Une fable, une aventure pantagruélique ?
On y mange, beaucoup, trop, on y adore les derrières des femmes généreuses, on se moque du Turc, mais aussi du Grec, on respecte le Tzigane...voilà un court roman à dévorer avec sa serviette autour du coup, à lire au second voire au troisième degré.
Un roman qui semble une comédie mais qui sans cesse rappelle, sous-jacente, la douleur des Grecs d'Anatolie, persécutés et chassés par les Turcs...et une rancune qui demeure...
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Un jour viendra, on nous rendra visite de tous les coins du monde non seulement pour admirer notre architecture ou se baigner sur nos plages, mais pour déguster nos légumes et nos fruits, notre viande de mouton parfumée. Boire notre vin résiné. (...) Nous leur expliquerons comment est apparue en Asie Mineure la première tomate, le premier oignon. Le premier olivier.
Pour la tomate et l'oignon, si le soleil a lancé en priorité ses rayons sur nos terres, il y avait une raison. Avant d'agir, le soleil a palpé la terre comme il nous arrive de le faire en certaines circonstances. Le soleil a dit : "Elle me plaît", alors il a aidé l'oignon et la tomate a prendre racine. La graine d'olivier a rappliqué sur-le-champ. Vous connaissez la suite. Ce fut au tour de la philosophie d'apparaître. Sans oignon et sans tomate dans l'estomac, Socrate, Platon, Héraclite et tous les autres n'auraient rien dit ni rien écrit. Les théories qui sortent du crâne des philosophes, c'est de l'oignon et de la tomate transformés. Selon la quantité et la qualité, les idées sont plus ou moins claires. Plus ou moins profondes. Bien sûr, on peut bouffer des kilos d'oignons et de tomates toute sa vie sans pour autant recrarcher des pensées philosophiques comme c'est mon cas ; mais, là encore, faut être prudent sur ce qui peut nous arriver à retardement.
C'est nous, les Grecs, qui avons appris aux Turcs comment boire le café : les yeux mi-clos, la bouche en forme de rond afin de faire passer un peu d'air en même temps pour le refroidir au passage. A présent, tout le monde nous imite : les Arabes, les Libanais, les Egyptiens ; même les Français quand ils boivent du vin chaud!
Yéoglou aimait manger sous les arbres. "Un repas en plein air, assurait-il, vaut tous les gueuletons pris à l'intérieur du plus luxueux palais. On digère mieux parmi les fleurs..."On l'entendait mastiquer de loin, consciencieusement, régulièrement. Sa mâchoire produisait une musique très spéciale qui s'entremêlait harmonieusement au gazouillis des merles qui peuplaient l'endroit.
Mavros affirmait que le moyen de supporter les malheurs qui s'abattaient sur le peuple grec, c'était de manger solidement car s'il fallait en finir sous le couteau des Turcs, autant que ce soit le ventre plein.
Clement LEPIDIS évoque Belleville
Clément LEPIDIS se souvient du Belleville de sa
jeunesse, un Belleville qui selon lui est mort.