Nous ne sommes pas vraiment dans un roman, mais dans un ensemble de textes qui entretiennent des relations lâches les uns avec les autres. A chaque fois, un narrateur, qui se ressemble beaucoup d'un texte à l'autre, une sorte d'observateur, qui se dirige progressivement vers une activité artistique (musique, dessin, l'écriture, ou les deux) nous raconte le monde dans lequel il évolue. Il s'agit à chaque fois de villes portuaires, dans lesquelles, entre les docks, les bars à matelots, les navires, se meuvent des personnages qui se ressemblent, même s'ils ne parlent pas la même langue et ne sont pas nés sous les mêmes cieux. Mais leurs étoiles semblent toujours un peu les mêmes, celles de pauvres gens, placés à un endroit de l'échelle sociale dont ils auraient bien peine à sortir. Alors les marins, les prostituées, les tenancières d'hôtels garnis, les voyous, et tout le petit monde qui gravite autour, jouent leur petit bout de partition dans la vaste symphonie du monde de la peine et de labeur, comme le ferait un piano mécanique. Prévisibles, tout en pouvant être attachants, nimbés d'une sorte de poésie du pauvre, se mouvant dans un décor qu'on dirait de cinéma.
Le charme du livre tient plus à son ambiance qu'aux récits, que je qualifierais d'un peu paresseux : une fois le décor planté et l'atmosphère installée, il ne sa passe plus grand-chose jusqu'au final, qui en est en général à peine un. A mon sens, ce n'est pas le genre de livres dont il faille abuser : la lassitude risque d'arriver. Mais à petites doses, l'univers de l'auteur du Quai des Brumes dégage un charme fragile mais réel.
Commenter  J’apprécie         150
Le vent s'était levé à l'ouest et la forêt bruissait comme la mer. A l'extrême pointe de l'Europe, à l'ouest, la mer soulevait au-devant des aventuriers ses lourdes lames et tout son arsenal efficace de brumes, de rochers et de pluies.
Ecrire pour gagner sa vie, c'est bien le plus dur des métiers, sans excepter celui de laboureur. Ecrire afin de libérer son âme, c'est tout autre chose. On éprouve dans le travail l'enthousiasme fébrile de celui qui sauve sa vie.
Écrire pour gagner sa vie, c'est bien le plus dur des métiers, sans excepter celui de laboureur. Écrire afin de libérer son âme, c'est tout autre chose. On éprouve dans le travail l'enthousiasme fébrile de celui qui sauve sa vie. Pomper de l'eau pour épuiser l'eau qui s'engouffre dans le navire en perdition peut se comparer au travail littéraire quand la vie de l'écrivain est en jeu, c'est-à-dire quand il sent que la société va se refermer sur sa tête ses griffes inexorables.
On écrit avec la joie de l'aéronaute qui jette du lest et reprend sa liberté après avoir contemplé, d'un oeil de professionnel exercé, un point d'atterissage nettement mortel.
Or un pays sans oisifs ou sans fainéants est un pays sans idéal. Car l'idéal de la plupart des hommes est de vivre dans l'oisiveté, l'oisiveté sociale, bien entendu.
Je contractai, d'ailleurs, une telle habitude de la malpropreté physique que pendant très longtemps j'éprouvai une sorte de répulsion pour les gens bien lavés. Ils ressemblaient, pour moi, à l'idée que je me faisais des cadavres.
https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_butte_3d_montmartre_hier_aujourd_hui_et_peut_etre_demain_georges_millot-9782343246260-71631.html
Sur la butte Montmartre, il s'est passé bien des événements. La Commune de Paris y a débuté. Plus tard, les affranchis s'y sont installés, dans le sillage d'Aristide Bruant. Aujourd'hui, elle bourdonne de touristes et... de pickpockets. Et demain, que deviendra ce confetti, si le monde survit et change ? Sur la butte Montmartre, du temps de la Commune, se sont croisés des personnages historiques luttant pour une société meilleure : Louise Michel, Jules Vallès, Théo et Marie Ferré... de nos jours, les petits-enfants des écrivains Pierre Mac Orlan, Albert Simonin ou Marcel Aymé célèbrent la beauté
germant du quotidien interlope. Dans un monde futur, quel beau décor pour concevoir l'union de l'idéal et du bonheur ! de tous les coins du monde on vient sur la Butte, admirer Paris à ses pieds. Il ne faut pas oublier de tourner son regard vers l'intérieur de ce volcan, éteint seulement en apparence, dans les ruelles duquel se fondent les différences de genres, de milieux et d'époques.
+ Lire la suite