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EAN : 9782714310378
93 pages
José Corti (02/09/2010)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Ce livre aurait pu tout aussi bien s’intituler « Naissance d’une vocation d’écrivain », car c’est bien de cela qu’il s’agit. Point d’aboutissement en même temps que point de départ, tel est le paradoxe de ce grand livre qui sera à l’œuvre de Louis-Combet ce que furent Les Mots pour Sartre, Enfance pour Sarraute, L’Âge d’homme pour Leiris et, si l’on remonte dans le temps, Les Confessions pour Rousseau.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si ce livre de Claude Louis Combet ressemble à un retour sur sa vie et l'expérience intérieure qui l'accompagne, il ne se réduit pas à une autobiographie.
Il transcende, dans ses textes, l'autobiographie ou l'analyse pour atteindre au symbole, au mythe. Il nous fait pénétrer dans les régions obscures et chaudes, effrayantes, dévorantes mais aussi rassurantes du lien à la mère qu'il est dur de rompre.

Quand j'ai entamé la lecture de ce livre m'est venu presque immédiatement le symbole de l'ouroboros le serpent qui se mord la queue, retour à l'origine qui représente le cycle de la nature, mort et renaissance, symbole d'immortalité.

Le livre du fils est un livre bilan qui retrace la lente maturation qui a conduit l'enfant dont tous les sens sont tournés vers les senteurs, les odeurs, les caresses de la mère, de l'enfouissement jouissif et plein de culpabilité (désir d'inceste) dans cette terre-mère à la séparation progressive, la mise à distance douloureuse qui permet d'aller vers l'amante inspiratrice et l'intégration en lui du féminin ( première partie du recueil intitulée «Corps maternel»). Ce qui le conduira à la création et l'écriture (deuxième partie «corps d'écriture»). le tout dans une langue pleine de sensualité brûlante, de poésie et aussi d'une lucidité douloureuse.

J'ai retrouvé dans ce livre, comme dans d'autres de Claude Louis-Combet, une tonalité de voix proche de celle de Louis Calaferte, tentative d'expression de leur long chemin initiatique.

«Quand il fermait le livre de toutes les terreurs et se campait de nouveau en l'attente de sa mère, le fils avait voyagé intérieurement en des contrées de songe. Il en revenait pour lui-même, chargé de vérités fortes à travers le prisme desquelles, il aspirait à l'unité de son être : idéal proprement spirituel dont la seule chance d'accomplissement passait par la rencontre amoureuse avec la femme.» p36

"L'amante avait pris le relais de la mère. Elle en était la fleur accomplie, en toute liberté de goût et d'appétit. Vienne le fils. Il boirait et mangerait, il prendrait et posséderait.
..... Et chemin faisant -- chemin de sexe et de souffle -- il comprendrait, pour la paix de son coeur dans la plénitude de sa passion, et pour sa plus grande part d'intelligence de la vie, que la femme rassemble en son essence maternelle d'obscurité, de fertilité, de désir et de plaisir, tout ce qu'il est nécessaire de connaître à la place de Dieu afin de donner sens au non-sens et de créer, de surcroît. "p60

"Alors, le mouvement d'écrit prolonge la caresse, enrichit la palpation, presse les mots jusqu'à la pulpe, entre dans les fastes violents de la morsure, de la griffure, de la déchirure." p87

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Qui sera donc le lectorat de Claude Louis-Combet, usant et abusant de sa “syntaxe du coeur”, cet ensemble de métaphores portant sa prose vers la poésie là où “seuls les mots, selon l'ordre du rythme et le souffle du poème, détenait l'étrange et miroitant pouvoir, de rompre la compacité de l'histoire et l'enchainement des causes” ?

Existe-t-il ? Car ce poème à la Vie, à la Mère, à la Nature, pour être beau, n'en n'est pas moins abstrus avec cette maîtrise des figures de styles, des hypallages, oxymorons et autres apories, au service d'une pensée à la recherche de sa vérité.

Pour lire Claude Louis-Combet, il vous faudra :
• naître, rechercher ce commencement lorsque “l'espace se resserre et le temps se compte”.
• Retrouver en vous cet homme, ce fils qui a “toujours […] aimé le contact des mousses gorgées d'eau, des algues de rivière et de toute cette végétation spongieuse, drue autant que molle, ondoyante et déliquescente, qui prospère dans les terres marécageuses et forme l'instable tapis du monde d'où jaillissent, ici et là, par bouquets, les tiges affûtées des joncs et des roseaux”, cette nature image de sa mère, de son corps, de sa matrice.
• Oublier la cacophonie de notre monde car seuls les mots, permettent à L'homo viator, l'homme pèlerin, engagé dans son histoire personnelle, “l'homme, engagé dans la quête de son accomplissement textuel et sur la voie poétique de l'abstraction”, de s'accomplir.
• Se réaliser Homme et Fils, fils de la Mère originelle, “C'était le même homme mais ils étaient deux : celui du sol ferme, caillouteux et épineux et celui de l'ornière trempée, glissante et enfonçante, nocturne et ravissante. L'enfance même avait vécue ce partage. L'innocence était exclue.”

De cette recherche du monde, de cette relation aux mots, de cette innocence déflorée, “il apparaissait, de toute évidence, que l'écriture sur laquelle on avait tellement misé, sous le rapport de la question du sens de l'existence, n'était rien de plus que la suprême vanité, la plus orgueilleuse et la plus sournoise, celle qui , par-dessus tout, interdisait même simplement d'entrevoir la vérité et le fond.”

Que cela ne vous arrête pas dans la recherche de la vérité, de la sagesse, de la relation au monde et aux autres car “***“Le monde des vivants renferme à lui seul assez de merveilles et de mystères qui agissent de façon si inexplicable sur nos émotions et notre intelligence que cela suffirait presque à justifier qu'on puisse concevoir la vie comme un enchantement.”

Merci à Claude Louis-Combet d'oublier sa réussite, de chercher sa vérité, de nous ouvrir les routes de son monde, de notre monde, et finalement de nous rappeler “****Osez donc un peu croire à vous-même et à ce que vous avez dans le ventre ! Quand on ne croit pas à soi-même, on ment. ”

Veuillez noter que ce livre a été chroniqué dans le cadre du partenariat Rentrée Littéraire 2010 avec Chroniquesdelarentreelitteraire.com et Ulike

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
«Quand il fermait le livre de toutes les terreurs et se campait de nouveau en l’attente de sa mère, le fils avait voyagé intérieurement en des contrées de songe. Il en revenait pour lui-même, chargé de vérités fortes à travers le prisme desquelles, il aspirait à l’unité de son être : idéal proprement spirituel dont la seule chance d’accomplissement passait par la rencontre amoureuse avec la femme.» p36
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«L’homme reconnut et avoua -- il s’avoua que la mère avait été à l’origine du désir, qu’elle était l’origine même du désir, comme si elle avait créé le sexe avant de créer l’enfant, imposant à celui-ci, avant toute chance d’intelligence et de sensibilité, de se débrouiller avec le mal et la perdition.» p42
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«Mère, montre-toi, Sésame ouvre-toi, je suis sorti de toi, ramène-moi à toi et, si ce n’est pas possible, laisse-moi seulement regarder le lieu de mes origines» p37

«Et ce rêve : de la main maternelle, jaillie du sol à bout de bras, corolle ouverte, enserrant le phalle nouveau et lui révélant la caresse.» p39
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“seuls les mots, selon l’ordre du rythme et le souffle du poème, détenait l’étrange et miroitant pouvoir, de rompre la compacité de l’histoire et l’enchainement des causes”
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“il apparaissait, de toute évidence, que l’écriture sur laquelle on avait tellement misé, sous le rapport de la question du sens de l’existence, n’était rien de plus que la suprême vanité, la plus orgueilleuse et la plus sournoise, celle qui , par-dessus tout, interdisait même simplement d’entrevoir la vérité et le fond.
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Video de Claude Louis-Combet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Louis-Combet
Otto Rank (1884-1939), la volonté créatrice : Une vie, une œuvre (1997 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 avril 1997. Par Bénédicte Niogret. Réalisation : Jean-Claude Loiseau. Avec Pierre Bitoun, Claude-Louis Combet, Alain de Mijolla, Aimé Agnel et Judith Dupont. Avec la voix d’Anaïs Nin. Textes dit par Jean-Luc Debattice. Otto Rank, né Otto Rosenfeld le 22 avril 1884 à Vienne et mort le 31 octobre 1939 à New York, est un psychologue et psychanalyste autrichien. D'abord membre du premier cercle freudien, secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et membre du « comité secret », l'évolution de ses recherches lui vaut d'être exclu de l'Association psychanalytique internationale en 1930. Il est considéré comme un dissident du mouvement international. Otto Rank est originaire de Vienne, issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie juive. Fils de l’artisan d’art Simon Rosenfeld, il est contraint, dans un premier temps, de travailler lui-même comme artisan et de renoncer aux études supérieures. Il prend le nom de Rank à l'âge de dix-neuf ans, en référence au bon Dr Rank de la pièce d'Ibsen, "La Maison de poupée". Il lit à vingt ans "L'Interprétation des rêves" de Freud et écrit un essai que le psychanalyste Alfred Adler transmet à Freud. Il devient dès lors un psychanalyste du premier cercle et, en 1906, devient le premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et à ce titre, l'auteur des transcriptions des minutes de la société viennoise (conférences et d'échanges), de 1906 à 1918. En 1924, il publie "Le Traumatisme de la naissance", s'intéresse à ce qui se trouve avant le complexe d'Œdipe et propose une vision différente de celle de la psychanalyse d'orientation freudienne. Sigmund Freud l'analyse brièvement jusqu'à fin décembre 1924 puis le rejette ; Rank se trouve exclu des cercles psychanalytiques freudiens. En 1926, Rank s'installe à Paris, devenant l'analyste d'Henry Miller et d'Anaïs Nin, avec qui il a une courte liaison. Il voyage en Amérique, où il rencontre un certain succès. Il est invité notamment à la société de Rochester pour la Protection de l'enfance en danger où travaille alors Carl Rogers. Il est exclu de l'Association psychanalytique internationale le 10 mai 1930. En octobre 1939, il meurt à New York à l'âge de 55 ans, des suites d'une septicémie.
Sources : France Culture et Wikipédia
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