Pluie de printemps est un recueil de nouv
elles peu connues de l'écrivain juif américain
Bernard Malamud, lui-même assez méconnu en France. Il a pourtant été lauréat du prix Pulitzer pour
L'homme de Kiev et a reçu deux fois le National Book Award, pour ce même livre et pour
le tonneau magique.
Il est parfois cité comme le plus grand écrivain juif américain du XXème siècle et a servi de modèle a
Philip Roth qui lui a consacré un chapitre dans
Parlons travail.
A ceux qui voudraient se familiariser avec les livres de
Bernard Malamud, je ne conseillerais peut-être pas
Pluie de printemps, car bien que représentatives de son oeuvre, ces nouv
elles ont une tonalité assez sombre et énigmatique. Je recommanderais plutôt
le commis, qui est, à mes yeux son chef d'oeuvre, ou les nouv
elles du Tonneau magique.
Pluie de printemps, qui comporte seize nouv
elles, jalonne la carrière littéraire de l'auteur. La première d'entre
elles a été écrite pendant la guerre en 1940, et le dernier écrit date de 1984.
Nous retrouvons ici tous les thèmes chers à
Malamud, la vie au quotidien à New York des artisans et des petites gens issus de la diaspora juive, les quer
elles et les dissensions au sein des couples mal assortis, les conflits et les heurts entre les parents et les enfants qui ne choisissent pas forcément la voie qu'ils leur ont tracée, les espoirs et les regrets de ces émigrés de la deuxième génération.
On retrouve bien sûr dans L'épicerie, la trame autobiographique qu'il a développée dans
le commis et qui reprend des scènes de la vie de ses parents qui tenaient, avec bien des difficultés, un magasin d'alimentation à New-York.
Figure également dans ce livre, comme dans les autres recueils, une nouvelle, aux accents sûrement autobiographiques, qui se passe en Italie, sa femme étant originaire de ce pays.
Les deux derniers textes sont de petites biographies, alertes, vives, drolatiques. La première concerne
Virginia Woolf qui a perdu sa culotte et la deuxième Alma Malher.
Le tout est un mélange de situations tragiques et comiques, de légèreté sur fond de drame existenti
el. Les personnages de ces petits récits sont seuls, face à leur destin. Ils se débattent moralement, tentent d'expier leurs fautes, sont en quête de pardon et de rédemption.
Je suis une inconditionnelle de la gravité mâtinée de touches humoristiques de
Bernard Malamud.