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EAN : 9782714306722
383 pages
José Corti (04/11/1998)
4/5   4 notes
Résumé :
Ce livre se propose comme une tentative pour apprécier, au fond et au fil de l'oeuvre, la mesure de l'autobiographie. Il interroge la rupture et la continuité qui s'établissent entre la narration d'une histoire individuelle et la construction d'un récit entièrement voué au traitement littéraire des mythes, des rêves et de l'imaginaire collectif, et des légendes hagiographiques. La mémoire événementielle est indigente et lacunaire, mais elle s'enfonce comme un espace... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Recours au mythe, récit de la genèse d'un imaginaire hors normes, est d'abord une invitation à découvrir les arcanes d'un oeuvre hantée par les mythes antiques, une sexualité trouble, multiple, métaphysique et par l'aspiration à la sainteté.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On ne trouve, dans le Décalogue, aucune prescription particulière concernant l’écriture, à moins d’y ranger l’article qui condamne le faux témoignage (Exode 20,16) pris dans une acception surtout juridique. Ce n’est pas notre affaire. Quant à l’interdit de la parole, il porte uniquement sur l’usage du nom de Dieu : Vous ne prononcerez point en vain le nom du Seigneur votre Dieu (Exode 20, 7). Il n’y a même pas condamnation du mensonge – ce qui, aujourd’hui, à l’heure où il écrit ces lignes, frappe étrangement le narrateur qui se souvient à quel point son enfance et toute sa jeunesse subirent la culpabilité entretenue par la pratique mensongère : en une expérience intérieure où le garçon, faible devant lui-même, devant les autres et le monde, abusait des mots, pervertissait la parole, à des fins la plupart du temps misérables, comprenant intuitivement que la somme entière des mots était à sa disposition et que, faute de pouvoir accepter la réalité des événements et la vérité des êtres, il entrait dans les artifices de l’expression. Peut-être la culture du mensonge dans la vie eut-elle sa part dans la destination à l’écriture, car elle avait permis d’entendre qu’il n’y a rien d’impossible à la langue et elle avait, peu à peu, révélé l’urgence d’un huis clos de paroles où le narrateur s’efforçant de devenir tel, tracerait pour lui-même les figures de son authenticité. Le mensonge dans la vie – et jusque dans l’être – créait la nécessité de recourir à des fabulations dans l’obscurité desquelles le cœur s’appliquerait à chercher son chemin de vérité. Tel fut, au commencement, et tel demeure le sens éthique de l’écriture.
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Le narrateur, donc, ayant en tête et comme sous la peau la somme bien serrée de tous ses écrits – depuis les tout premiers poèmes vers l’âge de treize ou quatorze ans jusqu’à ce livre qu’il entreprend aujourd’hui de rédiger –, interroge la Loi divine comme mesure unique de son œuvre et de sa vie, avec toujours, en lui, cette vision fantasmagorique d’une existence où l’œuvre écrite tiendrait lieu de vie vécue. Son affaire, assurément, fut bien d’écrire – il n’avait guère d’autre choix – et d’écrire bien : c’était une exigence indissociablement éthique et esthétique. Son souci, son inquiétude, puis, peu à peu, son hébétude face à l’échec de son entreprise, ce fut l’essor puis la déconfiture d’un rêve selon lequel l’homme – l’individu qu’il était, dans l’espace, dans le temps, mêlé aux autres – devait diminuer, s’effacer, s’annihiler quasiment, au profit de l’œuvre, en sorte que le livre, élaboré dans un anonymat, non pas fictif, non pas calculé, mais spirituellement nécessaire, prît tout simplement la place du vivant, couvrant celui-ci de l’ombre entière de ses pages développées. Certes, ce rêve n’est pas complètement abandonné, mais l’évidence de son irréalisation jusqu’à ce jour laisse le narrateur terriblement démuni en face de lui-même. Et c’est pourquoi, comme dans son enfance croyante et pieuse, il interroge les Dix Commandements, scrutant dans le texte son point de faillite et se demandant quel fut son péché pour être, à l’heure qu’il est, tellement exclu de la bonne conscience d’un accomplissement personnel et de la satisfaction d’une reconnaissance par ses pairs.
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Lorsque le narrateur, après trente ans d’une pratique assidue de la fable, de la mythobiographie, du récit onirique et fantasmatique, se penche décidément sur l’origine d’un projet d’expression qui a occupé, comme l’on dit, le meilleur de son temps, il interroge, ainsi qu’il l’a fait si constamment dans le cours de son enfance et plus encore de son adolescence, les articles du Décalogue – lequel constituait véritablement, pour le chrétien qu’il était alors, la règle, le principe indiscutable, la norme infaillible de l’existence. Il y avait appris qu’il devait adorer son Dieu, qu’il devait honorer ses parents, qu’il ne devait ni tuer ni voler, qu’il lui était interdit de commettre l’adultère (mot dont l’enfant ignorait le sens, encore qu’il s’en doutât), de porter de faux témoignages, de cultiver dans son cœur le désir de ce qui ne lui appartenait pas.
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Il relit donc le Décalogue qui constitue le fondement moral de la culture à laquelle il appartient par toutes les fibres de sa sensibilité et tous les moyens de son intelligence. Il a, dans sa vie comme dans ses écrits, largement abondé du côté de la sphère convenue du mal. Pour s’en tenir à l’écriture, il l’a inscrite dans le champ clos, toujours ouvert toutefois, de maintes perversions jusqu’à celle, inévitable, de l’hagiographie – avec une détermination empreinte de gravité, comme si c’eût été une affaire majeure de copuler avec des textes spirituels dans l’ornière d’une vie exilée de toute transcendance. Il est vrai que, une fois perdue la pureté première, on peut faire son lit de n’importe quoi.
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L’homme qui écrit n’avait pas bonne opinion de lui-même. Il se tenait en mépris face au développement de son histoire. Il n’accusait personne. Il incriminait son être même. Bien avant ce moment de l’adolescence où la lecture de Pascal lui apprit que le moi est haïssable, il avait senti – mais comme on peut sentir le poids d’une fatalité qui ne concerne que soi-même, dans une flagrante exception à la loi ordinaire – s’ouvrir en lui la faille destructrice d’un impératif catégorique, formulé en termes négatifs et à partir duquel il aurait, avec le temps, à vivre et à (se) créer : Tu ne parleras pas de toi-même.
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Video de Claude Louis-Combet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Louis-Combet
Otto Rank (1884-1939), la volonté créatrice : Une vie, une œuvre (1997 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 avril 1997. Par Bénédicte Niogret. Réalisation : Jean-Claude Loiseau. Avec Pierre Bitoun, Claude-Louis Combet, Alain de Mijolla, Aimé Agnel et Judith Dupont. Avec la voix d’Anaïs Nin. Textes dit par Jean-Luc Debattice. Otto Rank, né Otto Rosenfeld le 22 avril 1884 à Vienne et mort le 31 octobre 1939 à New York, est un psychologue et psychanalyste autrichien. D'abord membre du premier cercle freudien, secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et membre du « comité secret », l'évolution de ses recherches lui vaut d'être exclu de l'Association psychanalytique internationale en 1930. Il est considéré comme un dissident du mouvement international. Otto Rank est originaire de Vienne, issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie juive. Fils de l’artisan d’art Simon Rosenfeld, il est contraint, dans un premier temps, de travailler lui-même comme artisan et de renoncer aux études supérieures. Il prend le nom de Rank à l'âge de dix-neuf ans, en référence au bon Dr Rank de la pièce d'Ibsen, "La Maison de poupée". Il lit à vingt ans "L'Interprétation des rêves" de Freud et écrit un essai que le psychanalyste Alfred Adler transmet à Freud. Il devient dès lors un psychanalyste du premier cercle et, en 1906, devient le premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et à ce titre, l'auteur des transcriptions des minutes de la société viennoise (conférences et d'échanges), de 1906 à 1918. En 1924, il publie "Le Traumatisme de la naissance", s'intéresse à ce qui se trouve avant le complexe d'Œdipe et propose une vision différente de celle de la psychanalyse d'orientation freudienne. Sigmund Freud l'analyse brièvement jusqu'à fin décembre 1924 puis le rejette ; Rank se trouve exclu des cercles psychanalytiques freudiens. En 1926, Rank s'installe à Paris, devenant l'analyste d'Henry Miller et d'Anaïs Nin, avec qui il a une courte liaison. Il voyage en Amérique, où il rencontre un certain succès. Il est invité notamment à la société de Rochester pour la Protection de l'enfance en danger où travaille alors Carl Rogers. Il est exclu de l'Association psychanalytique internationale le 10 mai 1930. En octobre 1939, il meurt à New York à l'âge de 55 ans, des suites d'une septicémie.
Sources : France Culture et Wikipédia
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