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EAN : 9782080688613
419 pages
Flammarion (15/08/2007)
3.25/5   6 notes
Résumé :

"Quand il entra dans la chambre, l'obscurité exhalait l'odeur du lit défait. Tirant les grands rideaux de velours dont la doublure avait pris la couleur du ciment à force de brûler au soleil, il entrouvrit une porte-fenêtre pour laisser pénétrer l'air de la campagne. II s'arrêta sur le miroir de la cheminée. Une image était scotchée au milieu : une reproduction de la gravure de Dürer, Le Chevalie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Nada exist » est le second roman de Simon Liberati, paru en 2007 et on sent la filiation avec l'Anthologie des Apparitions et Occident, tant le thème (l'obsession de l'auteur) pour une stylisation de la déchéance de l'Artiste, et sa démystification imprègne son oeuvre à venir.
Comme souvent chez l'auteur, l'intrigue tient sur une paillette : un photographe qui a eu son heure de gloire dans le showbiz international vit désormais dans une vieille demeure loin de Paris avec sa femme mourante d'un cancer – elle était autrefois la femme la plus enviée de Paris pour sa beauté et son métier de rédac en chef d'un magazine de mode quelconque, son père, et son ami/monsieur de compagnie loser (n'est-ce pas le même personnage que dans l'Anthologie ?) qui vit à ses crochets et il a rendez-vous avec sa maitresse, Lukardis (Ah, les prénoms chez Liberati…).
Va-t-il y arriver avant ou après son dealer ? La voiture va-t-elle tenir le coup ?
Une trajectoire à l'image de son héros : toujours vers le bas, de la vieille bâtisse en ruines étudiées, grâce à une vieille voiture stylée qui marche mal, pour aller retrouver sa maitresse trop vieille dans un hôtel Novotel (lol) du quartier le moins esthétique et le plus « plastifié à l'américaine » de Paris ; toute la panoplie du décadent cool de la mode de la fin des années 80/ début 90 est là - il ne manque plus que la fausse Rolex Submariner achetée en Thailande à l'occasion d'un sex trip, et une séance de shopping d'un blouson en simili cuir au H&M de Beaugrenelle (« le grand magasin parisien du 21ème siècle » dixit son site internet) pour compléter cette « plongée ».
Faire rimer H&M avec S&M, voilà le concept de ce roman.
Connu pour être un moine de l'écriture, on ne veut pas croire que l'auteur écrit au premier degré, c'est forcément ironique – même si on dénote une grande complaisance dans ce faux misérabilisme dandique d'un héros qui a pu profiter d'un système mis en place par Warhol, le Louis 14 américain du siècle dernier– et qu'il a surement connu, et cotoyer avant sa mort.
Car quand comme dans tous les romans de Liberati, le narrateur/le héros n'est jamais sympathique, ni charmant– mais il s'agit, j'ai l'impression, d'une vraie ambition de l'auteur, d'être authentique et de ne pas s'épargner à travers lui.
L'égoïsme est latent chez tous les artistes et Liberati disserte sur leur petitesse à travers tous ses romans – alors que le mainstream continue de les mettre sur un piédestal, lui semble vouloir les faire descendre à tout prix.
Le héros, donc, puisqu'il s'agit d'un grand monologue, est une synthèse « libératienne » : la panacée « warholienne », l'ultra-matérialisme vulgaire qui cherche la lumière divine (mais c'est trop tard, on ne peut pas faire de tourisme en enfer), l'idéal des années 80 déconstruit, qui se heurte à la réalité des années 2000 ou plus exactement à la vieillesse de ses protagonistes – non, spoiler alert, aucun ne finit jeune, beau, riche et heureux – puisqu'ils ont survécu à leur 15 minutes de gloire et n'ont pas eu le bon goût de mourir jeune pour devenir des « légendes » de papier glacé.
Il est dit que chaque auteur réécrit le même livre – et vraiment, on a l'impression que Nada Exist est né des « chutes » de son premier roman, lui très court, celui-là, un peu trop long.
Sa plume est toujours intéressante en ce qu'elle mélange le classique et le toc – et gorgée de références artistiques plutôt-obscures et provoc facile (petit relent raciste, extrême droite…)
Ce roman est long. Il ne se passe pas grand-chose, mais il y a même genre de fascination/répulsion que pour Glamorama de Bret Easton Ellis – à la différence près que Glamorama est ouvertement une satire et est très drôle, alors que Liberati se prend toujours au sérieux – pas d'humour ici, jamais, même quand il essaye de montrer des scènes « drolatiques », mais beaucoup de style et c'est déjà quelque chose à notre époque.
On revient vers Liberati pour ses belles phrases, et sa plus grande réussite et d'imprégner dans le lecteur, en tout cas chez moi, le dégoût – et finalement arriver à son but, nous guérir de tout fantasme d'aspiration à ces vies en toc – et bam, voilà, la lumière.


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Extrait du livre audio « Performance » de Simon Liberati lu par l'auteur. Parution numérique 23 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/performance-9791035413491/
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