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EAN : 9782748505955
137 pages
Syros (14/09/2007)
3.53/5   35 notes
Résumé :
Emilie vient d’arriver dans l’école de Jean-Sébastien. Elle a quinze ans et un terrible secret de famille. A deux, ils remontent l’histoire de sa vie et celle de sa mère, condamnée pour terrorisme.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un roman court mais puissant dans le sens où il propose de nombreuses pistes de réflexions.

Plus qu'un polar, je vois ce roman davantage comme une longue confession, celle d'Emilie, 15 ans qui a découvert il y a quelques mois, de façon violente, sa vie en clandestinité à son insu suite au passé de terroriste de sa mère. Emilie vient de retrouver sa vraie identité, son vrai nom, une famille. Cependant elle est perdue et tente de comprendre en remontant son passé et ses maigres souvenirs.

L'écriture efficace mais non moins poétique de Jérôme Leroy permet en quelques pages de sympathiser avec cette jeune fille qui se raconte à la première personne. Je n'ai eu alors de cesse d'en savoir plus, de comprendre moi aussi comment elle avait pu vivre ainsi, et comment tout cela s'était soudain achevé.
L'auteur ne se pose jamais en juge, il préfère livrer divers points de vue selon les personnages, quand bien même ces points de vue différent et s'opposent.
La question du terrorisme se pose, celui de la prescription, du rachat de ses erreurs du passé, la clandestinité, mais aussi la question de l'abus de pouvoir et des violences policières.
Plus prégnante encore, la question de l'identité : quand du jour au lendemain on s'aperçoit que l'on a vécu un grand et long mensonge jusqu'à ne pas connaître son véritable nom ni prénom, comment se reconstruire ?
En à peine plus de cent pages, Jérôme Leroy nous bouleverse d'émotions multiples tout en nous offrant sa ville natale de Rouen comme cadre sublime à cette intrigue.

Un très bon roman, un excellent écrivain !
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A l'heure où le gouvernement recule devant la jeunesse lycéenne car il craindrait nous dit-on que l'exemple des émeutes grecques ne fasse tâche d'huile, à l'heure où Julien Coupat et Ydulne Lévy sont maintenus en détention en dépit du manque de preuves matérielles de leur participation aux sabotages des lignes TGV, on est en droit de s'interroger et de chercher à prendre du recul.

En effet, qu'est-ce qui anime ceux qui brandissent actuellement l'épouvantail de l'Ultragauche et qu'est-ce qui justifie le radicalisme de certains qui considèrent que la gauche de la gauche n'est pas à même de porter leurs revendications et préfèrent prôner l'action directe ?

Ne sommes-nous pas en train d'assister à des bégaiements de l'Histoire ? Ne risque-t-on pas de voir revenir les abominations de la politique de la tension en vigueur en Italie dans les années soixante-dix où l'extrême-droite commanditait des attentats qu'elle imputatait aux milieux libertaires afin de promouvoir en définitive une société sécuritaire suceptible de réprimer les mouvements syndicaux ? Ne risque-t-on pas de voir de nouveau une partie de la jeunesse sombrer dans une spirale de violences aussi dangereuses qu'inutiles ?

Ne cédons ni à l'angélisme ni au romantisme. Restons vigilants et lucides dans cette période trouble.

Un an avant ces événements Jérôme Leroy dont j'ai déjà souvent souligné les qualités prémonitoires abordait d'ores et déjà ces questions dans La grande môme. Pour une fois, Jérôme Leroy met de côté son goût pour les récits de fin du monde, et nous livre sa lecture romancée d'événements historiques puisqu'il relate comment une adolescente découvre au travers de récits parcellaires les tenants et les aboutissants de la participation de sa mère aux actions violentes d'un groupuscule gauchiste dans les années quatre-vingts.

Sous la plume de Jérôme Leroy on comprend facilement que la vie de cavale est tout sauf une sinécure pour un enfant. Entre les déménagements impromptus qui empêchent de créer des liens et la précarité qui renforce la marginalisation dans la cour de récréation, Dora Suarez n'a pas eu une enfance des plus simples mais l'arrivée chez ses grands-parents après l'arrestation de sa mère ne sera pas de nature à lui simplifier.


Tout d'abord, il lui faudra comprendre pourquoi sa mère lui a caché leur existence et partant se faire à l'idée que son véritable nom est en fait Emilie Ambricourt et non celui de ce personnage d'un roman de Robin Cook. Ensuite, il lui faudra, bon gré, mal gré, accepter de faire face aux regards tantôt accusateurs tantôt compatissants des autres face à son statut de fille de terroriste.

La force du roman est de toujours présenter les choses d'un point de vue humain. C'est parce qu'elle tombe amoureuse de Jean-Sébastien issu d'une famille d'aristocrates déchus qu'Emilie parvient à raconter son histoire. C'est dans l'enfance de sa mère qu'elle trouve certains des éléments qui expliquent la nature de son engagement. C'est dans le refus viscéral des injustices que portait une génération qu'elle identifie les autres. C'est parce qu'elle refuse d'être isolée de sa mère qu'à son tour elle va se rapprocher de militants d'extrême-gauche pour créer un comité de soutien.

Librement inspiré de l'arrestation d'Hélène Castel extradée du Mexique avant de pouvoir bénéficier de la prescription pour un braquage destiné à financer l'ouverture d'un restaurant autogéré, ce récit pose des questions délicates sur la manière de purger une peine.

Est-ce que le fait d'avoir multiplié les petits boulots dans le social pour venir en aide aux plus démunis et d'avoir vécu dans la peur d'être arrêtée suffisent à dédouaner la mère d'Emilie de sa participation à des actions violentes ? Est-ce que ces mêmes actions donnent le droit à la justice de séparer une mère de sa fille en lui imposant le quartier de haute sécurité de la prison près de vingt ans après les faits qui lui sont reprochés ?

Certains reprocheront à Jérôme Leroy de les avoir posées, d'autres le remercieront de l'avoir fait. Pour ma part , je me contenterai de conclure en saluant ce très beau livre et en pointant que dans un cas comme dans l'autre, dans un camp comme dans l'autre, la fin ne justifie pas toujours les moyens et que l'humain devrait toujours primer même si je le reconnais aisément cela est toujours plus facile à dire qu'à faire dans une période de crise aigue.
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Emilie Ambricourt ne se nomme réellement ainsi que depuis quelques mois : avant elle était Dora Suarez, fille de Nathalie Suarez, avec qui elle menait une vie nomade, un quotidien fait de cavales, de fuites permanentes. Une existence qu'Emilie n'avait jamais questionnée. Mais pour la jeune fille, ce monde là est révolu, tout comme le temps de l'enfance - si elle en a eu une. Car sa mère a été arrêtée, elle se trouve désormais dans une prison sous haute sécurité, en isolement total, où elle ne peut recevoir sa fille. A la fin des années 70, Nathalie Ambricourt fut membre d'un groupe nommé Action Rouge, un groupe de résistants - pour certains terroristes- d'extrême gauche qui oeuvrait pour changer le monde, en utilisant les armes. Après vingt ans de cavale, elle est retrouvée et sera bientôt jugée pour ses actes... Emilie est recueillie par des grands-parents dont elle ignorait l'existence, à Rouen, la ville natale de sa mère. La jeune fille va alors découvrir des pans entiers de sa vie, que sa mère lui avait cachés.

Dans le dernier ouvrage de Jérôme Leroy, Norlande, l'héroïne se confiait à une amie, Emilie Ambricourt. J'avais tiqué un peu sur ces références à un autre roman dans un récit qui n'en avait pas forcément nécessité. le raccourci m'avait semblé trop facile. Et pourtant, j'ai eu envie de me tourner vers le personnage d'Emilie, vers ce roman. Dans La grande môme, on découvre alors l'histoire d'Emilie et de sa mère. Comme dans Norlande, l'auteur aborde des thèmes politiques, qui soulèvent des questions complexes sans les éluder ni juger. le roman est court, bref, certains points auraient pu être creusés, et comme dans Norlande, le récit tend à faire réfléchir le lecteur ; je pense que quelques annexes auraient été les bienvenues (notamment pour faire le lien avec la vie d'Hélène Castel qui présente des similitudes très fortes avec le personnage de la mère d'Emilie).

Emilie tente de trouver la vérité, pas celle des journaux ou de la télévision, mais celle de sa famille, ce qui a pu expliquer l'engouement de sa mère à cette époque là et les répercussions que cela a eu non seulement la vie de sa mère, mais aussi sur sa propre vie, sur son enfance que l'on pourrait qualifiée de sacrifiée, et également sur les parents de sa mère, qui ont assisté, impuissants, à la fuite de leur fille au nom de ses idéaux. le roman est aussi une quête identitaire : Émilie va redécouvrir son passé sous un angle nouveau, mais aussi sa mère, à l'histoire tourmentée. L'amitié et l'amour vont lui permettre de s'exprimer, de comprendre et de grandir pour faire front face à ces événements. Malgré le sujet, le récit possède un ton dynamique, grâce à l'ambiance des années lycée avec des personnages qu'Émilie croque sur le vif (la CPE, le proviseur adjoint), avec les prémices de l'engagement politique, et puis aussi la découverte de l'amour - le personnage de Jean-Sébastien apportant une touche de lumière dans la période sombre que traverse la jeune fille. Un roman juste, qui ne cède jamais à l'angélisme.
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Résumé :

Emilie Ambricourt est une adolescente de 15 ans dont la vie déjà chaotique va réellement basculer avec l'arrestation de sa mère, Nathalie Ambricourt, une ancienne terroriste qui a participé à de nombreuses actions avec le groupe d'extrême-gauche auquel elle appartenait, Action Rouge. Pendant vingt ans, elle était en cavale et de ce fait, sa fille, née entre-temps, et elle ont vécu des années sous de fausses identités. Elles s'appelaient Nathalie et Dora Suarez et étaient amenées à déménager très souvent.
Emilie, qui a du mal à s'habituer à son véritable nom, a été confiée à ses grands-parents maternels qu'elle ne connaissait pas auparavant. Elle a intégé un nouveau lycée. Nouveau nom, nouvelles têtes, nouvel environnement... Que de changements pour la jeune fille pour qui le plus douloureux reste la séparation d'avec sa mère. Mais elle voudrait également avoir des explications concernant son comportement, ses secrets et ses mensonges. C'est toutefois impossible car sa mère, emprisonnée dans un QHS, a l'interdiction de communiquer avec elle.
L'adolescente va trouver une oreille attentive auprès de Jean-Sébastien, un garçon de son âge pour qui elle craque et à qui elle va raconter son parcous atypique. Celui-ci va la comprendre et va l'aider à exprimer clairement ce qu'elle ressent vis-à-vis de sa situation. le lycéen a alors une idée qui pourrait permettre à Emilie de voir une éclaircie dans sa vie...

Mon avis :

Je n'avais pas prévu de lire ce livre mais il m'est tombé dessus comme ça ; je l'ai trouvé sur un banc dans une pochette plastique avec un petit papier disant qu'il s'agissait d'un livre voyageur. Il sera donc relâché prochainement dans la nature...
"La grande môme" est un roman jeunesse de Jérôme Leroy qui, à travers les déboires d'une adolescente, traite notamment du désir de changer le monde et de la tentation de la lutte armée. J'ai assez bien aimé ce livre mais j'ai plus spécialement apprécié le personnage central de l'histoire, Emilie Ambricourt alias Dora Suarez, adolescente ballotée par une mère fugitive. Emilie est quand même admirable car elle arrive à s'adapter à un environnement qu'elle ne connaissait pas mais qui, pourtant, est celui dans lequel évolue sa famille côté maternel depuis plusieurs générations. le roman étant écrit selon le point de vue de la jeune fille, on arrive facilement à rentrer dans l'histoire et on a un peu l'impression de replonger dans l'adolescence.
Au niveau des autres personnages, on apprécie notamment Jean-Sébastien qui va permettre à Emilie de se libérer d'un poids en se confiant à lui. Les grands-parents d'Emilie sont sympathiques aussi je trouve. En ce qui concerne sa mère, d'un côté elle a eu un côté irresponsable en fuyant sans cesse mais elle prendra finalement ses responsabilités...
Quelques mots concernant la thématique de ce bouquin : alors on est clairement dans l'opposition de la jeunesse face à un monde qui peut paraître pourri. Certains jeunes fréquentent alors des mouvements dont certains n'hésitent pas à user de violence pour se faire entendre. C'est ainsi que la mère d'Emilie commença à s'attirer des ennuis...
J'ai bien aimé ce livre trouvé par hasard et qui plairait certainement à de jeunes esprits rebelles. Il y a une chose essentielle à retenir après sa lecture : ce n'est pas en commettant des actions violentes que vous allez changer le monde...
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Elle pensait s'appeler Dora Suarez. Son vrai nom est en fait Emilie Ambricourt et, à quinze ans, elle vient de découvrir dans des conditions dramatiques la véritable identité et l'histoire de sa mère, rattrapée par son passé de lutte armée après près de vingt ans de cavale, et maintenant emprisonnée dans un quartier de haute sécurité pour activités terroristes, sans pouvoir voir sa fille.

Il paraît que « La grande môme » est un roman pour adolescents. Il me semblait bien que j'avais encore l'âme des mes quinze ans …
Jérôme Leroy doit lui aussi avoir gardé une âme d'adolescent car il arrive à nous raconter cette histoire de façon crédible, touchante et percutante.

« - Je croyais que les skins, c'était des fachos qui tapaient les Arabes et qui foutaient le boxon dans les stades de foot.
- T'es trop jeune pour comprendre, Reydet, en plus, je suis sûr que tu fais l'idiot. Nous, on est des redskins. On est là pour que ceux d'en face se croient pas les rois du monde, justement. »
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
On frappe à la porte.
C'est grand-père, justement.
Il est un peu decoiffé et sa cravate est desserrée, ce qui est tout à fait inhabituel. Il dit juste, d'une voix presque inaudible, quelque chose que j'ai déjà deviné, en fait, au plus profond de moi.
- C'est gagné, Émilie, Derville vient d'appeler. Le directeur de B. autorise les visites à partir de demain et Nathalie veut que tu sois la première à venir.
Je le savais. Je le savais.
Mais je reste sans voix.
Je regarde grand-père qui sourit comme jamais je ne l'ai vu sourire.
Je regarde Jean-Sébastien qui est le plus beau des garçons de la Terre.
Le monde est merveilleux.
Demain, je verrai maman.
Demain, nous parlerons.
Enfin.
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d'un côté, j'ai le sentiment d'avoir tout perdu et, de l'autre, de renouer un fil rompu. Rompu depuis que maman avait décidé, à vingt ans, que le monde n'allait pas bien et que la seule manière de le changer, c'était de le changer complètement, radicalement.
Ça, je peux le concevoir, je peux comprendre pourquoi maman n'a pas supporté ce qui se passait à son époque, les injustices sociales, le chômage partout, les SDF de plus en plus nombreux dans les rues. Je comprends moins bien pourquoi elle s'est encombrée d'un enfant dans sa croisade pleine de sang et de violence pour le changer, ce monde.
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Je suis scandaleusement blonde, j’ai des yeux bleus brumeux, je n’ai pratiquement pas de seins et même si je me venge en français, en histoire et en économie avec des moyennes qui font exploser le compteur, c’est dur parfois d’être une sauterelle.
Une sauterelle à lunettes.
Parce que, évidemment, avec la chance que j’ai, je suis myope comme une taupe.
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Comme d’habitude, j’aimerais mieux être avec les garçons. Ils ne sentent pas toujours la rose, mais enfin, quand ils disent des gros mots, c’est à la fois plus drôle et moins vulgaire qu’entre nous, les filles. Vous n’imaginez pas ce que les filles peuvent dire entre elles… Parfois, j’ai honte d’être une fille.
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Et je sais que si ma courte vie a été construite sur le mensonge puis la violence, si on m'a retiré ma mère, mon nom, il y a quelque chose qu'on ne me retirera jamais, au grand jamais, c'est ce baiser sous le ciel bleu, dans les jardins de l'Hôtel-de-Ville, un matin de septembre, à Rouen.
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Videos de Jérôme Leroy (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Leroy
Maître et rénovateur du roman noir français, Jean-Patrick Manchette a réinventé le genre du polar dans les années 1970 et 1980. Nicolas Herveaux invite le spécialiste Nicolas le Flahec et l'auteur Jérôme Leroy pour découvrir ou redécouvrir la vie et l'oeuvre de l'écrivain.
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