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EAN : 9782070325207
279 pages
Gallimard (04/10/1989)
4.18/5   28 notes
Résumé :
Mythes, rêves et mystères est un ouvrage synthétique de Mircea Eliade, destiné au grand public mais renseignant sur les projets (que certains qualifient d'ésotériques) et les convictions d'un chercheur à la croisée de l'histoire des religions, de l'anthropologie, de la sociologie du fait religieux et de la psychologie.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre rassemble une série d'articles datant de la première moitié des années 1950, qui démontrent la thèse suivante : plusieurs mythes religieux, mais aussi certains aspects de la religiosité (entendue comme le sentiment du sacré) voire même la symbolique liée à certains rites sont remarquablement communs entre les « modernes » et les membres des sociétés archaïques, à quelque tradition religieuse qu'ils appartiennent. Outre le rejet du concept de « primitif » et d'une quelconque hiérarchisation des religions anciennes et contemporaines, polythéistes ou monothéistes, un certain structuralisme dans l'analyse de ces mythes, croyances, pratiques ne doit pas cependant être confondu avec le matérialisme qui consisterait à corréler ceux-ci avec l'organisation (sociale, politique ou économique) de la société – même le lien entre une certaine mythologie et de prétendues sociétés matriarcales préhistoriques est récusé – ni à les réduire à des créations de l'inconscient. L'hypothèse très séduisante est énoncée, dans l'Avant-propos et passim, qu'il existe une corrélation entre les « rêves », tels qu'ils sont étudiés par ce que l'auteur qualifie de « psychologies des profondeurs » – pour ne pas l'appeler psychanalyse, bien que Freud et surtout Jung soient plusieurs fois cités –, ainsi qu'entre la « pensée collective » et les mythes religieux ; toutefois Eliade, en historien des religions, refuse totalement une approche « profane » - ou athée – qui réduirait le phénomène religieux aux fruits de l'imaginaire (cf. cit. 1).
Conformément à cette démarche, je trouve particulièrement appréciable que l'ouvrage s'ouvre par une étude de certains « mythes du monde moderne » - parmi lesquels j'ai relevé la lecture (cf cit. 2), même si je suis sûr que l'auteur, s'il avait pu écrire le texte aujourd'hui, presque 70 ans plus tard, en eût choisi d'autres...
Dans la même optique, « l'angoisse » qui fait l'objet du chap. III, a trait à la conception contemporaine « laïque » de la mort, sentie comme une fin absolue, associée au néant : inversement, dans toutes leurs différences, les religions sont presque unanimes à « valoriser » cette angoisse, dans la mesure où elles identifient la mort à un passage. Comportent également de très fortes et profondes analogies inter-religieuses le paradis (et sa « nostalgie »), les expériences sensorielles et mystiques du sacré, le « symbolisme de l'ascension » - voire simplement de la localisation du transcendantal « là-haut » dans les cieux -, ainsi que toutes les autres mythologies que la table de matières (infra) illustre clairement. le lien entre religion et maladie-guérison est aussi incroyablement similaire.
Les traditions religieuses explorées sont impressionnantes par leur variété, dans L Histoire et la géographie : néanmoins, conformément avec le magnum opus d'Eliade sur le chamanisme, déjà publié avant cet ouvrage, les références aux traditions chamaniques présentes de tous temps dans quasi tous les continents, et par conséquent à tant de rites centrés sur l'initiation et les mystères (conçus comme des processus de progression spirituelle et généralement caractérisés par la présence d'un enseignement secret), concernant aussi bien des hommes que des femmes, semblent nettement prévaloir dans toutes les analyses.


Table des matières :

I. « Les mythes du monde moderne » (1953)
II. « Le mythe du bon sauvage ou les prestiges de l'origine » (1955)
III. « Symbolisme religieux et valorisation de l'angoisse » (1953)
IV. « La nostalgie du paradis [...] » (1952)
V. « Expérience sensorielle et expérience mystique [...] » (1953)
VI. « Symbolismes de l'ascension et "rêves éveillés" » (1946, 1955)
VII. « Puissance et sacralité [...] » (1952)
VIII. « La Terre-Mère et les hiérogamies cosmiques » (1953)
IX. « Mystères et régénération spirituelle » (1954)
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J'ai trouvé ce livre plus intéressant que "Aspect du mythe" parce qu'il faisait des études intéressantes : par exemple la mort initiatique. cependant, je préviens également ici que ceux qui veulent avoir une définition du mythe plus actuelle doivent se tourner vers d'autres ouvrages. Mircea Eliade a fait une étude anthropologique, qui n'est plus d'actualité totalement d'actualité dans la recherche. Vous pouvez donc compléter votre lecture avec "L'homme nu" de Lévi-Strauss ou "Le Mythe de la métamorphose" et "Mythopoétique" de Pierre Brunel.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Nous savons combien ce choix est difficile : dans l'Histoire, la séparation entre le sacré et le profane — si claire et si nette dans les temps pré-chrétiens — n'est plus évidente. D'autant plus que, depuis deux siècles, la chute de l'homme dans l'histoire est devenue vertigineuse. Nous appelons « chute dans l'histoire » la prise de conscience, par l'homme moderne, des multiples conditionnements historiques dont il est victime. Combien le chrétien moderne envie-t-il la chance de l'Hindou ! Dans la conception indienne, l'homme du kali-yuga est, lui aussi, déchu, c'est-à-dire conditionné par la vie charnelle : l'occultation de l'Esprit dans la chair est presque totale, et il faut partir de la chair pour retrouver la liberté spirituelle. Mais le chrétien moderne se sent déchu non seulement par sa condition charnelle, mais aussi à cause de sa condition historique. Ce n'est plus le Cosmos, ni la Chair la Vie — qui lui crée des obstacles dans le chemin de son Salut : c'est l'Histoire, la terreur de l'Histoire.
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1. « […] tandis que le langage courant confond le mythe avec les "fables", l'homme des sociétés traditionnelles y découvre, au contraire, la seule révélation valable de la réalité. On n'a pas tardé à tirer les conclusions de cette découverte. Peu à peu, on n'a plus insisté sur le fait que le mythe raconte des choses impossibles ou improbables : on s'est contenté de dire qu'il constitue un mode de pensée différent du nôtre, mais que, en tout cas, on ne doit pas le traiter, a priori, comme aberrant. On est allé plus loin : on a essayé d'intégrer le mythe dans l'histoire générale de la pensée, en le considérant comme la forme par excellence de la pensée collective. Or, comme la "pensée collective" n'est jamais complètement abolie dans une société, quel qu'en soit le degré d'évolution, on n'a pas manqué d'observer que le monde moderne conserve encore un certain comportement mythique [...] » (p. 22)
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3. « On a pu montrer qu'un assez grand nombre de peuples, des plus anciens jusqu'aux plus civilisés (par ex. les Mésopotamiens), utilisent comme moyen thérapeutique la récitation solennelle du mythe cosmogonique. On comprend facilement pourquoi : symboliquement, le malade "revient en arrière", il est rendu contemporain de la Création ; il revit donc l'état de plénitude initiale. On ne répare pas un organisme usé, on le refait ; le malade doit naître de nouveau, et récupérer de la sorte la somme d'énergie et de potentialité dont dispose un être au moment de sa naissance. Ce "retour en arrière" est rendu possible par le souvenir du malade lui-même. C'est devant lui et pour lui que l'on récite le mythe cosmogonique : c'est le malade qui, en se remémorant l'un après l'autre les épisodes du mythe, les revit et, partant, se rend leur contemporain. » (p. 50)
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7. « On pourrait comparer ces mythes d'émersion du sein de la Terre avec les souvenirs d'une existence pré-natale, que certains chamans nord-américains prétendent avoir assez bien conservés. Il s'agit, dans ce dernier cas, de l'insertion de l'âme du chaman dans le sein maternel, de son séjour dans les ténèbres amniotiques et finalement du passage à la lumière. À première vue, de tels souvenirs de l'existence pré-natale n'ont rien à voir avec les mythes de l'émersion des ancêtres du sein de la Terre. Mais l'image est la même : les souvenirs personnels des chamans illustrent le mythe d'une vie souterraine suivie de l'émersion à la surface de la Terre ; évidemment, avec les variantes dues au fait que de tels souvenirs se rapportent à une naissance individuelle, obstétricale. » (pp. 200-201)
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D'une part, il prouve que les racines de la liberté doivent être cherchées dans les profondeurs de la psyché et non pas dans les conditions crées par certains moments historiques ; autrement dit, que le désir de la liberté absolue se range parmi les nostalgies essentielles de l'homme, quels que soient son stade de culture et sa forme d'organisation sociale. La création infiniment reprise de ces innombrables Univers imaginaires ou l'espace est transcendé et la pesanteur abolie, en dit long sur la véritable dimension de l’être humain. Le désir de rompre les liens qui le tiennent rivé à la terre, n'est pas le résultat de la pression cosmique ou de la précarité économique - elle constitue l'homme en tant qu'existant, jouissant d'un mode d’être unique dans le monde.
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