Il y a des livres remplis de magie qui vous éblouissent l'âme, attisent les braises de la mémoire et vous inondent le coeur de joie de vivre.
Le Dit d'
Olivier Mak-Bouchard est de ceux-là.
il raconte le vent de mon pays, ce
Mistral frondeur, turbulent qu'on espère par temps de pluie ou de pollution et qu'on maudit quand, pris de folie furieuse, il consume nos forêts, ce
Mistral qui depuis le Ventoux, domine le Luberon, nargue les plaines, la roche et les vallées jusqu'à la mer.
En l'espace de quatre saisons, il va nous faire son estrambord, soufflant sur les braises de l'imagination et du rêve jusqu'à tout embraser.
La petite histoire convoque la grande : un jour d'orage, le narrateur, dont on ignore le nom (il vaut mieux qu'il garde l'anonymat vu les couffes qu'il va accumuler ::))!), est appelé par son voisin dont le mur s'est écroulé. Les deux compères, s'attelant à le reconstruire, trouvent une source ferrugineuse, une femme-calcaire à la bouche prodigue en eaux murmurantes et bienfaisantes, entourée de vestiges archéologiques remontant à l'époque des Albiques, très lointains occupants des lieux.
C'est le prétexte à un récit rocambolesque et onirique où le réel côtoie l'imaginaire, où l'on se prend à sourire, à trembler, à s'émerveiller et à s'attendrir devant autant d'inventivité, de générosité, de poésie et d'authenticité.
Avec en prime toute mon enfance qui me pète à la figure, les goûters d'un quignon frotté d'ail, d'huile d'olive et de tomates, les pique-nique du dimanche sous les pins, les câlins muets de ma Mémé sanglée d'un sempiternel tablier, avare de caresses mais pétrie de sagesse, les gratins de cardes et les treize Desserts de
Noël, le vin de noix fait maison et les veillées sans télé mais riches de contes et de légendes (vrais de vrais Mémé ? )
Il y va fort
Olivier Mak-Bouchard ! il n'a rien à envier au super héros lambda, l'art de la métamorphose, il le maîtrise à la perfection !
Lui, il se change carrément en Canis Lupus pour épargner et rhabiller la chèvre de Mr
Seguin en Cabro d'Or. Il peut même s'identifier (et alors !) à Hannibal dont les éléphants ne font pas le poids face aux assauts du Maître-Vent dont il invente l'enfance avec des mots d'une poésie à couper….le souffle. Et encore lui qui l'arrête les jours d'incendie avec une arme fatale dérobée au musée local : un toutoro d'Albique, sorte de trompette en terre cuite qu'on brise sur le calcaire après usage en offrande au Dieu Ventur.
Plus fort que
Roland et Durandal !
Vous avez dit magique ? Comme c'est magique !
Ce bouquin est un grand coup de balai qui débarbouille l'horizon de nos pensées moroses comme le
Mistral boute le plus petit nuage hors de nos frontières et nous repeint le ciel en bleu.
Sa couverture, toute d'or, d'ocre et de feu où se profile la silhouette d'un hussard mutin à moustaches est prometteuse d'une histoire fabuleuse digne des plus beaux mythes méditerranéens.
A travers ce miracle d'écriture,
Olivier confirme les mots de
Fréderic, le plus grand poète que notre
Mistral ait inspiré :
Lou plus bèu de tóuti li libre es lou païs ounte abitan
(Le plus beau de tous les livres est le pays où l'on habite)