Courte bande dessinée, mais augmentée d'un dossier conséquent.
À la base, un scénario jamais réalisé:
Fellini a conçu ce projet de film après "Juliette des esprits", en 1965, suite à la mort de son psychanalyste.
La dépression l'a amené à lâcher l'affaire... puis il y est revenu... puis il l'a abandonnée définitivement.
En 1992, le scénario remanié devient une bande dessinée grâce aux crayons de
Manara.
On retrouve l'atmosphère onirique et l'imagination de ses films. Des passages évoquent "Huit et demi", ou "Et vogue le navire". D'autres n'évoquent... RIEN, rien de rien, de mémoire cinéphilique. On reste simplement effaré devant de telles idées.
Une BD qui rappelle combien les liens entre cinéma et bande dessinée peuvent être fructueux.
Quand le cinéma va chercher la BD: si on regarde par exemple les collaborations de Resnais avec
Enki Bilal, puis Blutch. Resnais qui était paraît-il un grand fan de comics.
Ou même
Enki Bilal qui passe à la réalisation, tout comme Johann
Sfar,
Riad Sattouf,
Marjane Satrapi...
À l'inverse, la BD qui se nourrit du cinéma: par exemple Blutch inspiré par
Fellini et Lynch dans "Vitesse Moderne", par le film noir dans "Mitchum", par
Fellini encore, de manière littérale, dans "Péplum" (="Satyricon"). Quand il ne fait pas des BDs "pour en finir avec le cinéma".
Luz qui traite du tournage des "Désaxés" dans "Hollywood menteur".
Ou l'influence du "Cuirassé Potemkine" sur "
Feux" de
Lorenzo Mattotti (qui vient lui-même de sortir un film d'animation: "La Fameuse Invasion des ours en Sicile").
Pour revenir à Mastorna, on rêve beaucoup, à la lecture de l'album, du film qui aurait pu voir le jour. On se pose aussi la question des conditions de faisabilité d'un tel tournage. Pitch de départ: "Pris dans la tempête, un avion atterrit devant... Notre-Dame de Paris" (semble-t-il)