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EAN : 9782350744551
180 pages
Magellan et Cie (23/10/2017)
3.57/5   7 notes
Résumé :
La présence des Amérindiens, les empreintes encore très fortes d’une tutelle religieuse qui a forgé les âmes, le cosmopolitisme né de la présence des dizaines de communautés qui ont trouvé refuge au pied du Mont-Royal qui trône au cœur de la ville, la frontière linguistique qui coupe la ville en deux avec un Est francophone et un Ouest anglophone, les solitudes perdues dans les couloirs bondés du métro, le déchirement des migrants qui prennent un billet aller en sac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je laisse derrière moi le Mont-royal et son « ascension » vertigineuse, un écrin de verdure au coeur d'une ville, et un type qui vit dans une cabane dans les arbres. Peut-être pour voir les étoiles de plus près, ou pour boire un p'tit verre de caribou, seul sans être dérangé par les ivrognes du coin, ceux qui martèlent l'asphalte craquelé de leurs sabots poussiéreux. Il m'a fait découvert un peu de son univers, si on peut appeler ça un univers, un gars qui vit dans la rue. Parce qu'à travers les déambulations nocturnes et dissolues que j'arpente dans les rues de Montréal, mon regard se porte sur ces marginaux. Comme son nom l'indique, des gens à la marge de notre société où il faut savoir parfois regarder et écouter pour leur donner un semblant d'humanité. Je vois aussi des expatriés, une colonie haïtienne, à l'image de mon pote Dany avec qui je prenais un thé et une tarte au citron meringué au Café Sarajevo en me prenant pour un écrivain japonais.

Je sors du métro, comme tant d'autres aux heures où la nuit s'éveille, comme un troupeau de bisons vieillissants venus admirer les anges de la tristesse, la ligne orange. Une neige lourde tombe de la noirceur du ciel. Épaisse et mouillée, je m'interroge toujours, pourquoi c'est mouillée, je cherche toujours, direction la rue Sainte-Catherine, j'y trouverais peut-être des réponses. Quoique, dans cet univers-là, pas sûr. Je ne me souviens plus qui m'a parlé de la rue Sainte-Catherine. Dany, encore ? non lui est plus adepte de la ligne verte. Peu importe, la vieillesse fait qu'on ne se souvient plus de ses précédentes escales, même en ressassant ses vieux souvenirs. En attendant, il me semble faire froid dans le coin, surtout pour un haïtien, je m'en vais m'engouffrer dans un ce ces lieux où tu peux boire une bière en silence, avec des néons qui clignotent dans ta gueule et des filles qui dansent les Joes à l'air sur un comptoir. Pas très reluisant, cette histoire, je ressors direction le métro, ligne verte, McGill. Il parait que là-bas, les filles sont chaudes. Là, c'est encore mon pote l'infatigable Dany qui me l'a suggéré. D'ailleurs avec lui, je bois du rhum dans une piaule aussi grande que celles de Bordeaux, en écoutant des airs de jazz, comme ce bon vieux Trane.

Et là, on cause des « nouvelles de Montréal », auteurs canadiens, francophones ou anglophones, la frontière qui sépare cette ville en deux, sans qu'il y ait de mur entre ces deux communautés, parce que la littérature c'est pas de la maçonnerie. Je relis une histoire de Catherine Mavrikakis que j'avais découvert du côté de Bay City. On parle base-ball et Paul Auster avec David Homel. On évoque avec Louis-Bernard Robitaille les vieux souvenirs, comme toujours avec ces réunions d'anciens combattants ou d'alcooliques anonymes, ceux qui nous ramènent au Théâtre Gayety à l'époque où la belle Lily St-Cyr faisait son numéro de haute volée. Grand numéro, c'était moins glauque à cette époque-là. On écoute le Money jungle du Duke quand Elise Turcotte se joint à nous. Rodney Saint-Eloi est l'invité d'honneur de sa modeste piaule, entre compatriotes haïtiens, il a ses entrées et son verre de rhum attitré. Et puis la bouteille aidant, les morts assoiffés, je découvre l'émotion d'une Monique Proulx. Bref, en peu de temps, je perçois le pouls d'une Montréal mouillée, le majeur bleui par le froid du blizzard, toujours sous le regard de la fresque de Leonard Cohen et des flocons de neige qui floconnent les craques des trottoirs.
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Nouvelles de Montréal, un recueil qui a été publié en 2017 alors que la ville fêtait ses trois-cent-soixante-quinze ans, regroupe des nouvelles de six auteur(e)s qui la connaissent bien: à l'instar de leurs personnages, ils sont venus y vivre ou y ont grandi. Cette sélection m'a permis de retrouver la plume de Monique Proulx – sa nouvelle Un goût de viande crue est celle que j'ai préféré dans le recueil -, de Catherine Mavrikakis et d'Elise Turcotte, de même que de découvrir celle de Rodney Saint-Éloi, de David Homel et de Louis-Bernard Robitaille, des grands noms de la littérature québécoise. Chacune de ces nouvelles aborde un thème différent, braque ses projecteurs sur une problématique sociale : l'immigration, l'intégration, l'itinérance, la violence, le suicide et le burnout… Une belle découverte, qui me fait voir la ville autrement et me donne envie de poursuivre mon exploration de l'oeuvre de ces auteur(e)s.
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premier pas dans cette belle collection. j'aime l'idée du recueil de nouvelles sur 1 ville. Pour ce qui concerne Montréal, j'ai beaucoup aimé certaines nouvelles et moins d'autres....normal.... le lot de ce genre d'oeuvre!
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C'est toujours compliqué de parler d'un recueil de nouvelles. J'ai choisi ici de vous faire un court résumé de chaque pour vous montrer la diversité des sujets abordés. On voyage d'un quartier à un autre, avec des personnages très différents. J'ai apprécié toutes les nouvelles, certaines plus que d'autres. J'ai été particulièrement émue par celle de Monique Proulx et de Rodney Saint-Eloi.

Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ah, le baseball, ce sport opaque pour les Français, et les Européens en général, le fléau de celles et ceux qui lisent les romans américains (et canadiens anglais), et la hantise des traducteurs de ces œuvres. Christine Le Bœuf, qui a traduit mon roman Rat Palms (il pleut des rats dans son excellente version chez Actes Sud), a dû lutter avec le langage multidimensionnel du baseball, et c'est une femme d'expérience, car elle a déjà réussi à mettre Paul Auster en français. Chaque été, des touristes français obnubilés contemplent l'action sur le terrain sans y comprendre grand chose. [David Homel].
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A cause des enfants, les femmes en parlaient à mots couverts. Elles échangeaient en termes sibyllins les derniers échos glanés dans un journal ou à la radio, discutant du mode opératoire du psychopathe. La scène qu'elles évoquaient se passait forcément en hiver, car en hiver tout était plus glauque. Parfois, il faisait nuit dès 15h30, on pataugeait dans la neige aux stations de bus. Lorsque finalement apparaissait le véhicule aux allures de vieux bison exténué, la file indienne se mettait docilement en branle, l'un après l'autre les usagers grimpaient dans le véhicule, généralement bondé et puant le vêtement mouillé. Bien plus tard, une passagère constatait une sensation bizarre au mollet ou à l'arrière de la cuisse : son bas nylon avait été tailladé, et généralement un mince filet de sang s'écoulait d'une estafilade peu profonde. Le maniaque au rasoir avait de nouveau sévi.
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Alors il s'écroula, et il n'était pourtant plus ivre, il s'écroula en larmes sur les genoux de Tobi, et il plaida l'alcool, cette fois à voix haute, hoquetante, il plaida sa grande misère et son immense malchance d'avoir attrapé, il ne savait plus quand même s'il savait pourquoi, d'avoir attrapé cette maladie contagieuse inguérissable qu'est la soif. [Monique Proulx].
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Dans certains pays du Sud, on n’entame pas une bouteille de rhum sans en offrir aux morts, qui bien sûr ont soif, et qui ne peuvent connaître ce plaisir des vivants.
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L’exilé est cet être confus qui apprend son chemin, pas à pas. Il n’est personne. Il n’est rien. Alors, il regarde toujours du haut de la montagne. Il cherche une étoile qui le guidera. Ou un arbre qui l’enracinera. Un érable ou un peuplier qui lui parlera en toute bonne foi pour lui raconter les légendes de la ville nouvelle. L’exilé habite un imaginaire et non un pays. (Un soir d’exil, Rodney Saint-Éloi)
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