Les paletots sans manches

J'avais bien aimé le feuilleton "Nestor Burma" interprété par le grand Guy Marchand. J'aimais sa fantaisie, sa dégaine, son sens de l'humour et son rapport avec les femmes. le feuilleton est vraiment fidèle au roman de Léo Malet. J'ai eu cette curiosité de lire une de ses nombreuses aventures. Et je ne suis pas déçue. C'est riche en cadavres, en histoires loufoques avec beaucoup d'humour et d'absurdité. Il y a moult détails et quelques fois on s'y perd un peu. Mais la qualité d'écriture est un plaisir.
Voici le récit : Nestor Burma est contacté par Gérard Flavigny qui est un riche industriel. Son fils l'inquiete car il a de mauvaises fréquentations. Nestor va mener cette enquête de main de maître avec l'humour et l'élégance qu'on lui connaît. Je suis contente de cette expérience de lecture.

En ces temps là, les vedettes, à la Une des journaux et dans les conversations du Café du Commerce sont les "ennemis publics numéro Un" : celui du moment c'est Riton le Fada. Nestor Burma pense qu'il n'existe pas mais il va pourtant le rencontrer "en vrai".
Pour le moment le détective a rendez vous avec un client, un riche industriel. Et ça l'amuse un peu, Nestor parce que ce Faucigny a été son patron quand il était ouvrier.
Ce monsieur a deux enfants qui lui posent problème : ce sont des gosses de riche, il faut dire. le papa se doutait bien que les études de Droit de fiston l'amenaient plus dans les cafés qu'à la Fac, mais maintenant il y a une boite où circule la drogue et il semble accro : c'est plus dangereux.
Nestor continue à s'amuser : en fait on ne lui donne pas un travail de détective mais de nourrice sèche.
Il fait la connaissance de la soeur, d'un ami de la famille et décide de rencontrer le fils : mais là il ne s'amuse plus. le fils est mort, asphyxié. Accident, suicide, meurtre ? Ce n'est pas clair...Nestor se fait aider du médecin de famille pour aller prévenir le papa qui n'est pas en bonne santé.
Puis il se rend dans la boîte où il n'est pas bien reçu : il reçoit son coup sur la tête habituel et même beaucoup plus...
le lendemain Burma ne va pas bien et le médecin est mort...Cela fait deux. En fait trois, parce que Nestor avait déjà trouvé un cadavre en se promenant en attendant l'heure du rendez vous...
Et à partir de là, tout s'emballe...Des coups, encore des coups...Des cadavres, encore des cadavres...J'ai trouvé qu'il y en avait un peu trop par rapport au cahier des charges habituel...
Mais la construction est parfaite et le style égal à ce à quoi nous sommes habitués...

On sait que là où passe Nestor on trépasse pas mal mais dans cet opus de l'année 1948 (année propice au génie) il n'est pas loin de battre des records . Engagé par un grand patron (qui fut un temps le sien) pour résoudre une affaire de famille il va se trouver confronté de manière contondante à des loubards exotiques trafiquants de drogue et de chair humaine , à un truand mythique et médiatique et à des malfaisants de tout poil (photographe maître chanteur , avocat contrebandier par exemple) . Dans l'air du temps passent des relents nauséabonds de l'Occupation et les prémices de la future guerre d'Algérie.

éblouissant de noirceur et de maitrise. pour moi l'un des tout meilleurs nestor burma. le grand art de malet à son sommet.