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Ursula K. Le Guin (Autre)
EAN : 9791097465483
244 pages
Goater (13/11/2020)
3.58/5   13 notes
Résumé :
La fille feu follet (titre original The wild girls) est le titre d'une longue nouvelle publiée pour la première fois en 2002 dans Asimov Science Fiction Magazine. Cette novella a été révisée pour cette édition.
Capturée par des hommes de la Couronne, deux fillettes devenues esclaves découvrent le monde et le système social de la Cité avec la Couronne, le peuple-poussière et les Racines. Un récit légendaire dans la belle tradition des contes de Terremer.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
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Une belle et sombre histoire de sororité (terme Ô combien en vogue, sauf qu'en ce début de second millénaire où il fut écrit par Ursula K. le Guin, il s'agissait encore de sororité stricto sensu) dans un univers presque plus proche de celui de Robert E. Howard que de celui qui fit pourtant la célébrité de sa créatrice, les rivages de Terremer. Il y est question d'enfermement, d'esclavage, d'injustice, de temps barbares, de relations de sang et d'amitié entre femmes, de mariages forcés, d'amours contraintes, de déracinement, d'oubli, de tendresse, de société autoritaire et paternaliste, de partage socio-économique, de violence... 

Il suffit de quelques pages à la grande Ursula pour dresser, sans jamais en avoir l'air, le portrait d'une société passée et présente tout à la fois, profonde, vraie, possible, vraisemblable. Cette nouvelle, qui fait l'entame de ce (trop) rapide opus proposé par la petite maison d'édition rennaise Goater, obtint plusieurs prix, et ce fut amplement mérité.

Suivent deux essais - toujours aussi bien sentis que ceux déjà traduit dans notre langue, tel le langage de la nuit : Essais sur la science-fiction et la fantasy, pour citer le plus connu en français - de la créatrice du cycle de l'Ekumen ainsi qu'un choix, très rapide, de poèmes. L'ensemble s'achève sur un entretien qu'eût Ursula K. le Guin avec l'auteur de science-fiction Terry Bisson, ainsi que quelques lignes sur l'autrice suivi d'une biographie assez complète de ses oeuvres traduites en français. 

Et c'est ici que nous exprimons, parce que ce fut le cas, une vraie déception. L'ouvrage, qui compose l'un des titres de la collection "Rechute" de cette jeune maison d'édition, hommage direct à la collection "Chute Libre" des éditions Champ Libre (vers le milieu des années 70 et qui fit découvrir,  entre autres, Philip K. Dick au public français) manque clairement de quelque chose de très en vogue aujourd'hui, mais qui eût certainement été conçu sans doute à bon escient ici : une certaine contextualisation de cet ensemble d'apparence fort disparate. Ainsi le lecteur pourra-t-il se demander ce qui lie "La fille feu follet" à "Lire sans s'endormir" (une charge terrible et juste contre le capitalisme lié à la création littéraire), aux quatre malheureux poèmes qui suivent (très inégaux, pour qui connait, par exemple, ceux présents dans cet ouvrage magnifique et injustement méconnu de l'autrice : La vallée de l'éternel retour) puis au bref essai consacré à la modestie ("La conversation des gens modestes"). Ce recueil très éclectique manque clairement d'une plume assurée, érudite et intelligente pour relier ce tout qui n'en forme pas un, qui ne tient, finalement, qu'au seul nom de son créateur. 

Signalons tout de même que nous n'avons pas boudé notre plaisir de découvrir des textes inédits en français de l'une des dernières grandes plumes "classiques" de la SFFF américaine (même si Ursula K. le Guin fut bien plus que cela), mais que cette édition nous a semblé, pour autant, un peu légère.
Le génie ne fait pas tout. 
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Étrange livre qui compile : Une nouvelle, deux essais, quatre poèmes, une entrevue et une courte biographie.

*

La nouvelle, qui donne son titre à l'ouvrage, est excellente. On y explore un monde divisé en trois classes : l'aristocratie, la bourgeoisie, et les nomades. Les trois classes pratiquent l'esclavage.

Ce qui est particulier, c'est qu'on y découvre une société où il est interdit de se marier à l'intérieur de sa classe. Les hommes aristocrates doivent épouser des femmes nomades (souvent esclaves). Les femmes aristocrates doivent épouser des bourgeois (souvent contre des dons faits à la noble famille). Et les bourgeoises doivent épouser des hommes nomades (souvent des esclaves).

C'est toute cette étrange mais tellement intéressante dynamique que l'on découvre en suivant la vie d'une nomade, depuis son enlèvement à l'enfance, jusqu'à l'âge adulte.

*

Les deux essais ne m'ont pas trop parlé. Dans le premier, on y parle du milieu de l'édition aux USA. Dans le second, de la modestie comme unité de mesure sexiste de la féminité. (Je n'aime pas trop les essais dont l'argumentaire repose sur l'étymologie d'un mot.)

*

L'entrevue est amusante, à défaut d'aller en profondeur dans quoi que ce soit. C'est un rapide question-réponse qui dépasse rarement deux phrases de longueur.

(Nah, je ne commenterai pas les poèmes.)
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Je ne lis pas de science-fiction ni de fantasy, cependant à force de croiser le nom d'Ursula K. Le Guin, j'ai voulu aborder son oeuvre par un court récit, La Fille feu follet. Cette lecture m'a confirmé mon peu d'appétence pour les littératures de l'imaginaire. le style de l'écrivaine, dénué de toute émotion, ne peut simplement se résumer à une sobriété voulue tant il est monotone. Il n'y a pas de véritable intrigue, plutôt un enchaînement d'effets dans le temps. Passé ma curiosité première, je me suis assez vite ennuyée.
Pour étoffer sa publication, l'éditeur a ajouté un article signé par l'auteure dans le Harper's Magazine, Lire sans s'endormir, qui ne m'a pas paru d'un très grand intérêt pour le lecteur français, car il cible surtout les travers du marché américain. Pour retrouver la date de cet article, il faut se reporter à la deuxième de couverture, ce qui n'est pas très commode. Suivent quelques pensées de l'auteur sur la modestie (avec des lourdeurs de traduction telles que : « le slogan proteste la vieille notion de modestie virginale »), quatre poèmes et une interview dans l'exercice très anglo-saxon du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Une brève présentation intitulée À propos de l'auteure réussit l'exploit de nous donner la date de sa mort, sans indiquer sa date de naissance, ce qui est fâcheux pour ceux qui ne la connaissent pas, ce qui était mon cas.
L'ensemble, disparate, très inégal de qualité et d'intérêt, aurait demandé une plus grande exigence dans sa présentation et sa contextualisation.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les gens-Racine possédaient des esclaves et les récoltes, mais ils ne possédaient pas de terres, pas de maisons. Toutes les véritables propriétés appartenaient à la Couronne.
«Donc, dit Modh, les Couronnes permettent aux Racines de vivre dans la Cité, leur permettent d'avoir cette maison ou cette autre, en échange du travail qu'ils fournissent et de ce que leurs esclaves font pousser dans les champs, c'est bien ça ?
- Comme récompense pour leur travail, la corrigea Nata, toujours pleine de douceur sans jamais réprimander. Notre Père au Ciel a créé la Cité pour ses fils, les Couronnes. Et ils récompensent les bons travailleurs en leur donnant le droit d'y vivre. En tant que maîtres, les Couronnes et les Racines nous récompensent pour notre travail et notre obéissance en nous laissant vivre, et manger, et avoir un toit.»
Modh ne répondit pas Mais...
C'était extrêmement clair pour elle que c'était un système d'échange, et que cet échange n'était pas juste. Elle venait d'assez loin hors du système pour pouvoir l'observer. Et, exclu d'une quelconque réciprocité, n'importe quel esclave peut porter un regard sans illusion sur le système. Mais Modh n'avait pas connaissance d'un autre système, de la possibilité d'un autre système, qui lui aurait permis de dire «mais». Nata, non plus, ne connaissait pas d'alternative, cet endroit, envisageable mais inatteignable dans lequel la justice aurait sa place, dans lequel le mot «mais» pourrait être prononcé et avoir du sens.
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Je ne suis pas progressiste. Je considère l'idée de progrès comme injuste, et généralement comme une erreur dangereuse. Ce qui m'intéresse, c'est le changement, et c'est un sujet complètement différent.
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Pendant très, très longtemps, la plupart des gens ne pouvaient pas lire. L'alphabétisation n'était pas encouragée pour les classes inférieures, les hommes du peuple, ou les femmes. Ce n'était pas qu'un signe distinctif entre ceux qui avaient le pouvoir, et ceux qui ne l'avaient pas, c'était le pouvoir lui-même. (...) La capacité à tenir et comprendre les registres commerciaux, la capacité à communiquer à distance et par code, la capacité à garder pour soi la parole de Dieu ou la partager, uniquement à son bon vouloir et selon son propre agenda - ce sont là de formidables outils de contrôle sur l'autre et de glorification de soi.
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Si un livre vous a dit quelque chose quand vous aviez quinze ans, il vous le redira à nouveau quand vous aurez cinquante ans, évidemment, vous serez susceptible de le comprendre tellement différemment que vous aurez l'impression de découvrir un livre complètement nouveau.
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(...) n'importe quel esclave peut porter un regard sans illusions sur le système.
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Vidéo de Ursula K. Le Guin
De "La Main Gauche de la Nuit", au "Nom du monde est forêt" en passant par "Les Dépossédés", l'autrice américaine de science-fiction Ursula le Guin, disparue en 2018, a tissé une toile narrative complexe d'une grande beauté littéraire et d'une actualité thématique brûlante.
Réflexion sur le genre et féminisme, écologie, inégalités sociales, ce sont autant de préoccupations qui se dessinent subtilement dans l'oeuvre monde de cette touche-à-tout
En compagnie de ses invités, Catherine Dufour, écrivaine de science-fiction et Jérôme Vincent, directeur éditorial des éditions ActuSF, Antoine Beauchamp vous propose de découvrir cette immense autrice qui fut un temps pressentie pour le prix Nobel de littérature.
Photo de la vignette : Dan Tuffs/Getty Images
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