par un éclairage intéressant sur les questions de méthode propres à la discipline historique. L'histoire est présentée comme la science des sources. Cela lui donne l'occasion de retracer l'histoire du support écrit et de l'écriture depuis les rouleaux de l'antiquité jusqu'au livre imprimé de la Renaissance. Il montre aussi comment les sources utilisées par l'historien sont aujourd'hui beaucoup plus variées que celles utilisées il y a cent ans, provenant alors principalement des archives juridiques (les chartes).
Après avoir défini ce qu'on appelle Moyen Age et insisté sur la continuité à l'oeuvre dans l'histoire, beaucoup plus importante que les ruptures, le Goff revient ensuite les thèmes de ses travaux. C'est en particulier le sujet des marchands-banquiers et des intellectuels, groupes sociaux qui émergent au XIIème siècle environ en parallèle du développement du commerce, des villes et des universités. Il tente aussi de définir ce qu'est la civilisation médiévale, centrée sur la religion chrétienne, qui structure toute la vie des hommes du Moyen-Age. En particulier, il s'étend longuement sur la façon dont le temps et l'espace sont pensés au Moyen-Age. La nouveauté et le progrès n'ont pas de valeur mais le déroulement du temps est considéré comme menant à une fin, qui sera une renaissance dans un monde éternel. de manière plus terre à terre, le Goff décrit comment le temps médiéval s'est peu à peu structuré avec la mise en place de calendriers, laïque et chrétien, l'organisation de la semaine et des journées (avec par exemple l'usage des cloches). Dans le domaine de l'espace, le Goff raconte de manière toujours aussi passionnante le développement des cartes, le maillage du territoire à la fois par un réseau de sanctuaires dotés de reliques et par un réseau fondé sur le commerce. Il donne également un éclairage sur la féodalité, sur le droit médiéval, sur la spiritualité en s'appuyant sur quelques figures auxquelles il a consacré ses travaux comme le roi Saint Louis ou saint François d'Assise.
En résume, un excellent livre de vulgarisation, dans le bon sens du terme, très facile d'accès tout en n'étant pas simpliste. Un livre après lequel on se sent plus intelligent.
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Le Moyen-âge ne m'a retenu que parce qu'il avait le pouvoir quasi magique de ma depayser, de m'arracher aux troubles et aux médiocrités du présent et en même temps de me le rendre plus brûlant et plus clair.
[Je devinais] Que l'Histoire, une nouvelle fois, ne se limitait pas aux batailles, aux rois, ou aux gouvernements.
Le Moyen-Âge, c'est l'espoir.
C'est à travers de nouvelles sources, étudiées par une jeune génération de chercheurs, en parties ignorées par Jacques le Goff – enquêtes royales, archives judiciaires, actes de la pratique – qu'une autre histoire de Louis IX s'écrit et qui fera l'objet de ce colloque international.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3r0wCfM
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