Je te sais sur le bout des doigts
je pourrais réciter ton corps
par vive mémoire des effleurements
sur tant de douceurs visibles
ou secrètes
Mais pourrai-je jamais connaître
à fleur d'esprit et de propos
la surface et les cryptes
de tes pensées
que je caresse
autant que ta peau ?
p.13
L'étrave écume des mers
sans jamais engranger
les gerbes qu'elle crée
L'éclaboussement ne sert
que les jeux de la nef
sur l'eau de l'éphémère
Fends la foule des ondes
pour que jaillissent d'elles
la fièvre des limons
et coule, fraternel
dans les moissons
p.27
Quand les nuages
par vagues de vent
cachent le soleil
puis le dévoilent
la lumière bondit entre eux
reconquiert le bleu dénudé
possède l'avenir du ciel
N'avancent les clartés
que dans les soubresauts
de l'ombre
p.42
Nous n'appartenons pas aux apparences.
Baie de Somme.
Est-il de la terre
ou de la mer
Cet espace pris et perdu
sans fin
par l'une et l'autre
par basse terre
et marée haute ?
À chacune
autant de raisons
de le croire sien
chacune le sait à soi
chacune est soi-même
avec lui
chacune le veut le même
avec elle
chacune croit qu'il n'aime
qu'elle
chacune aime ce qu'elle est
grâce à lui
chacune en le prenant
l'oublie
Et lui n'aime
ni l'autre ni l'une
ni le sable, ni l'écume
il n'aime que le ciel
toujours le même
pour lui
p.39-40
Jamais
n'est pas le contraire
de toujours
dans la conquête
et l'abandon
des pensées
dans le désir
et le refus
des gestes
dans la durée
et l'éclair
des regards
dans l'accueil
et l'exil
des amours
dans le salut
et l'adieu
aux morts
Je le compris
quand toujours
fut absolu
comme plus jamais
par le flux inversé
du sablier
p.20-21
Léautaud parle de Maurice Barrès
Roger STEPHANE relate la découverte de
Paul LEAUTAUD dans le monde littéraire, après la Libération. Extrait des Entretiens radiophoniques avec
Robert MALLET sur des
photos de
LEAUTAUD; ce dernier y parle de
Maurice BARRES