Notre Colette

Frédéric Maget est président de la société des amis de Colette et directeur de sa maison natale à Saint-Sauveur-en Puisaye dans la charmante Bourgogne.

L'auteur a la passion de Colette et nous le rend bien dans notre Colette, essai biographique inimitable au féminin pluriel.

De manière dynamique et dans un registre totalement nouveau et passionnant, Frédéric Maget nous fait entrer dans l'oeuvre éblouissante, et la forte personnalité mouvante de Gabrielle devenue l'unique Colette à travers les souvenirs, les anecdotes, les témoignages précieux d'une myriade de lectrices qui sont aussi autrices, comédiennes, artistes célèbres ou moins connues, toutes ferventes admiratrices de Colette.

J'ai particulièrement aimé le portrait attachant et vivant de Colette qui se dégage à la lecture de ces pages, à tout âge, à différentes époques de sa vie, comme si elle avait vécu 9 vies, et transcende la vie des autres.

J'ai été émue en lisant Sido, son enfance, sa lumière qui a façonné l'être de Colette et son oeuvre littéraire. Une femme rebelle, multiple, une écrivaine talentueuse, tellement vivante et tellement incarnée dans cet essai où l'on trouve aussi quelques photos touchantes comme si l'on feuilletait d'une main gantée des feuilles d'archives.

Le panache, l'élégance, le goût de la provocation, l'intelligence féline d'une femme artiste, mime, écrivaine. Une puissante inspiration littéraire et féminine que l'on trouve au fil des pages en visitant Simone de Beauvoir dont Colette était une source d'inspiration majeure dans ses luttes féministes.

Marguerite Duras pour qui Colette était « cette main et cette tête penchée au-dessus d'une flamme, dans un salon d'un petit
village ».
Pour Françoise Sagan, son adolescente Cécile des années 50, miroir des Claudine des années 1900, des personnages de jeune filles qui ont marqué leur époque et touchent encore la nôtre.

J'ai aimé découvrir la Colette intime, ce qu'elle appréciait, ce qui la faisait rire, sa grande tendresse, ses amours et son génie. J'ai aimé aussi la manière très originale de l'auteur de raconter Colette.
Dans cet essai, Frédéric Maget dévoile un moment phare de la vie d'une lectrice comme Marilyn Monroe lisant Colette ou encore la rencontre d'Audrey Hepburn avec Colette pour mettre en lumière une facette, un trait de personnalité, la passion et l'empreinte forte de Colette sur elles.

Parmi toutes ces petites conversations de l'intime vers la grande Colette, j'ai aimé les passages très touchants sur Sido, et sa fille Colette de Jouvenel dont j'ai envie de lire maintenant Lettres à sa fille pour déloger la tristesse qui m'a saisie en lisant le texte.

Pour les 150 ans de la naissance de Colette, c'est une belle oeuvre à la fois personnelle et dotée d'un riche fonds documentaire et solide qui donne envie de plonger dans le pays de Colette.

Je remercie Babelio et les éditions Flammarion de m'avoir fait découvrir cet ouvrage dans le cadre de la Masse Critique Non Fiction.

Ce livre raconte Colette à travers dix femmes : Simone de Beauvoir, Olympe Terrain (l'institutrice de Colette, qui a servi de modèle à Melle Sergent dans Claudine à l'école), la princesse Orbeliani, Sido (sa mère), Marguerite Duras, Marilyn Monroe, Marguerite Yourcenar, Audrey Hepburn, Colette de Jouvenel (sa fille, dite "Bel-Gazou), Françoise Sagan.
Le principe est donc de mettre en parallèle la vie de ces femmes avec l'écrivaine, et de nous parler d'elle en mettant en perspective sa vie et d'autres destins.
Certains choix laissent cependant dubitatifs, car les liens entre Colette et certaines d'entre elles semblent trop artificiels (je pense au lien établi entre Duras et Colette, qui n'existe quasiment pas, sinon dans une contre-comparaison, ou à celui entre Marilyn et elle : Marilyn "aurait" lu Colette et "aurait" peut-être pensé à telle ou telle chose à certains moments de sa vie... ce qui n'est pas très convaincant).
Les textes les plus intéressants sont ceux sur sa fille, mal aimée et déshéritée au profit de son dernier mari, ou encore celui sur Audrey Hepburn qui nous montre un aspect de l'oeuvre de Colette adaptée au théâtre à Broadway (avec Gigi). le chapitre sur Yourcenar est aussi prenant, car il nous montre que la question de Colette à l'Académie française s'est posée, et il évoque tout le débat de la présence des femmes dans certaines institutions.
(Je m'attendais à des lettres ou extraits de lettres de lectrices, connues ou pas, à un ouvrage épistolaire...)
L'ensemble se lit très bien et nous permet de voir autrement, et à différents âges de sa vie, la si célèbre Colette.

Je me suis régalée! Étant une grande admiratrice de Colette, je me suis plongée avec grand plaisir dans cet ouvrage. Un portrait inédit peint au travers des lettres adressées à l'autrice par des admiratrices célèbres ou non. Une très belle initiative pour les amateurs de cette grande autrice et pour ceux qui voudraient la découvrir.