L'auteure bâtit habilement une intrigue qui, très vite, est captivante. Mêlant passion, mystères longuement gardés et destinées troublantes.
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À soixante-treize ans, elle pense encore à l’homme qu’elle a follement aimé. Un homme qui n’était pas André. Un homme qui lui avait donné sa parole, et puis l’avait reprise. C’est ce jour-là que tous les sentiments d’Hélène s’étaient chargés de méchanceté. Et si ce constat la navre parfois, la plupart du temps elle éprouve une certaine jouissance à faire souffrir ses proches. Car si matériellement elle a réussi, en revanche, le désert de son cœur a desséché tout son être et, depuis, elle se venge.
Le temps consacré aux échanges et à l'amitié n'est jamais perdu
La vieille. Elle s’étonnera toujours de la nommer ainsi. Elle n’aime pas la connotation péjorative de ce mot mais quand on a tout tenté, sans succès, pour apprivoiser une mégère, on ne peut pas la doter d’un diminutif affectueux, ni même l’appeler simplement par son prénom : Hélène. Et encore moins maman, même si ça lui aurait plu de l’appeler ainsi, elle qui, depuis l’âge de quatre ans, n’en avait plus. Non. Après tant d’humiliations, de reproches et d’injustices, on dit juste la vieille. Même si ça arrache la bouche.
Il aime tout en elle. Son corps, son visage et sa façon d’être. Mélange de courage et de fragilité.
Mais il a promis d’attendre. Il attendra. Pourtant, qu’il serait bon de vivre près de cette femme-là. Une femme qui cuisine si bien que l’odeur de son miroton se répand jusqu’à l’étable. Une ménagère parfaite dont l’intérieur, confortable et joliment agencé, sent la lavande et le bien-être. Une femme belle, dont la sensualité ne demande qu’à ressusciter...
Il était fragile depuis l’enfance. On le disait faible et renfermé. Sa mère le méprisait pour cela, le secouait, mais il baissait la tête sans se révolter. Comme s’il était las. Pourtant, quand on s’est fiancés, il a retrouvé de la vitalité. Notre amour l’a rendu plus fort. Presque gai. Presque heureux.