Avant de commencer «
Se le dire enfin », je me suis penchée sur cette petite nouvelle faisant office de préquel, comme une occasion de faire connaissance avec les personnages avant l'heure.
Les personnages, ils sont deux, Édouard et Élise. Et c'est à travers des extraits de leurs journaux intimes, dans lesquels chacun s'adresse à l'autre, que nous sont apportées quelques anecdotes de leur jeunesse et les circonstances de leur rencontre. Enfance, adolescence, vie de famille, vie au collège, puis au lycée, chacun a son propre vécu.
Édouard est enfant unique, timide, introverti pourrait-on dire aussi. Sujet aux moqueries, il tente de se faire plus discret qu'il ne l'est déjà, tout en se forgeant une carapace dure comme fer. de toute sa scolarité à Rennes, il ne se sera fait qu'un véritable ami, Denis, le seul à avoir toute sa confiance. Après une déception amoureuse en CM2, il s'est juré qu'on ne l'y reprendrait pas.
Élise est la petite dernière, arrivée après ses six frères (dont deux paires de jumeaux). Fille de militaire muté tous les deux-trois ans, elle a appris à ne pas s'attacher aux autres, afin de mieux vivre les déménagements. Adoptant un look bien à elle, elle aime sa fantaisie sans se préoccuper des regards des autres. Suite à la dernière mutation de son père, Élise arrive en cours d'année au lycée de Rennes à la rentrée de janvier. Chaussée de ses vieilles Kickers, de sa veste militaire et de sa robe rouge à rubans, elle débarque en cours de maths et croise pour la première fois le regard d'Édouard...
Petite nouvelle qui ne mange pas de pain mais qui met en appétit, d'autant que les personnages, à se confier pour eux-mêmes, deviennent vite des copains. Je me suis immédiatement identifiée à Élise, bien que je ne lui ressemble en rien. Mais moi-même étant fille de militaire, je sais ce que c'est que de changer d'école tous les trois-quatre ans... Et qu'on soit l'aînée ou la petite dernière de la famille n'y change rien : c'est perturbant quelqu'en soit l'âge, bien que vécu différemment en grandissant.
En si peu de pages, nous nous retrouvons propulsés dans les années 1980 à faire connaissance avec deux êtres que tout oppose depuis le début mais qui sauront se trouver. La plume toujours aussi sensible de l'autrice, sachant décrire avec brio les sentiments humains, est toujours aussi plaisante et électrisante.
Le seul reproche que j'aurais pu faire à ce mini-livre, c'est son prix. 6,20 € pour 96 pages : ça fait un peu cher la page... Mais l'ayant dégoté dans une boîte à livres, je ne me sens pas en colère comme bon nombre de lecteurs (mais je les comprends très bien).
Bref, tout ça pour dire que j'ai aimé cette petite mise en bouche, qui promet un roman en suivant plein de belles émotions, de sensibilité et d'humanité comme
Agnès Ledig sait les faire. Je m'étais prévu un livre sur Auschwitz juste après cette jolie nouvelle, mais comme ne dit-on pas qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, je vais finalement directement enchaîner avec le roman d'
Agnès Ledig.